Au cours du point de presse organisé jeudi par les autorités sénégalaises, suite à leur demande de suspension des rapatriements, Farba Senghor, ministre de l’agriculture et de la solidarité nationale, a déploré les conditions de rapatriement de ses compatriotes et souligné son indignation.
Quatre-vingt dix-neuf rapatriés des Canaries sont arrivés à Dakar sur un vol spécial affrété par les autorités espagnoles. En visite au Sénégal, le Secrétaire d’Etat espagnol aux Affaires étrangères, Bernardino Léon, avait déclaré quelques heures auparavant que l’Espagne envisageait de rapatrier dans les prochains jours 600 à 700 autres immigrés clandestins sénégalais.
Dès leur arrivée à l’aéroport de Dakar, les premiers rapatriés se sont plaints des mauvais traitements dont ils ont été victimes, arguant qu’ils n’ont pas été informés de la destination finale du vol et que certains d’entre eux ont été menottés pendant le voyage.
Commentant les déclarations des rapatriés, un officiel sénégalais, qui a requis l’anonymat, a confié a IRIN que lors de ce premier vol, « il y a eu des difficultés de telle sorte que le gouvernement a décidé de suspendre les autorisations de vol pour le retour des candidats à l’émigration vers l’Espagne ».
« Le Sénégal ne saurait cautionner une telle situation qui viole en outre les droits de l’homme », a-t-il ajouté.
Selon les rapatriés, les autorités espagnoles leur avaient promis de les acheminer à Malaga ou à Madrid, sans jamais mentionner la destination de Dakar.
« Ce n’est pas juste pour des responsables de procéder ainsi. Ils devaient leur dire la vérité sur le vol et sur leur sort », a-t-il renchéri.
A l’issue de son entrevue avec le chef de l’Etat sénégalais, maître Abdoulaye Wade, Bernardino Léon avait souligné que « le seul avenir pour la migration illégale est le retour, sinon, c’est la mort en mer ».
Près de 9 000 émigrants clandestins ont débarqué dans l’archipel espagnol des Canaries au cours des cinq premiers mois de l’année 2006, un chiffre proche du nombre record de 9 929 émigrants enregistrés toute l’année 2002.
Situées à 1 500 Kms du littoral sénégalais, les Iles Canaries sont pour les émigrants clandestins la porte d’accès à l’eldorado européen.
Et pour aider l’Espagne à juguler ce flux de clandestins, sept pays de l’Union européenne – Grande-Bretagne, France, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas et Portugal- démarreront bientôt des patrouilles conjointes avec Madrid aux larges de la côte de l’Afrique de l’ouest.
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