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Le Soudan accepte un soutien limité de l'ONU

Après des mois de tergiversation, le Soudan a accepté le principe du soutien renforcé de l’opération montée conjointement par les Nations Unies (ONU) et l’Union Africaine (UA) pour le maintien de la paix au Darfour.

L’annonce faite par les autorités soudanaises a été accueillie avec prudence par la communauté internationale, mais l’ONU et l’UA reconnaissent que la mise en place de l’opération ne fait que commencer.

« La phase du soutien renforcé, comme son nom l’indique, n’est pas la force robuste dont le Darfour a besoin », a déclaré à la presse Jean-Marie Guehenno, le responsable des opérations de maintien de la paix de l’ONU, après avoir rencontré cette semaine Alpha Oumar Konaré, le président de l’UA.

« Il s’agit d’un soutien pour jeter la base d’une force plus robuste », a-t-il ajouté.

Forte seulement de 7 000 soldats, la Mission de l’Union africaine au Soudan (AMIS) déployée dans la région est en sous-effectif et sous-financée. En conséquence, il faudra renforcer impérativement la sécurité des travailleurs humanitaires et des déplacés internes dans les camps.

Les forces de l’AMIS, qui ont elles-mêmes été attaquées en avril par des inconnus armés, ont déjà perdu sept soldats. L’UA prévoit deux bataillons de sécurité pour assurer la protection des troupes déjà présentes sur le terrain et des éléments qui y seront déployés dans le cadre du soutien renforcé.

« Cela sera très important pour la phase de soutien renforcé, compte tenu de la détérioration de la situation dans plusieurs régions du Darfour. En effet, ces types d’opérations d’appui [et] de mise à disposition de ressources, y compris de personnel civil, doivent être entourés d’une sécurité », a conclu M. Guehenno.

Le soutien renforcé est la deuxième phase d’une opération qui en compte trois, la première phase étant le soutien léger (Light Support package, en anglais), suivi du soutien renforcé, et de la constitution de la force hybride UA-ONU, cette opération visant essentiellement à soutenir l’action des forces de l’AMIS.

L’annonce faite mardi par les autorités soudanaises va permettre à l’ONU de poursuivre la planification de la phase du soutien renforcé (dont le montant est estimée à 289,9 millions de dollars), afin d’assurer le déploiement de nouveaux contingents dans les prochains mois.

Soutien renforcé

Cette phase comprendra des unités de signalisation et de communication, ainsi que des logisticiens qui font partie des 2 250 personnels militaires devant être déployés sur le terrain. Aucune troupe d’infanterie ne sera déployée, mais des pilotes d’hélicoptère et du personnel d’appui tactique feront partie des troupes mobilisées pour la phase de soutien renforcé.

L’ONU consulte actuellement les pays contributeurs de troupes pour identifier les Etats qui sont prêts à envoyer des contingents au Darfour.

« Les troupes doivent être composées majoritairement d’Africains », a dit M. Konaré. « Si cela n’est pas possible, nous rechercherons, avec l’aval du gouvernement soudanais, d’autres contingents à l’extérieur du continent ».

Un contingent de 301 agents de police sera déployé avec 1 136 personnels civils. Ils seront affectés à des activités relevant, entre autres, des droits de l’homme, des affaires humanitaires et de la logistique civile. Quant au personnel international, il ne sera composé que de 150 travailleurs civils.

Tous les personnels travaillant dans le cadre des deux premières phases (soutien léger et soutien renforcé) porteront des bérets bleus et un brassard vert, a indiqué M. Jinnit, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA. Le bleu et le vert étant les couleurs respectives de l’ONU et de l’UA.

« Bien entendu, lorsque nous en serons au stade de la constitution de la force hybride, ce sera une toute autre histoire », a-t-il ajouté.

Estimée à 21 millions de dollars, la phase du soutien léger est presque achevée dans ses composantes logistique, personnel, matériel, et aide humanitaire. Selon un représentant de l’ONU, la majorité du personnel a été recrutée ou identifiée (105 spécialistes militaires et 30 agents de police).

Toutefois, il reste encore bien d’autres tâches à accomplir dans les prochains mois pour garantir le succès de la mission actuelle de l’UA et des opérations de soutien proposées par l’ONU.

L’objectif est de soulager les troupes de l’AMIS, afin qu’elles puissent remplir leur mandat, ont fait remarquer des représentants de l’ONU, et ce soutien doit être apporté le plus tôt possible.

Financement

Le déploiement sur le terrain de deux bataillons de sécurité de l’AMIS nécessite une aide financière urgente, a indiqué M. Jinnit. En effet, le déploiement de six bataillons de sécurité avait été voté septembre 2006, mais, en l’absence de financement, cela n’a pu se faire.

« Soyons honnêtes. Sans une aide financière soutenue, nous ne pourrons pas remplir notre mission comme nous l’aurions souhaité. En effet, comment voulez-vous que des pays acceptent d’envoyer des contingents lorsqu’ils se rendent compte que les troupes qu’ils ont dépêchées ne s’en sortent pas financièrement ? », a dit M. Konaré, exaspéré, à des journalistes.

L’annonce faite mardi par les autorités soudanaises intervient après plusieurs mois de désaccord sur les propositions en faveur du renforcement des opérations de maintien de la paix dans la région. La poursuite de la coopération est donc essentielle pour assurer le succès des opérations au Darfour.

Ainsi, pour pouvoir accueillir d’autres personnels et des troupes supplémentaires, le gouvernement soudanais devra mettre à la disposition de la communauté internationale des terrains et des ressources en eau pour la construction des camps.

A New-York, les diplomates sont optimistes et pensent que la transition de la phase soutien léger à la phase soutien renforcé débouchera sur la constitution d’une force hybride de 20 000 hommes, une phase qui, pour les autorités soudanaise, reste la plus controversée du plan de paix.

« On ne sait jamais ; c’est la situation actuelle qui nous préoccupe », a dit Baile Ikouebe, ambassadeur du Congo auprès de l’ONU. « S’il nous faut encore attendre six mois avant de procéder au déploiement de la force hybride, il sera impossible de savoir entre temps ce qui se passera sur le terrain. Mais nous avons déjà franchi une étape ».



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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