A l’issue de la dernière campagne agricole, le Niger, pays sahélien qui porte encore les stigmates de la grave crise alimentaire qui a affecté en 2005 près de 3,5 millions de personnes, a enregistré un excédent céréalier de 21 000 tonnes en mil, sorgho et maïs, ainsi qu’un excédent fourrager, a annoncé le ministre nigérien des Ressources animales Abdoulaye Jina mercredi.
« En dépit de cet excédent, 1 810 356 personnes réparties dans 1017 villages risquent une crise alimentaire, du fait de semis tardifs, de l'arrêt précoce des pluies, et du lessivage des sols », a souligné M. Jina.
Selon le ministre, le tiers des villages qui connaîtront des difficultés sont situés en zone agropastorale, notamment à Agadez et à Diffa, où les populations semi-nomadiques pratiquent essentiellement l’élevage et ne parviennent pas à couvrir leurs besoins en céréales.
La forte sécheresse de l’année de l’année dernière, combinée à une grave invasion acridienne, a provoqué un déficit céréalier équivalant à sept pour cent de la production céréalière annuelle moyenne de ce pays.
Mais la crise alimentaire d’ampleur qu’elle a provoquée et qui a affecté le tiers de la population du Niger, pays le plus pauvre au monde, selon l’indice de développement humain des Nations unies, est loin d’être résorbée.
Dans ce vaste pays aride, la désertification croissante et le taux de fécondité des femmes nigériennes - le plus élevé au monde – expliquent en partie les difficultés que rencontre le Niger qui, « même lorsque les récoltes sont bonnes, ne parvient pas à nourrir toute sa population », selon Daddy Dan Bakoye, le chef de la division statistiques du ministère de l’agriculture.
En outre, les ménages subissent encore les conséquences dévastatrices de la crise alimentaire de cette année.
« La plupart des Nigériens se sont endettés pour pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles », a indiqué M. Bakoye.
Ainsi, un paysan qui, au plus fort de la crise, a emprunté de l’argent pour acheter un sac de 100 kg de mil à 30 000 CFA (60 dollars), soit le triple du prix normal, devra maintenant vendre trois sacs de mil pour s’acquitter de sa dette, a-t-il expliqué.
Les résultats préliminaires d’une enquête effectuée par le Programme alimentaire mondial (PAM) auprès des ménages vivant en milieu rural et rendus publics ce mois-ci montrent que 13 pour cent des ménages, soit 1,22 millions de Nigériens, sont en situation d’insécurité alimentaire sévère. Ils disposent de moins de trois mois de réserves de céréales, ont vendu la plupart de leurs animaux et ont contracté des dettes importantes.
Selon l’enquête, l’insécurité alimentaire sévère et modérée est surtout présente dans les régions de Dosso et de Tahoua, où elle affecte la moitié de la population, Tillaberi, Agadez et Maradi, où elle concerne le tiers des ménages, et Diffa et Zinder, où elle est présente dans 15 pour cent des foyers.
Mercredi, le PAM a prévenu que le Niger pourrait connaître une crise alimentaire pour la deuxième année consécutive, si la communauté internationale ne lui apportait pas davantage d’aide, et a requis 20,3 millions de dollars pour pouvoir nourrir les personnes vulnérables jusqu’au mois de mars 2006.
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