Dans son rapport publié jeudi, HRW cite des mouvements locaux de la société civile et affirme que 21 personnes ont été tuées par les tirs des forces de sécurité guinéennes pendant les manifestations qui se sont déroulées dans tout le pays. Le bilan officiel du gouvernement fait état de 11 morts.
« Le gouvernement guinéen ne peut pas laisser ses forces de sécurité tuer des manifestants non armés et attaquer des passants, » a déclaré Peter Takirambudde, directeur de la division Afrique à HRW. « Le recours à une force meurtrière contre les manifestants était totalement disproportionné et inadapté aux circonstances. »
HRW affirme avoir interrogé plus de 50 victimes et témoins des exactions policières. La plupart d’entre eux a demandé l’anonymat. Le gouvernement du Président Lansana Conté n’a pas encore réagi aux accusations formulées dans ce rapport.
Quatre jours après l’appel à la grève nationale lancé par les principaux syndicats guinéens pour protester contre la hausse des prix des biens de première nécessité, les étudiants se sont joints à la manifestation. Ils étaient mécontents du report de leurs examens du baccalauréat depuis que leurs professeurs s’étaient ralliés au mouvement de grève quelques jours plus tôt.
Les étudiants étaient descendus vers le centre ville de Conakry en scandant des slogans hostiles au gouvernement et en appelant à sa démission, lorsqu’ils se sont heurtés aux forces de sécurité.
Un chauffeur de taxis a raconté à HRW comment les forces anti-émeutes ont brutalisé les étudiants à coups de matraque.
« C’était la panique totale. Certains étudiants sont revenus et ont commencé à jeter des pierres. La police a répliqué en tirant directement dans la foule. Je ne sais pas s’il y avait juste un policier qui tirait ou plusieurs. Les étudiants ont de nouveau pris la fuite et la police les a poursuivis, frappant ceux qu’elle pouvait et donnant des coups de pied à ceux qui étaient à terre. J’ai vu quatre morts. »
Alors que les manifestants se dispersaient dans les quartiers avoisinants, la police et les gendarmes les ont poursuivis, saccageant les habitations et les commerces des habitants des alentours. Deux femmes ont affirmé à HRW qu’elles avaient été violées par des membres des forces de sécurité.
Une étudiante de 19 ans préparait le repas du midi pour sa famille lorsqu’un important groupe de policiers est arrivé.
« Je les ai vus frapper certains de mes frères et j’ai couru à la maison. L’un des policiers est venu dans ma chambre. Comme les autres, il était habillé en noir et portait un gilet pare-balles. Il m’a poussée contre l’armoire. Avec sa main, il a déchiré le devant de ma chemise. Puis, il m’a violée. Son fusil appuyait contre mon épaule. Après, il est revenu et il a appuyé un couteau contre ma tête. J’ai pensé qu’il allait me tuer. »
Dans certains endroits, des étudiants et d’autres civils ont monté des barricades, brûlé des pneus, jeté des pierres aux forces de sécurité et brûlé des voitures. A Labé, des étudiants ont aussi commis des actes de vandalisme contre plusieurs édifices gouvernementaux, rapporte HRW.
L’organisation de défense des droits humains appelle le gouvernement guinéen à enquêter sur les responsables des exactions du 12 juin dernier et ajoute que le recours à la violence contre les manifestants est devenu un grave problème en Guinée.
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