« Le temps est venu … pour que le citoyen mauritanien puisse tirer profit de l’exploitation des richesses nationales sur la base des principes d’égalité et d’équité », a déclaré le Premier ministre mauritanien mercredi à la cérémonie d’installation du Comité national de l’initiative pour la transparence des industries extractives qui a eu lieu dans la capitale Nouakchott.
L’exploitation du brut mauritanien a débuté vendredi, alors que la communauté internationale attend de voir sur la Mauritanie réussira ce que tant d’autres ont raté, à savoir affecter une partie de la manne pétrolière aux programmes de réduction de la pauvreté et à l’amélioration des conditions de vie du plus grand nombre.
Dans son discours d’ouverture, le Premier ministre, Sidi Mohamed Ould Boubacar, s’est exprimé en ces mots: « Le gouvernement entend prendre les dispositions appropriées pour prévenir une telle dérive [le détournement des ressources] et pour garantir que les revenus tirés des industries extractives puissent avoir une contribution appropriée au développement économique et à la réduction de la pauvreté ».
Outre ses nouveaux champs pétrolifères, la Mauritanie dispose d’abondantes ressources minérales telles que le fer, le cuivre et des eaux poissonneuses, mais cette opulence ne s’est pas traduite par l’amélioration des conditions de vie de sa population.
L’installation du comité fait suite à l’adhésion de la Mauritanie, en septembre dernier, à l’initiative de transparence des industries extractives – un mécanisme international destiné à améliorer la transparence et la bonne gestion des ressources naturelles - adoptée en 2001 en Afrique du Sud. Selon plusieurs analystes, cet engagement, maintes fois réitéré par la junte, est un signe encourageant, encore faut-il qu’il y ait des mécanismes de mise en œuvre au plan national.
Depuis son accession au pouvoir, à la suite du coup d’Etat sans effusion de sang d’août 2005, la junte a affirmé à plusieurs reprises qu’elle allait ouvrir une nouvelle ère de transparence et de démocratie dans la gestion des affaires publiques.
Le comité comprend des représentants du gouvernement, d’entreprises extractives et de la société civile, notamment de la presse, des syndicats et des ONG. Tout en se félicitant du processus, de nombreux observateurs ont déploré dans un premier temps la faible représentation de la société civile. Jeudi, après avoir interpellé le gouvernement, deux représentants supplémentaires de la société civile, dont un membre d’une coalition d’ONG locales, aurait rejoint le comité.
L’exploitation du champ de pétrole offshore de Chinguetti, situé dans l’océan Atlantique, à quelque 70 km au large de Nouakchott, a débuté vendredi et devrait produire 75 000 barils par jour. Des recherches sont encore en cours et les experts prédisent une production bien supérieure dans les années à venir.
Les pétrodollars pourraient bénéficier à la population de la Mauritanie, pays sahélien pauvre dont plus de la moitié des 2,9 millions d’habitants vit de l’agriculture et de l’élevage.
Si la manne pétrolière mauritanienne contribue à l’amélioration des conditions de vie de la population, elle créera un précédent dans la région. La région pétrolifère du sud du Nigeria est l’une des plus pauvres du pays et le gouvernement du Tchad – nouveau pays africain producteur d’or noir - s’est approprié un fonds créé avec les revenus du pétrole et soutenu par la Banque mondiale.
Ce fonds était destiné aux plus démunis et aux générations futures. Dans les autres pays non plus, notamment l’Angola et la Guinée Equatoriale, le pétrole ne semble pas avoir davantage profité à la majorité.
A travers l’installation de ce comité, le gouvernement entend démontrer une nouvelle fois son attachement à la bonne gouvernance. Cependant, de nombreux analystes craignent que dès qu’elle commencera à toucher les revenus de l’exportation pétrolière, la junte ne s’accroche au pouvoir et ne trahisse sa promesse de le restituer à un gouvernement civil élu d’ici le mois de mars 2007.
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