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La levée de l'embargo sur les armes, un décision dangereuse pour les tribunaux islamiques

La décision du Conseil de sécurité des Nations Unies (ONU) de lever l’embargo sur les armes contre la Somalie a vivement été critiquée par l’Union des tribunaux islamiques qui craint un accroissement de l’instabilité dans le pays. Toutefois, cette mesure devrait permettre le déploiement d’une force de paix africaine chargée d’assurer la sécurité des institutions fédérales de transition.

« Cette décision est inopportune », a déclaré Ibrahim Hassan Adow, le secrétaire de l’Union des tribunaux islamiques pour les Affaires étrangères. « Elle ne fera qu’accroître l’instabilité dans le pays. »

Les tribunaux islamiques, qui contrôlent une bonne partie du sud et du centre de la Somalie, ont prévenu les Etats africains que toute participation à cette force de paix sera considérée comme une déclaration de guerre ou un acte d’agression contre la Somalie.

Le Conseil de sécurité a autorisé mercredi la création par les pays africains d’une force de paix en Somalie. Cette force sera constituée de contingents militaires fournis par l’Autorité intergouvernementale de développement (Igad) qui regroupe le Kenya, l'Ouganda, le Soudan, Djibouti, l'Ethiopie, l'Erythrée et le gouvernement de transition de Somalie.

La résolution prévoit notamment l’envoi de 8 000 hommes de l’Igasom, la mission de maintien de la paix de l’Igad en Somalie. Elle disposera d’un mandat de six mois et sera chargée de protéger le fragile gouvernement somalien. Toutefois, aucune troupe des pays limitrophes de la Somalie ne prendra part à cette opération.

L’Igasom devra protéger les membres des institutions fédérales de transition et du gouvernement, former les forces de sécurité gouvernementales, rétablir les forces de défense nationales et veiller à la sécurité dans Baïdoa, ville où est installé le gouvernement de transition du pays. En outre, l’Igasom suivra l’évolution des pourparlers entre le gouvernement somalien et les tribunaux islamiques et assurera la libre circulation et la sécurité de toutes les personnes impliquées dans les négociations.

Pour Ibrahim Hassan Adow, ceux qui ont fait adopter cette résolution ne souhaitent pas la paix et la stabilité en Somalie.

Selon l’analyste international Matt Bryden, la résolution finale du Conseil de sécurité est meilleure que le « projet de résolution présenté par les Etats-Unis. Toutefois, au stade où en est le processus de paix, l’adoption de la résolution sur la Somalie pourrait plutôt faire pencher la balance vers la guerre que vers la paix. »

Quant au gouvernement somalien, il a favorablement accueilli la résolution et a appelé au déploiement rapide des forces de maintien de la paix.

« Nous nous félicitons de l’adoption de cette résolution. C’est important pour la Somalie. Elle contribuera à instaurer la paix et la stabilité dans le pays », a souligné le ministre de l’Information Ali Jama Jangali. « Nous espérons que la résolution sera appliquée à la lettre. »

« L’adoption de la résolution intervient au mauvais moment et elle ne favorise pas la poursuite du dialogue entre les deux parties », a déclaré M. Muhammad Nur Ga'al, directeur adjoint de la Civil Society in Action, une coalition de groupes de la société civile.

Selon lui, les groupes de la société civile se concertent actuellement et feront connaître leur position plus tard. Toutefois, a-t-il précisé, « l’envoi de forces étrangères ne fera qu’aggraver la situation et l’ONU aurait dû exercer une pression sur les deux parties pour les obliger à poursuivre les pourparlers de paix de Khartoum. »

Des représentants des tribunaux islamiques et du gouvernement de transition s’étaient rencontrés à Khartoum, la capitale soudanaise, mais n’étaient pas parvenus à conclure un accord de paix définitif.

L’Ouganda, qui est membre de l’Igad, a entre temps fait savoir qu’il enverra des troupes en Somalie et qu’il est prêt à se conformer au texte de la résolution.

« Il y a longtemps que nous [Forces de défense populaires de l’Ouganda] avions pris la décision d’envoyer des troupes en Somalie, mais nous attendions que le feu vert de l’ONU, a confié à IRIN le Major Félix Kulaigye, porte-parole des Forces de défense populaires de l’Ouganda (UDFP).

« Un bataillon, formé aux opérations de maintien de la paix, est prêt depuis l’année dernière », a-t-il ajouté. « Nous pouvons désormais mettre en route nos procédures internes, notamment solliciter l’approbation du parlement pour l’envoi de nos troupes à l’étranger. Le ministre de la Défense devrait très prochainement présenter une demande d’autorisation devant le parlement. »

Mais pour nombre d’observateurs, le déploiement de cette force, s’il devait avoir lieu, n’est pas pour demain.

« Si les troupes des pays limitrophes de la Somalie sont exclues de l’opération, de quels pays viendront les autres contingents, puisque jusqu’à présent, seul l’Ouganda a promis d’envoyer des troupes », s’est demandé l’un des observateurs.

De même, il faudra régler le problème du financement de l’opération. « A mon avis, le déploiement des forces de l’ Igasom n’est pas pour demain », a-t-il ajouté.

Le gouvernement de transition de Somalie a été installé fin 2004 à Nairobi pour tenter de ramener la paix et la sécurité dans ce pays de la Corne de l’Afrique qui n’était plus dirigé depuis près de 16 ans.

En juin 2006, les miliciens des tribunaux islamiques ont combattu les Seigneurs de guerre qui contrôlaient le pays depuis 1991, après le renversement du régime du défunt Président Muhammad Siyad Barre.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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