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Malgré l’annonce de bonnes récoltes, la faim continue de faire des victimes

Bien que de bonnes récoltes soient à prévoir cette année dans la plupart des pays du Sahel, les agences humanitaires craignent que certains pays ne connaissent encore de mauvaises récoltes et que les bailleurs de fonds ne renoncent à financer des projets qui permettraient aux Africains de se défaire de leur dépendance à l’aide étrangère et aux précipitations erratiques.

« Les fortes pluies qui se sont abattues au cours des derniers mois au Sahel laissent présager une bonne récolte céréalière. Cependant, dans certains endroits, une mauvaise récolte et, en conséquence, de forts taux de malnutrition sont à prévoir », a annoncé lundi, dans une déclaration, le Programme alimentaire mondial (PAM).

Le réseau des systèmes d'alerte précoce contre la famine (FEWS), basé à Washington, aux Etats-Unis, a confirmé, dans un rapport publié fin septembre, qu’en 2007 la situation dans la région s’annonçait « bonne dans l’ensemble », car les récoltes de cette année étaient égales ou supérieures à la moyenne.

La ceinture sahélienne s’étend de la Mauritanie, en Afrique de l’Ouest, à la Somalie, en Afrique de l’Est. Le Sahel, une région semi-aride formée par la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, le Burkina-Faso, le Tchad et le Niger, sépare l’Afrique saharienne de l’Afrique subsaharienne.

Dans certains pays de la région, 70 pour cent de la population pratique une agriculture de subsistance sur une terre sablonneuse et de couleur ocre. Chaque année est rythmée par une période d’abondance qui suit la saison des pluies et par une période de soudure, au cours de laquelle les réserves de nourriture s’épuisent en attendant la prochaine saison des pluies, qui a généralement lieu en juin et en juillet.

Les villageois du Sahel s’en remettent souvent aux Dieux au cours des semaines qui précèdent la saison des pluies, dans l’espoir d’avoir une bonne saison des pluies. Lorsque les pluies ne tombent pas, des villages entiers et des régions se vident de leur population qui migre vers les zones urbaines afin d’échapper à la mort.

Selon le rapport du FEWS, les pâturages dans le Sahel ont été « excellents » en 2006, ce qui a permis d’améliorer la valeur et l’état de santé du cheptel.

Toujours d’après ce rapport, cette année, le prix des céréales a considérablement baissé par rapport aux cinq dernières années, ce qui semble indiquer que les négociants s’attendent à de bonnes récoltes.


Toutefois, souligne le FEWS, une faible pluviométrie et de mauvaises récoltes ont été enregistrées au Niger ainsi que dans l’est et le sud du Tchad.

Des enfants menacées de malnutrition

Les agences humanitaires tirent la sonnette d’alarme et soulignent que de bonnes récoltes ne signifient pas pour autant que l’aide des bailleurs de fonds n’est plus nécessaire.

En effet, lundi dernier, le PAM a indiqué que dans la région du Sahel, 1,4 million d’enfants de moins de cinq ans sont menacés de malnutrition aiguë.

En outre, au moins 37 pour cent des enfants de moins de cinq ans de la région souffrent de maladies physiques ou mentales provoquées par la malnutrition, a ajouté l’agence onusienne.

Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a décrit l’Afrique de l’Ouest comme le pire endroit au monde pour un enfant et a affirmé, qu’au lieu de s’améliorer, la situation alimentaire se détériorait dans de nombreux pays de la région.

Bien que le Niger ait connu en 2005 l’une des meilleures récoltes, le PAM a annoncé lundi que 300 000 enfants nigériens avaient été soignés pour malnutrition dans plus de 900 centres nutritionnels. En outre, 11,8 pour cent des enfants nigériens souffraient de maladies physiques ou mentales dues à la malnutrition.

D’importantes opérations nutritionnelles sont également menées au Mali, en Mauritanie et au Burkina-Faso, des pays qui affichent des taux de malnutrition oscillant entre 11 et 12 pour cent.

« La malnutrition ne disparaît pas avec les nouvelles récoltes et ne réapparaît pas avec la période de soudure. Le combat que mènent le PAM et ses partenaires ne peut pas être gagné en quelques semaines ou quelques mois. Il s’agit d’une bataille de plusieurs années et pour la gagner, nous avons besoin du soutien durable de la communauté internationale », a rappelé, depuis Dakar, Jean-Jacques Graisse, le directeur exécutif adjoint du PAM.

« Il n’existe aucun vaccin pour lutter contre la malnutrition. Nous avons besoin d’un engagement qui va nous permettre d’éradiquer ce fléau une bonne fois pour toute. Cela prendra du temps, mais nous devons le faire. A cause de la malnutrition, des générations voient leur potentiel humain compromis », a-t-il ajouté.

Des solutions controversées

Selon l’organisation non gouvernementale (ONG) britannique Oxfam, le nombre d’urgences alimentaires en Afrique a quasiment triplé depuis le milieu des années 1990 et les réponses apportées se sont révélées inefficaces.

Alors que l’aide alimentaire et humanitaire s’est accrue, l’aide visant à améliorer la production agricole en Afrique subsaharienne a, quant à elle, chuté de 43 pour cent entre 1990-92 et 2000-2002, a indiqué Oxfam dans un rapport publié en juillet 2005.

Bien que la malnutrition soit liée à la consommation alimentaire, les agences humanitaires et les ONG ont souligné que les maladies, le manque d’accès à l’eau potable et de systèmes d’assainissement ainsi que la manière d’élever les enfants représentaient un obstacle au développement de la région.

Oxfam a critiqué la réponse apportée par la communauté internationale à la crise alimentaire. Selon l’ONG britannique, la pauvreté et, non la faim, est l’une des principales causes des urgences alimentaires. L’aide alimentaire ne doit pas « être vue comme l’unique solution à l’insécurité alimentaire ».

M. Graisse du PAM partage le point de vue d’Oxfam et a reconnu que les bailleurs de fonds avaient tendance à privilégier l’aide alimentaire au détriment des projets en faveur du développement et de la réduction de la pauvreté.

« Les fonds que nous recevons aujourd’hui sont destinés à des programmes alimentaires pour les enfants. Il s’agit là de sommes bien plus importantes que celles mises à la disposition de nos programmes de développement agricole », a-t-il fait savoir. « Actuellement, nos ressources nous permettent uniquement de nous concentrer sur les groupes les plus vulnérables ».

Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (OCHA), le Mali, la Mauritanie et le Burkina Faso sont des pays qui manquent régulièrement de financement.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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