Le gouvernement ougandais et les rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) ont fait un pas de plus vers l’aboutissement des pourparlers de paix lorsque, tard dans la nuit du 29 au 30 juin, les deux parties sont parvenues à un accord sur les principes régissant la réconciliation et la responsabilité des crimes commis au cours du conflit qui sévit dans le nord de l’Ouganda.
L’accord, qui porte sur le troisième des cinq sujets à l’ordre du jour des pourparlers, prévoit à la fois le recours au système juridique formel et l’intervention des mécanismes traditionnels, comme Mato Oput, pour permettre la réconciliation, et garantir que les auteurs des crimes, commis par les deux camps opposés au cours de ce conflit qui dure depuis vingt ans, rendent compte de leurs actes.
Mato Oput est une forme élaborée de cérémonie de réconciliation, pratiquée par les Acholi, un peuple du nord de l’Ouganda qui compte parmi les communautés les plus touchées par la guerre.
Des cérémonies de réconciliation semblables sont organisées par diverses communautés ethniques aux quatre coins de la région frappée par le conflit, et toutes ces procédures seront régies par l’accord de responsabilité et de réconciliation.
« Cette question à l’ordre du jour était déterminante dans le cadre de ces pourparlers, et je suis heureux que nous ayons trouvé une issue positive », s’est félicité le capitaine Barigye Ba-Hoku, porte-parole de la délégation ougandaise. « Nous avons découvert que ni le système juridique habituel ni le système traditionnel ne suffisaient pour obliger les personnes concernées à répondre de crimes commis à une telle ampleur ».
Toutefois, bien qu’un accord ait été obtenu, les mandats d’arrêt en cours délivrés par la Cour pénale internationale restent un obstacle dans le cadre des pourparlers, a reconnu M. Barigye.
Les cinq sujets à l'ordre du jour des pourparlers | |
Cessation des hostilités et des rassemblements de la LRA dans des régions données du Soudan | |
Apport de solutions exhaustives au conflit, traitement des causes à l’origine du conflit | |
Responsabilité et réconciliation | |
Accord de cessez-le-feu | |
Démobilisation, désarmement, réintégration |
« Chaque personne ayant commis un crime devra rendre compte de ses actes individuellement et sera sanctionnée comme il se doit », a affirmé M. Barigye.
L’accord prévoit également des réparations, sous forme de réhabilitation, de restitution, de compensation, de garantie de non-récurrence, de présentation d’excuses, de construction de monuments commémoratifs et de commémorations.
L’accord tient également compte des « besoins spéciaux » des femmes, des filles et des enfants.
Les débats à ce sujet se sont déroulés sur près d’un mois, et Riek Machar, vice-président du gouvernement sud-soudanais et médiateur principal des pourparlers, a présidé à la signature de l’accord. S. P. Kagoda a signé au nom du gouvernement ougandais, tandis que Martin Ojul signait au nom de la délégation de la LRA.
Pour pouvoir régler définitivement la troisième question à l’ordre du jour, toutefois, les deux parties doivent à présent s’accorder sur les mécanismes de mise en œuvre de l’accord. Elles ont accepté de retourner dans leurs circonscriptions pour se concerter et reviendront à la table des négociations le 29 juillet, afin de finaliser le débat.
« Ce n’est encore que la première partie ; nous devons à présent débattre des modalités de la mise en application pratique de ces principes », a expliqué à IRIN Justin Labeja, de la LRA.
Depuis le mois d’août 2006, des pourparlers sont en cours à Juba, la capitale du Sud-Soudan, pour mettre fin à plus de 20 années d’hostilités qui ont dévasté le nord de l’Ouganda et déplacé plus d’un million d’habitants de la région.
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