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Extrait du journal intime d'un jeune Libérien à Beyrouth

Saide Chaar et 22 autres ressortissants libériens et libano-libériens cherchent désespérément une façon de quitter le Liban depuis plus de deux semaines maintenant. Ils sont une cinquantaine de Libériens coincés dans la ville assiégée. Mais le Liberia n’a pas d’ambassade au Liban pour les évacuer.

Chaar, 25 ans, et sa famille ont été expulsés du petit appartement où ils logeaient parce que le propriétaire estimait qu’ils étaient trop nombreux pour rester dans un espace si petit. Ils ont réussi à trouver un nouvel appartement, tout aussi minuscule, mais là aussi, le propriétaire les presse déjà de partir.

IRIN suit la situation difficile de Chaar et de sa famille au fil de conversations téléphoniques quotidiennes qui sont par la suite retranscrites sous forme narrative. Dimanche, IRIN a parlé avec la fiancée de Chaar, Marcelle Bedran, 19 ans. Voici un extrait de cette conversation.

30 juillet 2006 – Nous sommes tellement anxieux aujourd’hui. Nous ne savons plus quoi penser de cette situation. Les choses empirent d’heure en heure.

Aujourd’hui nous avons appris que des manifestants étaient entrés par effraction dans les bureaux des Nations unies à Beyrouth. Et ce matin, il y a eu une attaque aérienne dans Qana et des civils sont morts, c’était répugnant. Le plus surprenant c’est que même ceux qui se trouvaient au sous-sol du bâtiment ont été tués, pour la plupart des femmes et des enfants.

J’avais le cœur brisé de les voir sortir les corps des bébés et des petits enfants des décombres. C’était insoutenable à regarder.

Maintenant tout le monde est extrêmement tendu à la maison. Tout le monde s’engueule. Certains d’entre nous veulent rentrer chez eux mais la ville n’est pas assez sécurisée.

Les routes sont trop risquées. On n’y voit que des chars de l’armée. C’est tellement étrange de vivre dans une ville et du jour au lendemain, d’y voir des chars et des soldats passer partout, et ces soldats portent des armes vraiment effrayantes, même s’ils ne t’adressent pas la parole.

Israël est vraiment plein de surprises… On ne sait jamais ce qui va nous arriver. J’ai l’impression d’être assise sur des oeufs et d’attendre qu’ils éclosent ou qu’ils se brisent.

La ville est morte. Le seul secteur où l’on peut encore voir des civils c’est là où nous habitons, du côté est de la ville. Tout le monde a quitté la maison en vitesse et nous n’avons pas apporté nos vêtements, ni quoi que ce soit avec nous.

Nous avons essayé de retourner à la maison mais nous n’avons pas pu. Nous avons dû faire demi tour et revenir sur nos pas.
La route était vraiment terrifiante. Parce que nous sommes des étrangers, ils nous voient tout de suite et nous sommes des proies faciles. Si tu as l’air Libanais, ils ne te font rien, mais aussitôt qu’ils voient un peu de couleurs, ils essaient de profiter de toi.

D’abord ils te demandent tes papiers. Ils essaient de trouver n’importe quelle petite erreur. Ils ne font que te faire perdre ton temps et poser mille et une questions – des questions stupides qui n’ont même pas de réponse. Parfois ils demandent de les suivre au poste pour vérifier tes documents. Et là on doit attendre des heures et tu vois autour de toi, 30 à 40 personnes qui attendent aussi, comme toi. Et finalement, ils te disent que tu peux partir.

Le propriétaire de l’appartement est venu hier pour demander quand nous prévoyions de partir et pourquoi ce n’était pas déjà fait. Nous lui avons dit que nous n’avions trouvé nulle part d’autre où aller et qu’il devrait être plus patient avec nous.

Il est de plus en plus impatient et agressif, particulièrement parce que nous ne sommes pas Libanais.

Donc ce qu’il compte faire cette semaine, c’est nous couper l’eau. Nous ne pourrons plus faire la vaisselle ou prendre une douche. Nous allons devoir aller chercher des sauts d’eau chez les voisins.

Je suis étudiante en psychologie, sociologie et travail social à l’université. J’ai payé environ 1 800 dollars américains pour la session d’été. Tout cet argent est perdu. C’est ma plus grande perte jusqu’à présent. Et je me sens mal parce que je n’ai pu assister qu’à trois semaines de cours seulement avant que la guerre éclate. Il va falloir beaucoup de temps avant que l’université ne rouvre. Tout le monde quitte le pays, ils n’auront plus assez d’étudiants pour reprendre les cours.

[Demain] vers six heures du matin, aussitôt que nous nous lèverons, nous devrons aller chercher de l’aide. Nous devons nous lever et être debout pour voir s’il n’y a pas quelque chose que nous pouvons faire.

Nous ne savons plus quoi faire. Comme ils ont fermé la frontière entre la Syrie et le Liban, notre seul espoir est maintenant par bateau. Nous allons essayer et continuer nos prières pour que Dieu nous ouvre la voie.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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