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Extrait du journal intime d'un jeune Libérien à Beyrouth

Marcelle Bedran et 22 autres ressortissants libériens et libano-libériens tentent de quitter le Liban depuis plus de deux semaines maintenant. Ils sont une cinquantaine de Libériens coincés dans la capitale assiégée. Mais le Liberia n’a pas d’ambassade au Liban pour prendre en charge leur évacuation.

Marcelle Bedran, 19 ans, et tous les membres de sa famille ont été expulsés du petit appartement où ils logeaient parce que le propriétaire estimait qu’ils étaient trop nombreux pour rester dans un espace si petit. Ils ont réussi à trouver un nouvel appartement, tout aussi minuscule, mais là encore, le propriétaire les presse déjà de partir.

IRIN suit la situation difficile de Marcelle Bedran, de son fiancé, Saide Chaar, 25 ans, et de leur famille, au fil de conversations téléphoniques quotidiennes qui sont par la suite retranscrites sous forme narrative. Lundi, IRIN a parlé avec Marcelle Bedran. Voici un extrait de cette conversation.

31 juillet 2006 – Tout le monde s’est couché en colère.

Hier ils se disputaient au sujet des téléphones portables. Où allions nous trouver de l’argent pour acheter du crédit pour les téléphones… Qui allait recharger les téléphones. Tout le monde emprunte les portables des autres, mais personne n’a de crédit. On peut recevoir des appels, mais personne ne peut en passer.

Très tôt ce matin, vers trois ou quatre heures, nous avons entendu la nouvelle au sujet de la décision d’Israël d’accorder un cessez-le-feu de 48 heures.

Jusqu’à maintenant, nous n’avons encore rien mangé. Nous avons demandé à des amis, des voisins, s’ils avaient quelque chose à manger pour nous, mais pour l’instant personne n’est venu. Nous les connaissons à peine, nous les avons rencontré au cours des dernières semaines, mais ils ont dit: « Ok, on ne sait pas si on en a assez pour nous-même, mais on va voir ce qu’on peut trouver ».

J’ai tellement faim, et la seule chose que je peux faire c’est attendre de pouvoir manger. Quand tu as vraiment faim je ne crois pas que tu puisses penser à autre chose. Tout ce que tu vois et tu imagines, c’est juste de la nourriture. Tes tempes font mal et ton estomac te pince.

Le bébé… il se sent un peu mieux. Mais on ne sait pas où se trouvent les organisations humanitaires. Je crois qu’en principe, elles doivent appeler les gens pour venir prendre de la nourriture et des médicaments, mais quelqu’un nous a dit qu’elles les donnaient seulement aux personnes déplacées dans les écoles. Personne n’annonce rien.

Tout ce que fait la télévision nationale, c’est de montrer des gens qui distribuent des boîtes, des médicaments, des trousses de premiers soins aux populations, mais elle ne dit jamais où. Ils donnent des couvertures, des vêtements… Certains disent que tout ça vient de la Syrie, d’autres disent que c’est plutôt les Américains et d’autres encore disent que la nourriture vient de la Jordanie, mais je n’en sais rien.

[Le propriétaire] a bien coupé l’eau. Maintenant nous n’avons plus d’eau dans l’appartement. Nous sommes allés dans un autre appartement près d’ici avec des seaux et nous avons demandé de l’aide, comme d’habitude. Nous avons tous partagé l’eau pour un bain. La douche ne fonctionne plus donc nous devons nous laver dans une bassine et chacun n’a droit qu’à une demie bassine d’eau.

Aujourd’hui quand ils ont annoncé le cessez-le-feu de 48 heures, tout le monde est parti faire la queue pour acheter de l’essence. Nous avons essayé de faire le plein mais il y avait des voitures partout, peut-être 100 ou encore plus et pas seulement à une station service, mais à toutes les pompes, partout. Il y avait des voitures et des voitures et encore des voitures qui attendaient. Ils ont dit que le carburant n’arrivait plus au Liban à cause de la crise.

Nous avons demandé combien coûterait une course en taxi pour aller jusqu’en Syrie. Ceux qui ont de grandes familles voulaient louer des minibus. Mais les gens se querellaient à propos des prix. Tout le monde avait son propre prix.

Quelqu’un nous a demandé 100 dollars américains, quelqu’un d’autre a dit que le prix était environ 20 dollars par personne. Nous n’avons pas eu de vraie réponse. Quand nous serons certains des prix, nous pourrons appeler la famille et les amis à l’étranger pour leur demander d’envoyer la somme nécessaire pour le voyage (avec Western Union).

La Syrie a ouvert un camp de réfugiés. Nous ne connaissons personne là-bas, mais nous dirons simplement que nous sommes des réfugiés. C’est quand même mieux que d’être en plein milieu de la guerre. C’est mieux d’être un réfugié que de mourir.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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