Les travailleurs sanitaires à Malakal, capitale de l’Etat du Haut-Nil dans le sud du Soudan, se battent sans moyens contre l’ignorance et la stigmatisation qui empêchent les personnes séropositives d’avoir accès à des services VIH/SIDA.
En dépit de la présence d’un centre de dépistage volontaire du VIH (CDV) dans la ville, peu de gens ont des connaissances suffisantes sur l’épidémie pour en profiter.
Regina John, 18 ans, qui travaille dans le magasin d’alimentation de sa mère, ne savait pas que ce CDV, géré par le gouvernement, existait, alors qu’il se trouve à 100 mètres à peine du pas de sa porte.
«Je ne sais pas où les gens vont se faire dépister pour le VIH/SIDA», a dit la jeune fille. «J’ai entendu parler du sida à la radio et par des gens qui en discutaient, mais je ne sais pas comment on l’attrape et d’où cela vient.»
Une étude financée par le Programme national de lutte contre le sida et les Nations unies en 2005 a révélé que moins de 10 pour cent des jeunes Soudanais savaient comment se protéger du VIH et ce qu’était un préservatif.
Le docteur Onuar Obathur, directeur de la médecine préventive à Malakal, a dit à IRIN/PlusNews que peu de gens en ville étaient candidats au dépistage du VIH.
«La stigmatisation autour de la maladie est très forte, les gens refusent de venir se faire dépister», a dit le docteur Obathur. «Ils pensent que si on découvre qu’ils sont séropositifs, l’information circulera partout et que ce sera difficile pour eux de continuer à vivre dans la communauté.»
Le Soudan a un taux de prévalence du VIH relativement bas, estimé à 1,6 pour cent fin 2003, selon le Programme commun des Nations unies sur le sida (Onusida), mais ce taux pourrait être beaucoup plus élevé dans le sud du pays, et il y a des craintes que la mobilité de plus en plus importante des populations n’aide l’épidémie à se propager rapidement, les deux décennies de guerre civile qu’a connu le Sud Soudan ayant pris fin en 2005.
«Jusqu’à maintenant, nous avons enregistré 22 personnes infectées au VIH. Parmi elles, 11 sont éligibles à un traitement [antirétroviral, ARV] mais une seule personne bénéficie de ces médicaments, les autres ont disparu et nous n’avons aucun moyen de les retrouver», a dit le docteur Obathur.
Le CDV de Malakal peut fournir des ARV, mais le manque d’information sur l’existence de ce service fait que peu de gens l’utilisent.
James Thubo, le ministre de la Santé de l’Etat du Haut-Nil, a estimé que la sensibilisation des communautés locales était une priorité.
«Le VIH/SIDA n’est pas pire que la guerre que la SPLA [Armée populaire de libération du Soudan, un ancien mouvement rebelle] a livrée auparavant», a-t-il dit. «C’est notre devoir maintenant de lutter contre cette maladie, sinon elle menace vraiment nos populations.»
Bien que le gouvernement, tout comme les bailleurs de fonds, aient reconnu que le VIH nécessitait une réponse précoce et significative pour empêcher sa propagation, les efforts à Malakal ont été freinés par un manque de moyens.
«J’ai pensé à organiser un atelier pour les travailleurs communautaires et sanitaires sur la sensibilisation sur le VIH/SIDA», a dit le docteur Obathur. «Mais nous n’avons aucun budget pour le faire.»
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