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Rien ne peut nous arrêter !

Depuis le début de l’année 2006, 20 000 immigrants clandestins, originaires pour la plupart d’Afrique de l’Ouest, ont débarqué sur les côtes des îles Canaries dans l’espoir d’être transférés en Espagne continentale, et près de 1 000 se seraient noyés pendant la traversée, selon la Croix-Rouge espagnole.

Et malgré les risques de la traversée, beaucoup de jeunes ouest-africains sont prêts à tenter l’aventure, frustrés qu’ils sont par l’absence d’opportunités d’emploi dans leur pays, mais galvanisés par les témoignages de ceux qui ont réussi à s’installer à l’étranger.

Voici le témoignage du deuxième jeune Sénégalais, candidat malheureux à l’immigration clandestine, interrogé par IRIN.

Assane Dia, 25 ans

Assane Dia se voyait déjà à Valence, une ville de la côte est espagnole. Là-bas, pensait-il, il trouverait un emploi mieux rémunéré et plus satisfaisant que celui de carrossier peintre automobile qu’il avait dans un atelier de mécanique à Dakar. Avec un faible salaire et sans sécurité d’emploi, Assane y a travaillé neuf ans car il n’avait pas d’autre choix.

« Tu peux rester un mois sans avoir un marché et s’il y a en, c’est le patron qui se tape les sous pour nous laisser les miettes. Ici, tu travailles à mort pour rien réaliser de ta vie, donc il faut tenter quelque chose », explique-t-il.

Puis un ami immigré en Italie lui a proposé de lui offrir les 300 000 francs CFA (environ 600 dollars) que lui demandaient les piroguiers pour le voyage vers les îles Canaries. Ces derniers lui faisaient une faveur puisqu’il les connaissait bien.

Mais les parents d’Assane ont tenté de le dissuader d’entreprendre ce voyage, arguant que la traversée en mer pouvait s’avérer dangereuse.

« Les parents disent que la mer n’est jamais sûre. C’était difficile à vivre car j’ai hésité pendant une semaine et puis je me suis décidé à partir », raconte-t-il.

La traversée a été difficile car la mer était déchaînée. A peine arrivé aux îles Canaries, il a été appréhendé par la police espagnole et rapatrié au Sénégal.

De retour au pays, son père a confisqué son passeport et fait le tour des ambassades pour tenter d’obtenir un visa pour Assane afin qu’il puisse se rendre en Europe en toute légalité et en toute sécurité. Mais à ce jour, il n’a toujours pas obtenu de visa.

Assane a repris son travail de carrossier peintre automobile en attendant que les démarches de son père aboutissent et rêve de repartir.

Malgré son court séjour dans les îles Canaries où il eu l’occasion de disputer un tournoi international de football avec d’autres immigrants clandestins, détenus comme lui dans un camp en attendant leur rapatriement, Assane est convaincu que la vie est bien meilleure en Europe.

« Je me dis toujours que le voyage est risqué mais dès que tu arrives tu oublies toute cette peine, même s’il y a des gens qu’on recueille épuisé pour les transporter dans des brancards », explique-t-il.

Et Assane n’a pas de mots assez durs pour critiquer les annonces faites par les autorités sénégalaises pour tenter de freiner l’émigration clandestine.

« Il n’y a que les jobs décents qui peuvent arranger la situation, pas les déclarations intempestives de politiciens qui ne font qu’encourager l’immigration clandestine. C’est parce qu’on arrête pas les discours que les jeunes partent, ils n’y croient plus. Je ne vois pas la muraille qu’ils vont dresser en mer pour empêcher les départs ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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