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L’hôpital pédiatrique de Conakry déplore l'augmentation des cas de malnutrition infantile

Les enfants se retrouvent parfois à deux dans le même lit, dans les chambres sombres et mal aérées de l’unique hôpital pédiatrique de Conakry, qui accueille actuellement deux fois plus d’enfants souffrants de malnutrition qu’il y a trois ans.

Selon les dernières données trimestrielles, l’Institut de nutrition et de santé de l’enfant du centre hospitalier universitaire de Donka a accueilli 623 enfants malnutris, entre janvier et septembre 2006.

Sur l’ensemble de l’année 2005, 601 cas d’enfants atteints de malnutrition ont été hospitalisés à l’Institut, soit près de 150 nouveaux cas par rapport à 2004 et plus de 300 par rapport à 2003. D’après le personnel de santé de l’hôpital, plus de 800 cas devraient être répertoriés d’ici la fin de l’année 2006.

L’Institut de nutrition et de santé de l’enfant de Donka est l’unique hôpital pédiatrique de Conakry et le plus grand service de santé spécialisé du pays.

Les registres de l’hôpital, que le correspondant d’IRIN a pu consulter vendredi dernier, ne font pas de distinction entre les cas de malnutrition sévère et aiguë. Ces deux formes de malnutrition entraînent une perte de poids soudaine, voire la mort, si elles ne sont pas rapidement soignées grâce à une alimentation adaptée. Même si l’enfant prend du poids, il peut souffrir de séquelles physiques et mentales pour le restant de sa vie.

« De toute évidence, il y a beaucoup d’enfants atteints de malnutrition à Conakry qui ne sont pas pris en charge », a regretté une nutritionniste, alors qu’elle calculait le nombre d’enfants reçus chaque mois et enregistrés dans de vieux registres de l’Institut de Donka.

Contrairement à certains pays limitrophes, la Guinée possède d’immenses ressources minérales, dispose d’une terre fertile et ne souffre pas de pénurie d’eau de surface.

Cependant, des décennies de mauvaise gestion financière ont ravagé l’économie guinéenne et l’élite du pays a systématiquement détourné à son profit les quelques bénéfices réalisés par le pays, ont rappelé les bailleurs de fonds. Bien que la Guinée possède de vastes terres agricoles et des régions très arrosées, propices à la riziculture, le riz consommé par la population est généralement importé de l’étranger.

« Nous recevons de plus en plus d’enfants souffrants de malnutrition sévère », a confirmé le docteur Mamadou Cellou Baldé, directeur de l’Institut.

« Depuis 2003, le nombre d’enfants malnutris a considérablement augmenté », a-t-il ajouté.

La pauvreté, principale cause de la malnutrition infantile

Salimatou Camara, un homme d’une trentaine d’années au visage émacié, est vendeur ambulant de café et de matériels électroniques à Conakry. Mercredi dernier, il s’est rendu à l’Institut de nutrition et de santé de l’enfant de Donka avec sa femme et sa petite fille Fatima, un bébé de 23 mois dont le ventre commençait à gonfler, un des symptômes classiques de malnutrition sévère.

Salimatour Camara et la plupart des parents présents à l’hôpital de Donka interrogés par IRIN ont expliqué que l’inflation les avait contraints à réduire d’un tiers leurs rations de riz, l’aliment de base des familles guinéennes qui, en général, n’ont pas les moyens d’acheter du poulet, du poisson ou des légumes.

Ce n’est que lorsque les enfants pleurent de faim que les adultes partagent avec eux leur repas pour souffrir à leur tour de faim.

« Toute la famille fait des sacrifices. Ma femme ne me demande plus de lui rapporter certains produits car elle sait que cela est devenu impossible », a confié M. Camara.

En Guinée, l’inflation a progressé de 30 pour cent au cours des deux dernières années, le prix du carburant a, quant à lui, grimpé de 288 pour cent et le chômage a même augmenté au sein de la minorité fortunée et instruite.

Le personnel de santé de l’Institut reconnaît que la hausse des prix empêche les parents de varier l’alimentation de leurs enfants. Par ailleurs, le manque d’instruction fait que beaucoup de parents ignorent qu’il est très important de donner une alimentation variée à leurs enfants et qu’il ne sert à rien de leur proposer uniquement des repas à base de céréales comme le riz.

La Guinée manque d’écoles et les parents n’ont souvent pas suffisamment d’argent pour payer les frais de scolarité ou les uniformes de leurs enfants ; ce qui explique que 70 pour cent de la population ne sait ni lire ni écrire, selon les statistiques des Nations unies.

« Très souvent, les parents ne varient pas l’alimentation de leurs enfants, ou le font trop tard. La plupart des mères allaitent leurs bébés jusqu’à l’âge de six mois et tardent ainsi à diversifier l’alimentation de l’enfant », a expliqué le docteur Baldé.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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