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Les forces de sécurité continuent de pratiquer la torture en toute impunité - HRW

Les forces de sécurité guinéennes torturent, agressent, voire assassinent régulièrement les civils, et continuent d’entretenir la culture de l’impunité qui remonte à la période du dictateur et président Sékou Touré décédé il y a une vingtaine d’années, indique l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié mardi.

Ce rapport, intitulé « Le côté pervers des choses: Torture, conditions de détention inadaptées et usage excessif de la force de la part des forces de sécurité guinéennes », contient les récits détaillés et concordants de 35 prisonniers interrogés par HRW à propos des mauvais traitements infligés par des policiers.

Mais la crise couve en Guinée et le risque d’une vacance du pouvoir est de plus en plus grand en raison de la santé fragile du Président Lansana Conte, un ancien officier de l’armée qui a pris le pouvoir après la mort en 1984 du Président Sékou Touré.

En 2005, des grèves ont été organisées pour protester contre la cherté de la vie et les difficultés économiques du pays. Plus récemment, au mois de juin, les forces de sécurité ont tué 13 personnes pendant les manifestations qui ont suivi le mouvement de grève décrété sur l’ensemble du territoire, ont indiqué les témoins interrogés par HRW.

Selon l’ONG, les personnes accusées de délit de droit commun ou d’appartenance à un parti d’opposition, sont jetées en prison sur la base d’aveux extorqués sous la torture. Elles croupissent pendant des années dans des cellules, en attendant leur jugement, et meurent parfois de faim ou de maladie. Une vingtaine de prisonniers, parmi les détenus interrogés, ont passé plus de quatre années dans ces conditions.

Beaucoup d’enfants cités dans le rapport indiquent avoir été battus, brûlés avec des cigarettes et coupés avec des lames de rasoir pour les pousser à avouer les crimes dont on les accuse.

« Ils m’ont attaché les bras dans le dos et m’ont ensuite hissé à un arbre dans la cour », explique un jeune de 16 ans, détenu dans la plus grande maison d’arrêt de Guinée. « Deux policiers m’ont conseillé de dire la vérité, d’avouer que j’avais volé les marchandises. Puis ils ont appuyé leurs cigarettes sur mes bras. Au début, je continuais à clamer mon innocence, mais cela me faisait tellement mal que j’ai fini par dire que je les ai volées ».

En juin dernier, Dustin Sharp de HRW s’est rendu en Guinée et a passé un mois à interroger des détenus. A l’en croire, si les autorités lui ont permis de se rendre à la prison centrale, la plus grande prison de Conakry, la capitale, s’est probablement parce que les actes de torture avaient été commis ailleurs, notamment dans des commissariats de police, mais pas au sein de la prison.

Soixante-dix prisonniers présentaient de profondes cicatrices autour des bras, juste au-dessus des coudes et sous les épaules, souligne M. Sharp

« Généralement, les détenus ont les bras attachés derrière le dos, avec une corde serrée très fort, et ils sont suspendus à un arbre ou au plafond par un crochet », explique-t-il. La corde qui entrave les bras entaille profondément la peau et provoque des plaies circulaires.

« Rencontrer autant de détenus qui présentent les mêmes cicatrices laisse penser qu’il s’agit d’une pratique régulière et systématique », convient M. Sharp.

Selon lui, cette technique d’interrogatoire remonte à la période de Sékou Touré.

« Près de 25 ans après la chute de Sékou Touré et 10 ans après la transition de la Guinée vers un régime démocratique multipartite, il est très affligeant de constater que les mêmes pratiques perdurent », se désole M. Sharp.

« Il y a un moment où il faut en finir avec le cycle de l’impunité. Un rapport comme celui-ci est une bonne occasion pour le gouvernement de prendre l’initiative d’arrêter de telles pratiques », s’insurge M. Sharp.

Pour l’instant le gouvernement guinéen n’a pas réagi au rapport de HRW.

Parmi les personnes interrogées, beaucoup font état de dissensions au sein de l’armée, entre les jeunes soldats, plus idéalistes et formés à l’étranger, et l’ancienne génération d’officiers, explique M. Sharp.

« Ces dissensions se révèleront-elles au grand jour en période de crise ? Personne ne peut se prononcer pour l’instant », ironise M. Sharp. « Mais des gens parlent et prennent pour exemple le Mali et la Mauritanie, des pays où des coups d’Etat ont permis de se débarrasser de régimes réfractaires à la démocratie et au respect des droits de l’homme.

On ne connaît pas le nombre de policiers impliqués dans les exactions commises sur les détenus, mais le simple fait de rendre publique cette information pourrait contribuer à mette fin à la culture de l’impunité.

« Si vous emprisonnez un commissaire de police ayant torturé un prévenu, cela dissuadera probablement les policiers tentés de recourir à cette pratique pour extorquer des aveux », a-t-il conclu.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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