Les gays et lesbiennes d’Irak, ainsi que les organisations non gouvernementales de défense des droits des homosexuels, ont demandé que le gouvernement prenne des mesures urgentes pour protéger leur communauté.
Selon plusieurs ONG, le nombre de victimes de la « chasse aux homosexuels » augmentent quotidiennement.
« Au cours des trois derniers mois, plus de 30 gays ont été exécutés à Bagdad. Les corps retrouvés présentaient des signes de torture, de mutilation – et parfois de viol », a indiqué Mustafa Salim, porte-parole de l’association Rainbow for Life Organisation (RLO), une ONG de défense des droits des gays.
« Des notes retrouvées près de certains corps contenaient un message indiquant que la mort était le sort réservé à tout musulman qui reniait l’Islam », a ajouté Salim.
La RLO a été créée en 2005 et, depuis, l’association a enregistré plus de 230 cas de violations des droits des gays et lesbiennes, dont plus de 64 exécutions, les trois derniers mois ayant été les plus meurtriers.
« La communauté gay continue d’être l’objet d’attaques systématiques de la part des miliciens chiites, notamment ceux de l’armée du mahadi contrôlée par le leader religieux Moqtada al-Sadr. Le gouvernement irakien a refusé d’assurer la protection des homosexuels », a-t-il ajouté.
Dans une interview qu’il a accordée, Ali Hassany, un membre de l’armée du mahadi, a indiqué que les gays et les lesbiennes d’Irak seraient pris pour cible par la milice.
« Ils méritent la mort. Ces gens posent un problème à notre société. Si leur famille n’est pas en mesure de les tuer de leurs propres mains, alors nous le ferons à leur place », a fait remarquer Hassany.
Pour des raisons de sécurité, la RLO préfère adopter un profil bas. L’adresse des bureaux de l’ONG est inconnue et cette dernière entretient des contacts clandestins avec des victimes et des volontaires.
« Quatre de nos volontaires ont été tués depuis 2005, nous recevons de nombreuses menaces de mort, mais nous continuerons d’aider cette communauté. Il n’y a personne pour leur venir en aide et le gouvernement les considère comme des victimes des violences quotidiennes et non pas comme des cibles », a ajouté Salim.
En effet, le ministère irakien de l’Intérieur dément que la communauté homosexuelle soit la cible de violentes attaques, estimant que le problème est général et relève plutôt de la violence sectaire.
« Tous les Irakiens peuvent être victimes de violence. Nous ne pouvons pas assurer la protection d’un groupe particulier car la situation est difficile pour tous les Irakiens. En outre, nous ne pouvons confirmer que le fait d’être gays ou lesbiennes les désignent comme des cibles potentielles », a affirmé le lieutenant colonel Hussein Jaboury du ministère de l’Intérieur.
La Mission d’assistance des Nations Unies en Irak (UNAMI), en revanche, a bien confirmé que les membres de la communauté gay et lesbienne étaient la cible des attaques des miliciens.
« Il y a des groupes islamiques armés et des miliciens connus tout particulièrement pour leur hostilité envers les homosexuels et qui mènent fréquemment et ouvertement des campagnes de répression contre eux », a dit un rapport de l’UNAMI rendu public en janvier.
« Il y a eu beaucoup d’assassinats d’homosexuels en Irak. Nous avons également été informés de l’existence de tribunaux islamiques, présidés par des chefs religieux, devant lesquels des homosexuels sont traduits et condamnés à mort puis exécutés », a précisé le rapport.
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