1. Accueil
  2. West Africa
  3. Mauritania

Les bailleurs de fonds tardent à réagir, mais la crise alimentaire persiste - PAM

Un sixième de la population mauritanienne est vulnérable à l’insécurité alimentaire et seule une aide urgente des bailleurs de fonds peut éviter une aggravation de la situation, a indiqué le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) en Mauritanie.

« Ce pays a connu des catastrophes naturelles pendant plusieurs années consécutives… la population s’en remet à peine et pour l’instant elle ne peut se passer de notre aide », a expliqué Sory Ibrahim Ouane, au cours de l’entrevue qu’il a accordée mardi à IRIN à Nouakchott, la capitale.

Les sécheresses de 2003 et 2004 ont rudement touché la Mauritanie et ont été suivies en 2005 d’une invasion de criquets pèlerins qui ont entièrement dévasté les cultures en Afrique de l’Ouest. Selon l'ONU, les deux tiers des Mauritaniens vivent de l’agriculture, même si seuls quarante pour cent des denrées alimentaires du pays sont produits localement.

D’après les conclusions de l’enquête menée en décembre 2005 par le PAM, 500 000 Mauritaniens, soit un sixième de la population, sont confrontés à une insécurité alimentaire parce qu’ils ne disposent plus de réserves alimentaires, explique M. Ouane.

Dans certaines régions du sud et du centre, douze pour cent des enfants souffrent de malnutrition aiguë, ce qui correspond à un seuil de malnutrition largement supérieur au seuil d’urgence de dix pour cent fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Selon M. Ouane, le problème de la sécurité alimentaire en Mauritanie est bien plus complexe et la solution ne se résume pas à une simple distribution de vivres.

« La malnutrition dans ce pays n’est pas directement liée à la sécurité alimentaire. L'accès à l'eau potable et aux services de santé en sont aussi les causes. Il s’agit donc d’un problème intersectoriel », ajoute-t-il.

A l’instar des responsables des agences des Nations unies et d’organisations non gouvernementales qu’IRIN a rencontrés à Nouakchott, M. Ouane s’est vivement félicité de la contribution du gouvernement de transition du colonel Ely Ould Mohamed Vall au développement du pays depuis le renversement de l’ex-président Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya, en août 2005. M. Taya avait dirigé la Mauritanie pendant vingt ans.

« Pendant la période de transition, c’est-à-dire depuis le coup d’Etat d’août 2005, nous avons constaté une nouvelle dynamique dans les actions du gouvernement et dans nos opérations qui ont été caractérisées par la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion de l'aide alimentaire du pays », a indiqué Ouane.

Et lorsqu’on lui demande si le gouvernement mauritanien est désormais capable de répondre à ses besoins en matière de sécurité alimentaire, M. Ouane explique qu’il ne faut pas que les bailleurs de fonds pensent que la Mauritanie n’a plus besoin d’aide.

« Nous essayons d'attirer l'attention de la communauté internationale sur cette situation. Nous ne voulons pas que les bailleurs de fonds se disent que [la situation nutritionnelle] s'est améliorée et que le pays n’a plus de besoin d'aide », précise-t-il.

Pour M. Ouane, les ressources limitées du PAM exigent que l’attention soit portée principalement sur les zones rurales, même s’il reconnaît que la Mauritanie est confrontée au cas le plus grave de pauvreté urbaine de la sous-région, en raison de l’exode des populations rurales vers les villes.

« C'est une politique qui est dictée par le fait que nos ressources sont limitées et qu’il y a des choix à faire. En faisant ce choix, nous pensons qu'il est plus important que nous nous concentrions sur l'éducation des enfants et leur statut nutritionnel et sur les zones rurales », indique-t-il.

« Mais les programmes du PAM en faveur des populations rurales sont également menacés. L'agence a besoin de 4 millions de dollars américains pour financer ses programmes alimentaires dans les communautés. Une telle somme permettrait d’acheter 7,5 millions de tonnes métriques de vivres qui pourraient être distribués dans les régions du centre et du sud de ce grand pays désertique », explique M. Ouane.

Si les fonds ne sont pas disponibles d’ici fin juillet, les stocks alimentaires des banques céréalières du PAM seront épuisés. Or 350 000 personnes comptent sur cette aide alimentaire qui les met à l’abri des prix prohibitifs des denrées de base vendus au marché.

Les populations rurales pourraient alors être amenées à vendre leurs biens et à émigrer vers les villes, a prévenu le PAM. Dans certains cas, elles pourraient se rabattre sur des solutions provisoires et emprunter de l’argent à des taux d’intérêt prohibitifs ou vendre leur bétail.

« Si nous ne trouvons pas des financements additionnels, nous ferons des choix difficiles et nous serons certainement amenés à réduire les rations dans les villages », a indiqué M. Ouane. « Le pays traverse une crise d’urgence silencieuse ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join