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Fin d'une campagne électorale historique sur fond de polémique

Malgré les difficultés liées au démarrage de l’organisation des élections, les candidats sillonnent les quartiers et les villes du Bénin, de nombreuses affiches sont placardées sur les panneaux à travers le pays, l’ambiance est festive et la communauté Vodoun participe à sa manière au grand bal électoral en priant pour la paix.

Démarrée le vendredi 17 février, la campagne électorale prend fin le 3 mars.

Le 5 mars, les électeurs béninois se rendront aux urnes pour élire un nouveau président et une page se tournera définitivement pour deux des plus éminents politiciens de ce petit pays d’Afrique de l’ouest, le président sortant, Mathieu Kérékou, qui termine son deuxième mandat consécutif, et l’ex-président Nicéphore Soglo. Les deux hommes ayant chacun plus de 70 ans – la limite d’âge fixée par la Constitution -, ils ne peuvent plus briguer un mandat présidentiel.

Leur départ de la scène politique ouvre la voie à une multitude de prétendants à la présidence, et les 26 candidats en lice, dont deux femmes, parcourent le pays à la recherche d’un soutien populaire.

Sur les affiches électorales placardées à travers ce pays de sept millions d’habitants, on peut lire : « Ca va changer » ! « Ca doit changer », « Un homme d’expérience », «Il connaît mieux le pays ».

Et dans cette ferveur électorale, musiciens et danseurs participent aux meetings des partis politiques dont les caravanes des candidats en campagne sont accompagnées par une escouade de motos taxis en uniforme, les célèbres « zémidjans », louées pour la circonstance.

Malgré les difficultés financières liées à l’organisation du scrutin et les nombreux problèmes rencontrés au cours de l’inscription des électeurs, la campagne électorale qui s’achève vendredi s’est déroulée sans accrocs.

« Nous les jeunes d’aujourd’hui, nous avons si bien compris la chose qu’il ne peut y avoir de violence », fait remarquer Samson Djimédo.

« Chez moi, par exemple, ma mère et me sœurs supportent Boni Yayi, alors que moi je suis pour Séverin Adjovi et mon père pour Adrien Houngbédji. Nous sommes tous engagés dans la journée, et le soir on se retrouve tous à la maison », a-t-il ajouté.

Dans ce pays considéré comme un modèle de démocratie dans une Afrique de l’ouest instable, des ONG lancent des messages de paix et d’unité sur les ondes des radios et télévisions du pays, et les communautés religieuses et vodoun organisent des séances de prières pour la paix et la tenue d’élections pacifiques.

[Benin] President Mathieu Kerekou of Benin, July 2005.
Le Président sortant, Mathieu Kérékou qui termine son deuxième mandat consécutif

Quelques accrocs dans le processus d'inscription sur les listes électorales

Le scrutin présidentiel de dimanche prochain est le quatrième du genre organisé au Bénin depuis le retour au multipartisme en 1990, et après près de deux décennies de parti unique et de régime marxiste léniniste installé par Kérékou, général à la retraite et instigateur du coup d’Etat de 1972.

Battu aux élections présidentielles de 1991 par Nicéphore Soglo, Kérékou est revenu au pouvoir en remportant les scrutins de 1996 et de 2001. Surnommé le « caméléon », il a su troquer son costume de communiste contre celui de chrétien évangélique.

Fin 2005, après le discours du ministre des finances révélant l’incapacité du gouvernement à financer les élections en raison la crise économique que traverse le pays, les leaders de l’opposition ont accusé les partisans de Kérékou de vouloir modifier la Constitution pour lui permettre de se représenter.
Mais pour dissiper ces doutes, le président avait indiqué à maintes reprises qu’il ne modifiera pas la Constitution et qu’il quittera le pouvoir à la fin de son mandat.

Quant au budget électoral, de plus de 19 milliards de francs CFA (34,7 millions de dollars) au départ, il est passé à 10 milliards de francs CFA (18 millions de dollars), avant d’être définitivement fixé à 6,6 milliards de francs CFA (12 millions de dollars) un montant dont les deux tiers – 4,5 milliards (8 millions de dollars) – proviennent de la communauté internationale.

La réduction du budget électoral a déclenché une vague de protestations au Bénin et de nombreux citoyens béninois ont décidé d’apporter leur contribution financière pour l’organisation du scrutin présidentiel. Cette situation a également perturbé les inscriptions sur les listes électorales, étape indispensable pour la délivrance de carte d’électeur. Certains agents recenseurs estimant leur prime journalière insuffisante ont refusé de travailler et d’autres ont gardé par devers eux les listes électorales.

Le dernier obstacle - et non des moindres - susceptible de gâcher ces élections historiques est la polémique actuelle autour du nombre d’électeurs que la CENA fixe à 3 951 029, un chiffre que les candidats et les observateurs trouvent bien trop élevé.

En effet, au cours d’un débat télévisé, le statisticien Michel Makphenon a affirmé que ce nombre est irréaliste, l’estimant plutôt à 3,6 millions, soit 300 000 électeurs de moins.

Cette polémique annonce-t-elle des troubles au Bénin, si des fraudes et irrégularités sont signalées la semaine prochaine à l’issue du scrutin de dimanche ?

« Nous devons faire attention à la manière dont le scrutin va se dérouler et à la proclamation des résultats. Tous nos espoirs ou nos craintes reposent dessus », a indiqué le professeur de droit Robert Dossou. « Pour le moment la campagne se déroule normalement ».

« Je ne crains pas tant les actes de violence, mais on ne peut rien exclure », a-t-il ajouté. « Les dernières élections se sont déroulées pacifiquement ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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