La communauté internationale tarde à financer les opérations humanitaires au Tchad et sous-estime la gravité de la crise, a déploré John Holmes, le nouveau coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies.
Selon l’ancien diplomate britannique, au moins 140 000 déplacés Tchadiens et 235 000 réfugiés soudanais vivent actuellement dans la région aride de l’est du Tchad, alors que les organisations non gouvernementales (ONG) et les agences des Nations Unies éprouvent d’énormes difficultés à leur venir en aide en raison de combats qui s’y déroulent et des attaques dont elles sont l’objet
« Je suis très inquiet de la situation et la communauté internationale…sous-estime peut-être la gravité de la situation » a-t-il déclaré mercredi au cours d’une conférence de presse donnée à N’djamena, la capitale.
« Les besoins sont énormes et augmentent chaque jour », a-t-il ajouté, tout en soulignant que la communauté internationale n’avait versé que 40 millions de dollars américains sur les 173 millions de dollars sollicités pour continuer à distribuer une aide alimentaire, de l’eau et des tentes aux déplacés et réfugiés de la région est du Tchad.
Rejetant l’idée selon laquelle les violences perpétrées par des groupes arabes et noirs africains, aidés probablement par les milices janjawid du Soudan, ciblaient d’autres groupes ethniques de la région et constituaient un génocide, M. Holmes a affirmé qu’il ne fallait pas attendre de mettre fin aux combats pour améliorer la situation humanitaire.
« Le problème fondamental est celui de l’insécurité, tant pour la population que pour les acteurs humanitaires, car elle menace la poursuite des opérations humanitaires », a-t-il ajouté.
M. Holmes, qui effectue une tournée dans trois pays, le Soudan, le Tchad, puis la Centrafrique (sa première depuis sa nomination au poste de Coordonnateur des secours d’urgence), a usé de toute son influence pour tenter de trouver une solution politique à la crise.
« L’effort humanitaire ne peut pas continuer indéfiniment. Une solution humanitaire n’est pas une solution », a-t-il insisté.
« Ce dont nous avons besoin c’est une solution politique au Darfour, parce que le problème du Darfour est antérieur à celui du Tchad, mais aussi une solution politique ici, au Tchad, et entre les deux pays », a-t-il dit, en précisant que la communauté internationale « était prête » à soutenir cette solution.
Le mois dernier, le Conseil de sécurité des Nations Unies avait voté une résolution préconisant le déploiement d’une force de maintien de la paix au Tchad pour protéger les populations civiles et assurer la sécurité aux frontières jusqu’à la fin des combats.
Les Nations Unies ont essuyé un refus presque catégorique de la part des autorités tchadiennes qui ont fait savoir, qu’en dehors d’une police civile, elles n’accepteraient aucune présence militaire sur leur territoire.
Toutefois, après sa rencontre avec le Premier ministre tchadien Nouradine Delwa Kassiré Koumakoye, M. Holmes s’est montré optimiste.
« Les discussions continuent avec le gouvernement du Tchad et j’espère qu’on va arriver à un résultat positif », a-t-il conclu.
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