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La violence au Darfour s’étend au Tchad

Pour la première fois, des combats à l’arme lourde opposant des groupes rebelles soudanais au gouvernement du Soudan ne se sont pas limités à la région assiégée du Darfour, mais se sont étendus à l’est du Tchad, ont indiqué lundi des travailleurs humanitaires.

Par le passé, de tels heurts se produisaient lorsque l’armée tchadienne poursuivait des groupes de rebelles déterminés à renverser le président tchadien Idriss Deby.

Les affrontements du week-end dernier témoignent d’une escalade de la violence dans l’est du Tchad et en dépit de la situation, les agences humanitaires ont déclaré lundi qu’elles poursuivraient leurs opérations.

« La violence dans l’est du Tchad et au Darfour est un problème pour nous tous. Nous avons de moins en moins accès aux nombreuses personnes déplacées internes dans cette région du monde. Cela est un problème pour nous, mais également pour les autres agences des Nations unies présentes dans la région », a expliqué Jean-Jacques Graisse, directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM).

« Le nombre de déplacés internes dans l’est du Tchad est inférieur à celui au Darfour, mais la situation demeure préoccupante », a-t-il ajouté. Toutefois, la recrudescence de la violence « n’empêche pas le PAM de distribuer de la nourriture aux 250 000 Soudanais qui se sont réfugiés dans l’est du Tchad », a-t-il précisé.

L’extension des combats

Des combats à l’arme lourde opposant l’armée soudanaise aux rebelles du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) ont éclaté samedi dernier, à proximité de la ville frontalière de Tiné, située dans la région du Darfour, au Sud Soudan.

Fin septembre, des heurts entre le JEM et le Mouvement/Armée populaire de libération du peuple soudanais (SPLM/A), une autre faction rebelle, ont fait au moins onze morts dans la ville de Gereida, située dans l’ouest du Darfour. Cependant, aucune information ne permet d’établir un lien entre ces deux incidents.

Des tirs à l’arme lourde ont été entendus au camp d’Ouré Cassoni, au Tchad, samedi dans l’après-midi, a déclaré responsable d’une agence humanitaire présent dans l’est du Tchad. Samedi soir, un avion Antonov de l’armée soudanaise a largué cinq ou six bombes sur les positions du JEM à proximité du camp, a précisé le responsable.

An en croire certains rapports, les combats se sont étendus au Tchad voisin après que les soldats blessés ont commencé à se disperser. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont indiqué que 80 soldats s’étaient repliés sur le camp de réfugiés d’Ouré Cassoni.

Dans l’est du Tchad, une douzaine de camps de réfugiés abrite quelque 250 000 Soudanais qui ont fui le Darfour, une région où les rebelles se livrent à des pillages, des viols et des meurtres.

La violence au Soudan a fait au moins 200 000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés.

Le camp d’Ouré Cassoni se trouve à moins de 20 kilomètres de la frontière tchado-soudanaise et à 400 kilomètres au nord-est d’Abéché, la ville où sont basées les organisations humanitaires.

Retour au calme

Les travailleurs humanitaires, contactés par IRIN à Abéché, ont expliqué que des éléments du JEM étaient toujours présents lundi dans la ville frontalière de Bahaï, située à douze kilomètres au sud du camp d’Ouré Cassoni. Ils ont toutefois précisé que le calme était revenu. Selon les autorités locales, les tirs de feu sporadiques entendus lundi matin, à Bahaï, provenaient des rebelles du JEM qui essayaient les armes à feu saisies à l’armée soudanaise.

Le gouvernement tchadien a indiqué qu’il avait déployé son armée afin de repousser les rebelles du JEM au Soudan.

Anahita Kar, porte-parole du CICR au Tchad, a affirmé de N’Djamena, la capitale tchadienne, qu’il était encore trop tôt pour dire ce que l’organisation envisage de faire des combattants blessés. Habituellement, la Croix-Rouge s’occupe des prisonniers de guerre et des populations déplacées par les conflits.

Matthew Conway, porte-parole du HCR, a, quant à lui, souligné que tenir les rebelles éloignés des camps de Bahaï et d’Ouré Cassoni constituait une priorité.

« Nous faisons en sorte que les rebelles ne se servent pas du camp comme d’un refuge. En effet, comme le camp est proche de la frontière, le gouvernement soudanais pourrait croire qu’il sert de refuge aux rebelles et le considérer comme une cible militaire légitime. Il s’agirait là du pire des scénarios possibles », a-t-il dit.

Le mois dernier, le HCR et le gouvernement tchadien ont signé un accord visant à envoyer 75 policiers tchadiens supplémentaires afin de renforcer les 200 déjà en poste à proximité des principaux camps du HCR, à Bahaï, Iriba, Guereda, Farchana et Goz Beida. Cependant, selon les travailleurs humanitaires, ces hommes ne suffiront pas à défendre les populations qui vivent dans les camps implantés dans des régions désertiques, vastes et reculées.

Interruption des operations

Malgré l’escalade de la violence, les agences des Nations unies et les ONG basées dans l’est du Tchad poursuivent leurs opérations.

« Nous menons nos opérations plus ou moins comme d’habitude, mais nous prenons le maximum de précaution », a reconnu M. Conway du HCR.

« Une distribution de vivres doit avoir lieu au camp d’Ouré Cassoni, mais des pourparlers ont été engagés pour retarder la distribution de quelques jours, pour s’assurer qu’elle se déroule dans de bonnes conditions. Aucun réfugié n’a été blessé, mais un climat d’anxiété et de tension règne dans le camp », a-t-il ajouté.

L’insécurité de la semaine dernière a contraint une agence humanitaire de limiter temporairement ses opérations à Koloy, dans l’une des régions les plus reculées du pays, située à 200 kilomètres au sud d’Abéché. Une équipe de Médecins Sans Frontières a dû se replier sur Goz Beida, puis a été autorisée à regagner Koloy au cours du week-end.

« Nous pouvons continuer de mener nos opérations. A présent tout est calme, seuls quelques affrontements ont été rapportés dans certaines régions. Nous avons été amenés à réduire notre équipe temporairement, à proximité de Koloy à cause des problèmes d’insécurité, mais ils se sont dissipés à présent », a déclaré Bernard Nadjitessem, responsable de MSF à Abéché.

Depuis vendredi dernier, MSF a enregistré l’arrivée de 400 civils tchadiens supplémentaires dans les villages situés aux alentours de Koloy. Selon Bernard Nadjitessem, ce déplacement de population est lié aux attaques des miliciens, qui prennent continuellement pour cible les villages et pillent les réserves des habitants.

Les affrontements entre les groupes rebelles du Darfour, les forces gouvernementales et les milices se sont multipliés au cours des dernières semaines au Darfour, ont indiqué les agences onusiennes, l’Union africaine et de nouveaux rapports.

D’après les agences humanitaires, la région autour de Bahaï est devenue, depuis au moins le début de l’année 2006, le fief des rebelles qui combattent le gouvernement de Khartoum.

Au cours des dernières semaines, les heurts se sont également accrus de l’autre côté de la frontière, au Tchad. En effet, l’armée tchadienne a lancé des attaques contre des groupes rebelles, qui n’appartiennent ni au JEM, ni au SLM/A, et qui se sont jurés de renverser le gouvernement tchadien.

L’armée tchadienne consacre ses efforts à la lutte contre les rebelles opposés au gouvernement du président Idriss Deby et néglige de protéger sa frontière et sa population civile contre les attaques perpétrées par les milices, ont souligné des responsables des Nations unies et des groupes de défense des droits de l’homme. Plus de 55 000 Tchadiens ont déjà quitté leur domicile.

Les agences humanitaires se sont également plaintes de l’insécurité à laquelle elles étaient exposées. Dans l’est du Tchad, des sites sont fréquemment pillés et 40 voitures et camions humanitaires ont été volés depuis novembre 2005. La semaine dernière, un véhicule des ONG Care, Action contre la Faim (Espagne) et Médecins Sans Frontières (Luxembourg) a été volé.

Au mois de mai, une employée du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a été grièvement blessée par balle.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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