« C’est une crise qui empêche tout développement humain et qui contraint de larges segments de la population mondiale à vivre dans la pauvreté, la vulnérabilité et l’insécurité », souligne le rapport sur le développement humain 2006 intitulé 'Au-delà de la famine : pouvoir pauvreté et la crise mondiale de l’eau'.
« La crise de l'eau et de l'assainissement tue plus de personnes que les guerres en Afrique de l'Ouest », ajoute le rapport.
Le rapport révèle qu’en Afrique subsaharienne, la crise de l’eau et de l’assainissement réduit de près de cinq pour cent le produit intérieur brut (PIB) annuel, soit bien plus que l’aide que perçoit la région. Toujours selon le rapport, le faible accès à l’eau potable et la quasi-absence de systèmes d’assainissement seraient également responsable de la déscolarisation de beaucoup de jeunes filles de la région.
Près 1,8 million d’enfants dans le monde meurent de diarrhée, ce qui aurait pu être évité en ayant accès à l’eau potable et à des toilettes, et près 50 pour cent de la population des pays en développement souffrent à un moment ou à un autre de maladies liées à ces mauvaises conditions d’hygiène.
Le cas le plus édifiant en Afrique est celui de la Guinée Equatoriale, troisième pays africain producteur de pétrole brut. Malgré une augmentation de son PIB de 16 pour cent, 57 pour cent de sa population n’a toujours pas accès à l’eau potable, selon le Fonds monétaire international (FMI). Parmi les pays les moins bien classés on note également le Niger, le Mali, la Sierra Leone, la Guinée Bissau et le Burkina Faso.
Tous ces pays figurent en queue de peloton de l’index du rapport sur le développement humain qui analyse entre autres indicateurs, l’éducation, l’espérance de vie et le PIB.
Au Niger – bon dernier sur la liste de l’indice de développement humain, 54 pour cent de la population n’a pas accès à l’eau potable et le problème est devenu une urgence nationale, selon Charles Mampusu, directeur pays d’Oxfam.
« Les gens ont tellement besoin d’eau, qu’après chaque averse, ils sortent récupérer les eaux de pluie stagnantes », a-t-il expliqué avant d’ajouter que l’absence de précipitation est aussi au cœur des problèmes de sécurité alimentaire et de malnutrition que connaît ce pays.
« La saison des pluies ne dure que trois mois et chaque année, le mil [un des aliments de base du Niger] vient à manquer », a déploré M. Mampusu.
Selon les auteurs du rapport, cette crise peut être surmontée puisqu’il y a assez d’eau dans le monde pour couvrir les besoins en matière de consommation, d’agriculture et d’industrie. « Ces crises et contraintes sur l’environnement ne sont pas le reflet d’une pénurie absolue. Elles sont plutôt le résultat de choix politiques inadaptés », souligne le rapport.
Comme solution à la crise, les auteurs du rapport exhortent les pays du G8 à élaborer un nouveau plan d’action mondial « afin de concentrer les efforts internationaux épars visant à mobiliser des ressources et à dynamiser l'action politique, de sorte que l’on mette la question de l'eau et de l'assainissement au cœur des priorités et préoccupations du développement ».
Dix milliards de dollars seront nécessaires pour atteindre cet objectif du millénaire pour le développement (OMD), une somme représentant moins de cinq jours de dépenses militaires mondiales, et la moitié des dépenses annuelles en eau minérale des pays riches, note le rapport.
« En ce qui concerne l’eau et l’assainissement, le monde souffre d’un excédent de conférences et d’un manque d’action crédible. Soit nous entreprenons maintenant une action concertée afin de fournir l'eau potable et un dispositif d'assainissement aux pauvres de la planète, soit nous réduisons des millions d’individus à une vie marquée par une pauvreté évitable, un mauvais état de santé et des chances de réussite réduites », a fait remarquer Kevin Watkins, rédacteur en chef du Rapport mondial sur le développement humain 2006.
« Il est de notre responsabilité collective de réussir », a-t-il conclu.
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