Les promesses faites par le Président Lansana Conté aux soldats mutins pourraient ne pas être honorées, ont indiqué des hauts responsables du gouvernement guinéen.
« Trouver de l’argent afin de tenir les engagements qui ont été pris est notre principale préoccupation pour assurer la stabilité du pays », a déclaré vendredi dernier un haut fonctionnaire du gouvernement, sous le couvert de l’anonymat. « Nous nous demandons tous ce qu’il faut faire pour trouver rapidement de l’argent et payer les pensions de ces soldats ».
Pendant deux semaines, des soldats en colère ont pillé les villes et semé la terreur parmi la population pour manifester leur mécontentement vis-à-vis de la hiérarchie militaire.
Après le limogeage par le président Conté de certains officiers supérieurs très impopulaires et la promesse d’élever au grade supérieur des milliers de soldats, les mutins ont mis fin à leur mouvement et rejoint leurs casernes. Le président guinéen s’est également engagé à leur fournir de nouveaux uniformes et à résoudre le problème des 11 années d’arriérés de solde.
Ancien général de l’armée, M. Conté a accepté les revendications des mutins selon lesquelles l’Etat leur doit 311 milliards de francs guinéens (91,6 millions de dollars américain) d’arriérés de solde. En effet, l’armée a joué un rôle déterminant dans le maintien au pouvoir de M. Conte durant les semaines de manifestations populaires organisées en début d’année pour exiger le départ du président, après 24 années de règne.
Pour beaucoup de Guinéens, le Président a fait de fausses promesses et l’armée peut, à tout moment, se mutiner à nouveau.
« Il n’est pas sûr que cette affaire soit réglée », a dit Abdou Kader Bangura, un vendeur de cartes téléphoniques, à Conakry. « Je ne vois pas comment le gouvernement peut donner aux soldats tout ce qu’ils exigent ».
Selon le haut fonctionnaire avec lequel le correspondant d’IRIN s’est entretenu, le nouveau poids financier qui pèse sur le gouvernement survient à un moment où les recettes de l’Etat sont au plus bas.
La Guinée est pourtant un pays riche en métaux et minéraux précieux, mais depuis le mois de janvier, certaines compagnies minières internationales se montrent très prudentes vis-à-vis de ce pays en raison des grèves successives et de l’instabilité sociale qui ont paralysé ses activités économiques.
« Nous avons reçu des financements du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Union européenne (UE), mais cet argent est destiné à financer des infrastructures de base », a affirmé le haut fonctionnaire.
En décembre 2006, l’UE avait accepté de débloquer une aide financière d’un montant de 117 millions d’euros (158 millions de dollars) correspondant à la neuvième tranche du Fonds de développement européen. Le gouvernement guinéen s’était d’ailleurs engagé à consacrer une bonne partie de ce financement pour l’amélioration des infrastructures hydraulique et électrique du pays.
« Si cet argent doit être utilisé pour financer les promesses faites à l’armée, l’amélioration de ces services n’est pas pour demain », a indiqué le haut fonctionnaire.
Pour Alvin Hilaire, le représentant du FMI en Guinée, il ne peut pour l’instant savoir si le gouvernement pourra tenir ses nouveaux engagements vis-à-vis des soldats.
« Le président Conte a dit que leurs revendications seront prises en compte, mais nous attendons de connaître les chiffres pour savoir quel impact ils auront sur la situation fiscale du pays », a-t-il souligné.
L’économie de la Guinée est devenue « extrêmement fragile », a ajouté M. Hilaire. « La croissance a été faible l’année dernière et la grève a entraîné un ralentissement de l’activité économique …. J’aimerais savoir quelles sont les intentions du gouvernement, mais celles-ci devront être très bien analysées ».
Selon M. Hilaire, une réunion est prévue cette semaine à Conakry entre les bailleurs de fonds et le gouvernement guinéen. « Il ne s’agit pas uniquement de déterminer le montant qui sera versé [aux soldats], il faut également en fixer les modalités, a-t-il conclu.
dh/nr/ads
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions