Compte tenu des conditions climatiques extrêmes qui menacent la production agricole, un grand nombre d’Africains risquent d’être confrontés à de graves problèmes d’insécurité alimentaire, a indiqué une nouvelle étude sur les changements climatiques en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique.
Selon Mario Herrero, co-auteur du rapport intitulé « Cartographier la vulnérabilité au climat et la pauvreté en Afrique », les paysans auront besoin d’aide afin de s’adapter aux fréquentes sécheresses et inondations qui devraient frapper les régions arides et semi-arides du continent au cours des prochaines années.
S’exprimant lors de la Conférence cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui se tient à Nairobi, au Kenya, du 6 au 17 novembre, M. Herrero a déclaré que les petits exploitants agricoles étaient les plus vulnérables au changement climatique.
« L’Afrique semble être le continent le plus exposé au changement climatique et, de manière générale, le moins armé pour faire face et s’adapter au réchauffement climatique. Et pourtant son niveau d’émission de gaz à effet de serre par habitant est le plus faible de la planète », a-t-il indiqué.
Le changement climatique et les variations des précipitations auront également des répercussions sur les systèmes de culture et d’élevage du Rwanda et du Burundi, a précisé le rapport commandé par le Département britannique pour le développement international (DFID).
« Un paysan ne comprend peut-être pas bien ce qu’est le changement climatique. En revanche, il se rend bien compte que la saison des pluies n’est pas aussi régulière qu’autrefois et qu’il est de plus en plus difficile de savoir à quelle période il doit planter ses semences », a dit Beneah Daniel Odhiambo, professeur de géographie à l’Université Moi de Nairobi.
« En conséquence, les récoltes sont moins bonnes qu’auparavant et de nombreuses régions d’Afrique sont confrontées à la famine. En outre, les longues périodes de sécheresse contraignent les populations à migrer vers d’autres régions, ce qui déclenche des conflits entre les communautés qui se disputent les maigres ressources », a-t-il expliqué.
Selon M. Herrero, la communauté internationale ne doit pas se contenter de chercher à réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais elle doit aider les pays pauvres à s’adapter au changement climatique.
« Les populations seront confrontées à des graves problèmes si des investissements ne sont pas consentis dans des projets d’adaptation », a-t-il déclaré.
Ainsi, des projets de conservation de l’eau pourraient soulager les habitants des régions touchées par la sécheresse, a-t-il poursuivi.
Selon Andy Atkins, chargé des activités de plaidoyer à l’agence de développement Tearfund, les gouvernements doivent prendre en compte les effets du changement climatique avant de mettre en œuvre des projets.
« Avant de se lancer dans la réalisation de grands projets agricoles, les gouvernements doivent chercher à comprendre quel sera l’impact de la raréfaction des précipitations sur l’approvisionnement en eau et les récoltes », a insisté Andy Atkins, alors que l’agence Tearfund est sur le point de publier un rapport intitulé « Overcoming Barriers » (Surmonter les obstacles).
« D’ici les dix prochaines années, les projets de développement liés au changement climatique doivent devenir une norme et ne plus être une exception. Sans une action d’urgence, des milliards de dollars d’aide seront gaspillés et des vies seront mises en danger inutilement », a-t-il poursuivi.
Les communautés paysannes sont appelées à diversifier leurs agricoles afin de pâtir le moins possible des effets du réchauffement de la planète. Selon M. Herrero, les paysans doivent introduire des cultures qui résistent à la sécheresse et dépendre le moins possible de leur bétail qui peut être décimé par la maladie.
L’adaptation au changement climatique est l’un des principaux thèmes de la CCNUCC.
« L’adaptation fait désormais figure de priorité car nous sommes de plus en plus sensibilisés au problème », a affirmé Yvo de Boer, le secrétaire exécutif de la CCNUCC.
La question de la gestion du fonds d’adaptation de la CCNUCC a également été abordée au cours de la conférence. Ce fonds a été créé pour aider les pays en développement à s’adapter au changement climatique en modifiant leurs pratiques agricoles et leurs méthodes de conservation de l’eau.
Il a déjà permis de financer des projets en Afrique de l’Est. Par exemple, un barrage a été construit dans le sud du Kenya pour stocker de l’eau et des stratégies de diversification des cultures ont été introduites en Tanzanie.
Selon un rapport publié par l’Institut international de recherche sur le bétail (ILRI), basé à Nairobi, l’Institut de l’énergie et des ressources (TERI) de New Delhi et le Centre africain pour les études technologiques (ACTS), les changements climatiques pourraient empêcher les pays en développement d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement.
« Le changement climatique représente, à l'échelle mondiale, un défi éthique mais aussi scientifique, de développement et d'organisation pour l'Afrique », a souligné Tom Owiyo, co-auteur du rapport de l’ILRI.
« Dans les pays les moins avancés, le développement va de pair avec l’adaptation », a conclu Lester Malgas, de l’ONG sud-africaine Réseau action climat.
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