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Les violences sexuelles méritent plus d'attention - Amnesty

Il y a cinq ans, un groupe de combattants est entré dans le village d’Alice Bébo. Après avoir mis le feu au village, ils ont ordonné aux femmes et aux jeunes filles de choisir : être violées ou mourir.

« J’avais 14 ans en ce temps-là », s’est souvenue la jeune fille.

Selon une association internationale de défense de droits de l’homme, le récit d’Alice est l’une de ces nombreuses histoires de violences sexuelles qui ont émaillé le long conflit en Côte d’Ivoire.

Bien que la courte guerre civile du pays ait pris fin officiellement il y a près de cinq ans et qu’un accord de paix ait été signé, la Côte d’Ivoire est encore coupée en deux entre le sud, loyaliste, et le nord, aux mains de la rébellion.
D’après des enquêteurs des droits de l’homme et travailleurs humanitaires, l’insécurité reste un sérieux problème, en particulier dans la région ouest, le long de la frontière avec le Libéria, où se trouve la ville de Duekoué.

« Le viol et les autres formes de violence sexuelle ont largement été utilisés avec une telle impunité qu’on ne peut que conclure que les forces de sécurité du gouvernement et les groupes armés rebelles ont intégré ces délits dans leur stratégie délibérée de répandre la peur au sein de la population civile », a indiqué Véronique Aubert, directrice adjointe de l’organisation britannique Amnesty International, dans une déclaration rendue publique jeudi.

Cette déclaration coïncide avec la publication du rapport d’Amnesty ‘Côte d’Ivoire: Targeting women - the forgotten victims of conflict’ (Côte d’Ivoire : les femmes en ligne de mire – les victimes oubliées du conflit).

Selon Amnesty, les pires violences faites aux femmes ont été commises par des mercenaires du Liberia liés à des groupes rebelles de l’ouest de la Côte d’Ivoire. Plusieurs femmes interrogées par Amnesty ont dit qu’elles avaient été attaquées par des combattants qui s’exprimaient en anglais, une langue parlée au Liberia.

Thérèse Kouadio, une commerçante de Duekoué, a confié à IRIN que trois mois après le déclenchement de la crise de 2002, elle a quitté Bouaké avec une douzaine de personnes en empruntant les sentiers de la brousse.

« Malheureusement, nous sommes tombés sur un groupe d’assaillants », a indiqué Mme Kouadio, 47 ans. « Ils ont demandé aux femmes de se déshabiller. Par peur, nous avons conseillé aux unes et aux autres de s’exécuter. Ma fille était vierge. Ils l’ont traînée à 20 mètres de moi avec une autre jeune fille d’à peu près 17 ans et les ont violées sous la menace d’une arme ».

« Ils ont forcé les plus jeunes d’entre nous à se soumettre à eux. Lorsque nous sommes arrivées à Abidjan, ma fille a eu des douleurs au bas-ventre pendant deux semaines. Il a fallu l’hospitaliser pour la sauver », a raconté Mme Kouadio.

Bien que les combats aient cessé, a expliqué Amnesty, beaucoup de femmes et de jeunes filles sont encore victimes de viols en réunion ou sont prises en otage par des combattants et contraintes d’être leurs esclaves sexuels. Les bastonnades et les actes de torture accompagnent souvent les viols commis généralement en public et devant les membres de la famille, a fait remarquer Amnesty.

« A notre connaissance, aucun auteur de ces crimes n’a été traduit devant une juridiction », a indiqué Mme Aubert.

Les victimes sont généralement abandonnées par leur partenaire ou leur famille et contraintes de vivre dans une extrême pauvreté avec des enfants à charge.

Amnesty a donc recommandé l’ouverture d’enquêtes sur les violences sexuelles et la poursuite des auteurs de ces crimes, ainsi qu’une indemnisation convenable des victimes.

« Les viols et autres formes de violences sexuelles commis par les combattants ou miliciens pendant un conflit armé… sont des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre selon le code pénal international, et devraient être traités comme tels », a souligné Mme Aubert. « L’élimination de la violence sexuelle doit être une priorité dans tout plan pour une solution pacifique à la crise en Côte d’Ivoire ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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