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Le manque de financement compromet la politique de santé infantile

Les experts se félicitent de la politique mise en œuvre par le gouvernement pour faire face aux graves problèmes de santé publique au Niger, mais déplorent le manque de fonds qui empêche les autorités nigériennes de réaliser de réels progrès en matière de soins de santé.

Les problèmes de santé du Niger sont communs à toute l’Afrique de l’Ouest : malaria, tuberculose et diarrhée figurent au premier rang des maladies mortelles. Mais au Niger, ces problèmes sont rendus plus complexes par la malnutrition qui touche chaque année près de 50 pour cent de la population.

Alors qu’elles ont été éradiquées dans la plupart des pays subsahariens, des maladies comme la polio, la rougeole, le cholera et la maladie du sommeil sont encore très répandues dans certaines régions du Niger.

Selon l’indice de développement humain des Nations unies, il n’y a que trois médecins pour 100 000 habitants au Niger et seuls seize pour cent des 600 000 nouveaux-nés nigériens naissent dans un établissement hospitalier. En outre, vingt pour cent de ces enfants mourront avant l’âge de cinq ans et dans un cas sur deux, le décès est dû à la malaria.

Toujours selon les Nations unies, le Niger figure en queue de peloton des 177 pays les plus pauvres de la planète.

Des systèmes qui tardent à se mettre en place

En avril dernier, le gouvernement nigérien a voté une loi rendant gratuit l’accès aux soins de santé pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans. Et même si tout un battage médiatique a été fait autour de cette loi, « aucun mécanisme n’est encore mis en place pour la faire exécuter », a déploré un expert des Nations unies en poste à Niamey, la capitale nigérienne.

Le gouvernement travaille aussi à la création d’un fonds social pour financer son programme de soins de santé gratuits, mais là encore, aucune structure n’a été créée à cet effet.

Actuellement, une consultation et un traitement coûtent 500 francs CFA (un dollar américain) pour un enfant, et 1000 francs CFA (deux dollars américains) pour un adulte. Ces sommes représentent une fortune dans des villages où on est considéré comme étant riche lorsqu’on a des revenus annuels de 200 000 CFA (400 dollars américains).

Les autorités nigériennes ont alors élaboré des programmes de soins de santé et de lutte contre la malnutrition qui, d’après les statistiques du gouvernement, touche chaque année plus de la moitié de la population.

« Auparavant, on pensait qu’il s’agissait simplement d’un problème lié à la pénurie de nourriture », a fait remarquer un représentant d’une agence humanitaire. « Aujourd’hui, les autorités reconnaissent clairement qu’il y a également un problème nutritionnel et que la qualité et la diversification de la nourriture sont toutes aussi importantes que la quantité des vivres ».

Mais lorsqu’il s’agit de passer à l’action pour mettre en œuvre ces programmes, l’Etat est absent, notent les agences humanitaires.

Dans les hôpitaux publics, les médecins avouent d’ailleurs manquer cruellement de médicaments, de formation et de personnel. Dans tous les établissements que IRIN a eu l’occasion de visiter dans les régions du sud-ouest et du sud-est, la majorité du personnel chargé de la lutte contre la malnutrition était recruté et payé par des ONG étrangères.

« Ici, nous n'avons jamais vu un signe de la présence du gouvernement », a confié le responsable du centre nutritionnel d’une ONG rattachée à un centre de santé proche de Maradi.

Passer de la théorie à la pratique

De l’avis de certains observateurs économiques, il faut du temps et des fonds pour concrétiser tous ces projets de santé.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les dépenses publiques de santé du gouvernement nigérien s’élèvent à 5 dollars par habitant. Bien que cela soit inférieur aux 35 dollars par habitant que l’OMS estime comme étant le minimum nécessaire pour des services de santé de base dans les pays pauvres, les dépenses en matière de santé représentent 12 pour cent du PIB du pays. Ainsi, le Niger est en Afrique de l’Ouest, le pays qui investit le plus dans le domaine de la santé publique.

« Le problème est de savoir comment accroître les recettes de l’Etat pour qu’il puisse investir dans des projets de développement qui bénéficieront davantage aux pauvres », a souligné Pierre Laporte, représentant du Fonds monétaire international (FMI) au Niger. « Sans des recettes supplémentaires, la marge de manœuvre du gouvernement sera limitée ».

En effet, les recettes fiscales du Niger sont les moins élevées de la sous-région, selon la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). A en croire M. Laporte, le plan mis en place par le FMI a permis au Niger d’enregistrer une augmentation de 25 pour cent de ses recettes fiscales, au cours des deux premiers trimestres de 2006, comparés aux chiffres enregistrés à la même période en 2005.

« Ceci est le résultat du renforcement des contrôles et de la lutte menée contre ceux qui refusent de payer leurs impôts », a noté M. Laporte. Par ailleurs, le gouvernement fait également des efforts dans le contrôle des dépenses non prioritaires et concentre ses investissements dans les domaines de l'éducation et de la santé.

Mais le gouvernement a aussi eu du mal à faire appliquer cette année la T.V.A (taxe sur la valeur ajoutée) sur les produits alimentaires de base. Les puissants syndicats du pays ont rejeté cette initiative en décrétant à plusieurs reprises à Niamey des journées « ville morte ».

Quant à l’autre moitié du budget, constituée en grande partie de l’aide financière étrangère, les donateurs et les bailleurs de fonds se plaignent régulièrement de la lenteur de la mise en œuvre des projets, du manque de transparence dans la gestion des fonds et de la corruption.

En juin 2006, un financement de 100 millions de dollars destiné à des programmes d’éducation a été gelé suite à la publication d’un rapport de Deloitte & Touche, une société d’audit comptable et financier, qui a révélé un détournement de huit millions de dollars. La semaine dernière, un haut responsable du gouvernement a donné à des diplomates occidentaux l’assurance que les fonctionnaires indélicats seraient sanctionnés, à quelque que niveau qu’ils soient.

Dans l’ensemble, les experts médicaux cependant se disent satisfaits de constater que les graves problèmes de la santé auxquels le Niger est confronté font désormais partie des préoccupations des autorités politiques du pays.

« Nous ne pouvons pas dire pour l’instant que le problème a été résolu, mais au moins, la volonté politique est là », a déclaré un responsable d’une ONG médicale étrangère présente au Niger, en faisant référence aux maladies liées à la malnutrition.

« Nous avons eu quelques discussions très encourageantes avec les autorités sanitaires. Ils mettent tout en œuvre pour trouver une solution, en reconnaissant que des mesures d’urgence s’imposent maintenant et qu’il importe également d’avoir une politique de santé à long terme », a-t-il ajouté.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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