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La Banque Mondiale va reprend ses financements en faveur Tchad

Après des mois de contentieux sur l’utilisation des revenus du pétrole, la Banque mondiale (BM) et le gouvernement du Tchad sont parvenus à un accord intermédiaire, mais la reprise des financements de l’institution internationale pourrait servir acheter des armes plutôt qu’à financer des projets de développement.

Selon ce nouvel accord, le gouvernement tchadien, qui a récemment repoussé une attaque rebelle sur N’djamena, la capitale, disposera de 30 pour cent des revenus pétroliers, bien plus que les 10 pour cent initialement prévus, à condition que les 70 pour cent restant soient utilisés pour des « programmes prioritaires de lutte contre la pauvreté ».

L’année dernière, la Banque mondiale avait gelé les 100 millions de pétrodollars tchadiens déposés sur un compte londonien de la Citibank et suspendu le versement d’une partie des 124 millions de dollars de crédits au Tchad. Cette mesure faisait suite à la suppression par l’Assemblée nationale tchadienne du fonds spécial pour les générations futures, un compte exigé par la Banque mondiale en échange de son soutien financier à un projet de développement pétrolier de 3,7 milliards de dollars américains.

La décision prise jeudi par la Banque mondiale, et qui ne fait plus mention du fonds spécial, pourrait s’expliquer par la menace du Tchad d’arrêter l’exploitation pétrolière à la fin du mois, si aucun accord n’était trouvé pour lever le gel des comptes tchadiens.

« Bien que le gouvernement et la Banque mondiale n’aient pas encore conclu un accord global et définitif, ils sont parvenus à un accord intermédiaire », a indiqué le communiqué de la BM, publié mercredi à Washington DC.

Selon cet accord, le gouvernement tchadien devra apporter les correctifs appropriés dans le cadre de la loi budgétaire 2006.

Si cette loi est adoptée, la Banque mondiale déboursera, chaque mois, au cours du prochain trimestre, «un tiers des sommes totales en dépôt». La Banque a également accepté de reconduire les prêts destinés à financer des projets de développement.

A en croire certains analystes, cette nouvelle entrée d’argent pourrait servir à acheter des armes et à renforcer la sécurité nationale afin de protéger le gouvernement du Président Déby des attaques des rebelles et des déserteurs de l’armée déterminés à en finir avec son régime.

« C’est actuellement une urgence pour le gouvernement tchadien », a déclaré Jason Mosley, spécialiste Afrique à Oxford analytica, une société de consulting basée en Angleterre.

« Ils ont besoin de l’argent du pétrole pour acheter des armes et renforcer la sécurité. Si Deby réussit à faire adopter cette loi budgétaire par l’Assemblée nationale, et s’il détourne 30 pour cent de la première tranche, il lui restera encore assez d’argent pour investir dans la sécurité. Et compte tenu de la situation difficile dans laquelle il se trouve, mieux vaut ça que rien du tout », a expliqué M. Mostly.

Mais selon le communiqué de la BM, le Tchad s’est engagé à ne pas investir les prochains versements de la banque dans des dépenses militaires.

« Les autorités tchadiennes se sont également engagées à prendre des mesures similaires pour renforcer le contrôle, la transparence et la bonne gestion des revenus directs ou indirects du pétrole et de l’aide au développement », a précisé la BM dans son communiqué.

Pour M. Mostley, les moyens dont la Banque dispose pour obliger le Tchad à respecter ses engagements sont limités.

« La Banque a déjà eu à prendre des mesures de rétorsion à l’encontre du Tchad en suspendant le versement des crédits et en gelant son compte de la Citibank. Après avoir versé le premier tiers des sommes en dépôt, la Banque ne peut que geler les deux derniers versements. Je ne suis pas sûr pas que cela marchera, car la situation au Tchad est très instable », a renchéri M. Mostley.

Financé par la Banque mondiale à hauteur de 3,7 milliards de dollars, le projet pétrolier qui assure l’acheminement de la production quotidienne du Tchad – 170 000 barils - vers le terminal pétrolier de Kribi, au Cameroun, avait été présenté comme un modèle du genre du fait que les ressources naturelles du pays devaient bénéficier aux populations et qu’un contrat fixait le mode de gestion des recettes engendrées.

Mais les problèmes ont surgi dès 2003, lorsque le Président Deby s’est servi des premiers produits de la vente du pétrole - 3 millions de dollars – pour acheter des armes.

Selon le nouvel accord, le Tchad s’est également engagé à renforcer et à étendre les prérogatives du Comité de gestion - organe indépendant chargé de superviser l’affectation et l’utilisation des revenus pétroliers du Tchad dans le cadre des projets de lutte contre la pauvreté.

Contacté par IRIN, un membre du Comité de gestion a affirmé qu’il ne peut commenter les nouvelles mesures de transparence car son institution n’a pas été consultée lors de la signature du nouvel accord ou n’a pas été informée des mesures de transparence envisagées.

Pays désertique et enclavé, le Tchad est le cinquième pays le plus pauvre de la planète, selon l’ONU. Cette ancienne colonie française est confrontée à de graves problèmes de développement et a été le théâtre d’une guerre civile pendant bonne partie de ses 46 années d’indépendance.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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