Vingt années de conflit et la quasi-absence de réseau routier ont isolé le district de Kitgum, l’empêchant ainsi de bénéficier des programmes nationaux de lutte contre le VIH/SIDA qui ont permis de faire chuter les taux de prévalence dans le reste du pays.
En 2005, un homme d’affaires local a lancé Radio Kitti. Emettant depuis une maison transformée en un minuscule studio d’enregistrement, dans la ville de Kitgum, Radio Kitti est la seule source d’information pour des milliers de personnes vulnérables ayant fuit les combats opposant l’armée ougandaise aux rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA).
Le nord de l’Ouganda affiche un taux de prévalence au VIH/SIDA d’environ neuf pour cent, soit un taux une fois et demie supérieur à la moyenne nationale. Selon les travailleurs sanitaires, la meilleure façon d’éviter de nouvelles contaminations et d’encourager les personnes séropositives à suivre un traitement antirétroviral (ARV) est d’informer la population.
« Les déplacés internes vivant à proximité de Kitgum sont bien informés », a déclaré Robert Ochola, coordinateur du programme de lutte contre le VIH/SIDA de l’hôpital St Joseph’s Mission de Kitgum. Mais, en dehors de la ville, dans les districts proches de la frontière soudanaise, « la population est mal informée » et tarde à changer ses comportements.
« Les gens continuent de partager certains objets tranchants et de s’adonner à des pratiques culturelles, comme le lévirat, qui multiplient les risques de transmission du virus », a-t-il ajouté. « Les personnes prises en otage par les rebelles seraient apparemment très peu informées sur le sida ».
Malgré un manque de moyens, radio Kitti FM fait de son mieux pour informer ses auditeurs.
« Nous avons une émission mensuelle de 45 minutes au cours de laquelle des professionnels de la santé interviennent. La première moitié du programme est consacrée à des discussions sur un sujet précis, par exemple les ARV, puis pendant la seconde moitié de l’émission, nous traitons les appels des auditeurs », a expliqué Lucy Acii, responsable de la radio.
« Les réactions que nous recevons sont très positives puisque nous savons que la radio est la principale source d’information des déplacés internes. Ils suivent aussi bien les émissions d’actualité que de divertissements. Nous profitons aussi de ces programmes pour informer les auditeurs des atrocités commises par l’un des plus grands criminels », a-t-elle poursuivi.
Au camp d’Awang, situé à une demi-heure de route de Kitgum, une association de déplacés internes porteurs du virus a déclaré que Kitti FM a joué un rôle important en les aidant à diffuser des informations sur les dangers des rapports sexuels non protégés au sein du camp.
« Ce camp ne dispose d’aucun centre de conseil et de dépistage volontaire ; par conséquent, nous avons besoin de la radio. C’est le seul moyen d’être informé sur le virus », a affirmé Patrick Onen, secrétaire de l’association des personnes vivant avec le VIH/SIDA dans le camp d’Awang.
« Mais le problème est que nous sommes très pauvres et que nous n’avons pas toujours les moyens d’acheter un poste de radio. Et puis, même lorsque nous avons une radio, nous n’avons pas toujours les moyens d’acheter des piles », a-t-il regretté.
Malheureusement, l’émission n’est plus diffusée depuis deux mois. Lucy Acii reconnaît les difficultés qu’elle rencontre pour continuer à passer à l’antenne des messages sur le sida puisque, selon elle, l’émission mensuelle dépend de la disponibilité des travailleurs humanitaires.
Toutefois, Radio Kitty espère conclure un accord avec des organisations non gouvernementales locales afin d’assurer une diffusion plus régulière des programmes, voire une augmentation du nombre d’émissions, et ainsi satisfaire la demande des auditeurs.
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