« Nous ne comprenons plus rien. Il y a trop de cafouillage entre la CENA (Commission électorale nationale autonome) et le gouvernement et cela n'encourage guère à participer au scrutin », a confié à IRIN Nouratou Zounon, une vendeuse de légumes au marché Ganhi de Cotonou, la capitale économique du pays.
Les citoyens du Bénin, pays ouest africain qui compte sept millions d’habitants, seront appelés aux urnes le 5 mars pour trouver un successeur au président Mathieu Kérékou. Agé de 72 ans, ce dernier, qui a passé près de trente ans au pouvoir, est frappé par la limite d’âge de 70 ans inscrite à la Constitution, et ne brigue pas de troisième mandat consécutif.
Le gouvernement béninois a longtemps agité le spectre du report du scrutin en raison de difficultés financières supposées, mais il s’est résolu à effectuer les décaissements pour la commission électorale sous la pression de la rue. Désormais, c’est la grève entamée par les agents électoraux qui menace le scrutin.
Les opérations de recensement en vue de l’établissement des cartes d’électeurs ont débuté le 21 janvier pour s’achever le 6 février.
Mais à deux jours de la clôture des inscriptions, les membres de plusieurs Commissions électorales d’arrondissement (CEA) de Cotonou et des environs ont paralysé les opérations de recensement et de délivrance de cartes d’électeurs pour réclamer la hausse de leurs primes journalières.
« Il y a une injustice dans la répartition des primes », a déclaré à IRIN Norbert Codjia, un agent qui officie dans le 12ème arrondissement de Cotonou. Il a précisé que les membres des commissions électorales départementales (CED) recevaient 12.000 francs CFA, ceux des commissions communales (CEC) 8.000 francs CFA, tandis que ceux des CEA avaient touché à peine 2000 francs CFA, bien moins qu’ils ne l’escomptaient.
Etabli à près de 20 milliards de dollars dans un premier temps, le budget de la CENA, prévu notamment pour l’informatisation des listes électorales et la création de 5000 postes au niveau des arrondissements du pays, a été divisé par trois par les autorités.
La CENA a donc revu ses ambitions à la baisse, mais a conservé les agents des CEA, auxquels le gouvernement béninois n’a consenti qu’à accorder 2000 francs CFA par jour.
En dépit des négociations entamées par la CENA, certains agents électoraux ont confisqué les listes électorales, les procès-verbaux et les cartes d’électeurs non attribuées.
A deux jours du lancement de la campagne électorale, qui verra évoluer 26 candidats, la Commission électorale nationale ne connaît toujours pas le nombre des inscrits au plan national.
Hier, Sylvain Nouwatin, le président de la CENA, a menacé de poursuivre les agents qui ont confisqué les documents électoraux.
« Les CEA, en agissant de la sorte, tombent sous le coup de la loi électorale », a-t il indiqué à la presse. La législation béninoise prévoit des peines de six mois à un an d’emprisonnement et une amende de 10 à 25 millions de francs CFA pour ceux qui se rendent coupables de « conserver par devers eux tout ou partie » des documents électoraux.
Pour Atayi Guédègbè, Président de l’ONG Nouvelle Ethique, et Conseiller auprès de la CENA, il est impératif de trouver un compromis avec les agents électoraux.
« Il y a des incertitudes par rapport à l’armée des agents électoraux qu’il faut lever », a-t-il déclaré.
« S’ils traînent encore sur les résultats, ce sera la catastrophe après tous les efforts consentis depuis six mois pour faire tenir l’élection ».
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