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Nouveau revers de la médiation africaine

Malgré leur détermination politique, trois éminents chefs d’Etat africains, médiateurs dans la crise ivoirienne, ne sont pas parvenus mercredi à proposer un Premier ministre de consensus et à ramener la paix dans un pays déchiré par trois années de guerre civile.

Les présidents Olusegun Obasanjo du Nigeria, Thabo Mbeki d’Afrique du sud, et Mamadou Tandja du Niger, sont rentrés bredouille, après une visite éclair de 24 heures qui ne leur à pas permis d’offrir à la Côte d’Ivoire, un pays coupé en deux, un nouveau chef de gouvernement acceptable par toutes les parties.

Chargés de mettre en œuvre le plan de paix des Nations unies (ONU), les trois chefs d’Etat avaient réussi à obtenir une première liste de 16 noms, réduite ensuite à deux, mais la désignation d’un Premier ministre de consensus s’est avérée impossible.

« Aucune de ces deux personnalités n’a rencontré l’adhésion de toutes les parties signataires de l’accord de Linas-Marcoussis», a déclaré M. Obasanjo à la presse avant de monter dans l’avion qui le ramenait au Nigeria.

« Nous ne considérons pas que cette situation soit un échec, c’est plutôt un défi… la méthodologie n’a pas produit les résultats escomptés. Nous allons la changer et nous espérons que d’ici dix jours, nous serons de retour », a-t-il déclaré, sans s’étendre sur le sujet.

La médiation des trois chefs d’Etat a été le dernier revers dans la recherche d’une solution au conflit qui oppose depuis trois ans le président Laurent Gbagbo, qui contrôle le sud du pays, au les rebelles, qui occupent le nord du pays depuis la tentative avortée de coup d’état de septembre 2002.

Le mandat de Gbagbo avait pris fin le mois dernier et des élections présidentielles devaient se dérouler le 30 octobre. Mais les rebelles et les milices pro-gouvernementales n’ayant pas désarmé et les listes électorales n’ayant pas été révisées, le pays est resté coupé en deux.

Face à la menace d’une crise constitutionnelle, le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté la résolution 1633 qui prolonge d’un an le mandat de Gbagbo et recommande la désignation d’un nouveau Premier ministre de consensus doté de tous les pouvoirs de l’exécutif.

Dès lors, le choix d’une personnalité rencontrant l’adhésion de toutes les parties s’est avéré difficile.

Sur les seize candidats proposés le mois dernier, les médiateurs avaient retenu quatre : deux personnalités, proposées par les parties de l’opposition et les rebelles, et deux autres, proposés par M. Gbagbo et le parti au pouvoir, le Front populaire Ivoirien (FPI).

A l’issue des concertations menées la semaine dernière en Côte d’Ivoire par le ministre nigérian des Affaires étrangères, Oluyemi Adeniji, deux personnalités avaient été retenues pour le poste de Premier ministre : le général Ouassénan Koné et le banquier Tiémoko Yadé.

M. Koné est actuellement le président du groupe parlementaire de l’ancien parti au pouvoir, le Parti démocratique de la Cote d’Ivoire (PDCI). En 2003, il avait été pressenti par les forces des rebelles pour occuper le poste de ministre de la Défense au sein du gouvernement de réconciliation nationale. M. Gbagbo s’était catégoriquement opposé à cette candidature.

En outre, M. Koné est très impopulaire dans la région natale de Gbagbo où il avait violemment réprimé une rébellion dans les années 1970, alors qu’il était officier de l’armée.

Le deuxième candidat, le banquier Tiémoko Yadé, est proche du Rassemblement des républicains (RDR), un parti de l’opposition. Les partisans de Gbagbo l’accusent de soutenir financièrement la rébellion.

Après le départ des médiateurs, l’ensemble de l'opposition politique, regroupée au sein de l’alliance Houphouétiste, du nom de premier président de la Côte d’Ivoire indépendante, a publié un communiqué condamnant le rejet par M. Gbagbo des deux candidats et appelant la médiation à prendre ses responsabilités.

« [L’Alliance] exhorte les présidents Obasanjo, Mbéki et Tandja, avec le concours du secrétaire général des Nations unies, à choisir le nouveau Premier ministre parmi les deux personnalités proposées », a indiqué le communiqué.

Un diplomate occidental a confié à IRIN qu’il était « déçu, mais pas surpris » par le récent échec du plan de paix soutenu par l’ONU. Selon certains analystes, la nomination du nouveau Premier ministre pourrait être un obstacle politique de taille dans les prochains mois.

Selon la coalition de l’opposition, cet échec n’est pas dû à la méthodologie de travail des médiateurs mais plutôt au refus catégorique de Gbagbo d’accepter les deux candidats, a déclaré un porte-parole.

« Les noms de Ouassénan Koné et de Tiémoko Yadé ont été retenus [mais] Gbagbo s’est opposé à la nomination de l’une ou l’autre des deux personnalités au poste de Premier ministre », a déclaré Cissé Bacongo du RDR.

« Nous devons continuer à chercher [un premier ministre] puisque nous n’avons pas été en mesure de trouver un candidat acceptable par toutes les parties », a déclaré M. N’Guessan. « Et si l’opposition avait accepté les noms que nous avions proposés, il n’y aurait pas eu de problèmes ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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