«L’étude peut être considérée comme biaisée, puisque seules les femmes ont été dépistées au VIH, mais les chiffres attestent d’une inquiétante augmentation du nombre de personnes séropositives, une augmentation révélatrice d’un problème autrement plus vaste», a déclaré le professeur Gita Ramjee, membre du Conseil de recherche médicale d’Afrique du Sud (MRC en anglais).
Le MRC vient d’effectuer des essais cliniques sur l’efficacité des microbicides vaginaux dans huit sites tests de la province du KwaZulu-Natal. Dans ces sites, le taux de prévalence du VIH/SIDA oscillait entre 38 et 50 pour cent et dépassait même les 66 pour cent dans la zone semi-rurale d’Embo, au sud de la ville portuaire de Durban.
L’augmentation du taux de prévalence du VIH/SIDA au sein des communautés indiennes traditionnellement conservatrices, comme celle de la commune de Chatsworth, a également attiré l’attention des personnes qui s’occupent des personnes séropositives.
Toujours selon les chiffres avancés par le MRC, certaines zones de Chatsworth afficheraient des taux de séroprévalence de l’ordre des 48 pour cent.
Pourtant, ces chiffres ne surprennent guère Honey Allee, infirmière et éducatrice spécialisée en VIH/SIDA.
«Dans une communauté où les gens continuent à se cacher derrière des pratiques culturelles, où la sexualité et la promiscuité demeurent des sujets tabous, le VIH/SIDA est inéluctablement présent», a-t-elle regretté.
Honey Allee a expliqué qu’elle était régulièrement confrontée aux conséquences de ce déni.
«Dans une culture où l’on ne parle pratiquement jamais du divorce, qui est une pratique réprouvée, les femmes sont contraintes à avoir des rapports sexuels non protégés avec des partenaires infidèles. Le fait qu’il soit important de donner naissance à des garçons contribue également à l’augmentation du taux d’infection parmi les femmes de ces communautés», a-t-elle précisé.
Selon elle, les garçons sont traités comme des demi-dieux, puis une fois arrivés à l’âge adulte, ils ont le droit d’être infidèles, d’avoir plusieurs partenaires sexuelles, sans avoir à le cacher à leurs épouses.
En outre, certaines mères célibataires, compte tenu de leur situation financière, sont contraintes à la prostitution afin de nourrir et d’élever leurs enfants ; la plupart d’entre elles courent donc le risque d’être contaminées au VIH/SIDA.
«Nous devons mener davantage de recherches sur les divers facteurs sociaux qui alimentent la propagation du virus. Entre temps, nous espérons que nos efforts afin d’encourager les discussions sur la prévention du VIH auront porté leurs fruits», a conclu Honey Allee.
Le professeur Gita Ramjee et son équipe ont précisé qu’ils étaient en train d’effectuer de nouvelles recherches, en s’intéressant cette fois-ci aussi bien aux hommes qu’aux femmes.
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