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Laurent Gbagbo joue les prolongations et les rebelles s’arrogent la Primature

Le président ivoirien Laurent Gbagbo a entamé, lundi, sa sixième année au pouvoir, grâce à la prolongation de son mandat approuvé par les Nations unies (ONU), faisant fi des appels à la mobilisation lancés par l’opposition pour exiger son départ à la fin de son quinquennat et des revendications des Forces nouvelles pour s’arroger le poste de Premier ministre.

Dimanche soir, le président est apparu à la télévision nationale et a réaffirmé qu’il resterait à la tête de la Côte d’Ivoire, un pays coupé en deux depuis la tentative avortée d’insurrection de septembre 2002, jusqu’à la tenue de nouvelles élections.

« Je n’accepterai jamais la décapitation de l’Etat de Côte d’Ivoire », a déclaré le président quelques heures après que des milliers de partisans de l’opposition aient organisé un rassemblement pour demander son départ. « C’est pour garantir la mise en oeuvre du principe de la continuité de l’Etat…que notre Constitution charge le Président de la République de demeurer en fonction », a-t-il ajouté.

Le scrutin présidentiel qui aurait dû avoir lieu dimanche dernier en Côte d’Ivoire, poumon économique de l’Afrique de l’ouest, devait mettre fin à la situation de ni paix ni guerre qui prévaut depuis trois ans.

Mais un mois avant le 30 octobre, la date prévue pour les élections, les Nations unies ont déclaré que le scrutin ne pourrait avoir lieu à cette date en raison de l’intransigeance des parties.

L’organisation onusienne a par conséquent approuvé la proposition de l’Union africaine de prolonger d’une année le mandant du président Gbagbo.

Dimanche, le président Gbagbo a indiqué qu’il souhaitait que des élections présidentielles soient organisées bien avant le délai imparti.

« C’est la mission que je confierai au nouveau Premier ministre que nous désignerons dans quelques jours ».

Mais le discours du président à la nation a laissé de marbre les rebelles qui contrôlent le nord du pays. Peu de temps après la déclaration du président Gbagbo, ils ont déclaré qu’ils avaient choisi comme Premier ministre leur secrétaire général de 33 ans, Guillaume Soro.

« Le Secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Kigbafori Soro, est désigné Premier ministre du futur gouvernement de réconciliation nationale », indique la déclaration rendue publique moins de deux heures après le discours télévisé du président Gbagbo. « Le mandat présidentiel de Monsieur Laurent Gbagbo est bel et bien fini ».

La déclaration unilatérale de M. Soro a été accueillie avec mépris par le gouvernement.

« Je ne prends pas leur déclaration au sérieux. Je ne prends même pas M. Soro au sérieux », a déclaré à IRIN le porte-parole du gouvernement, Désiré Tagro.

Les chefs des partis de l’opposition ont eux aussi déclaré que les rebelles n’avaient pas l’autorité pour choisir le Premier ministre.

« Les Forces nouvelles ne peuvent pas choisir un premier ministre. Ils peuvent proposer un nouveau Premier ministre. Ce n’est pas la même chose », a déclaré Alphonse Djédjé Mady de la coalition du G7, qui regroupe les partis de l’opposition et les Forces nouvelles.

Selon des sources diplomatiques, le nouveau Premier ministre sera désigné à l’issue d’une réunion spéciale entre les signataires du premier accord de paix, dit accord de Marcoussis, signé en janvier 2003, qui a été la base de toutes les tentatives de médiation ultérieures.

Cette réunion, qui avait été programmée le week-end dernier, sera présidée par le président en exercice de l’Union africaine et chef d’Etat nigérian, Olusegun Obasanjo, ainsi que par le président sud africain Thabo Mbeki, qui a assumé depuis un an les offices de médiateur pour le compte de l’Union africaine.

« En raison de la perte tragique de sa femme, le président Obasanjo du Nigeria n'a pas pu se rendre en Côte d'Ivoire », a déclaré le week-end dernier le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan.

Dimanche, des milliers de partisans de l’opposition ivoirienne se sont rassemblés dans un stade d’Abidjan, la ville capitale économique du pays, en chantant « Bye bye Gbagbo ». Le rassemblement s’est déroulé sans incident.

Les menaces de déloger Gbagbo du palace présidentiel à partir de minuit et à l’expiration de son mandat, n’ont pas été mises à exécution.

Pour beaucoup d’Ivoiriens, la vie avait repris son cours normal lundi. Les voitures circulaient sur les larges boulevards, les clients se bousculaient devant les étals des marchés et les vitrines des magasins, mais derrière cette activité, se cachait un sentiment de résignation.

« C’est pas bien que Gbagbo reste au pouvoir. Mais qu’est-ce qu’on peut dire ? C’est pas à nous de dire à un grand homme comme ça qu’il doit partir », a déclaré Youssoumo alors qu’il avalait une gorgée d’eau sous la chaleur accablante de midi.

« C’est aux Nations unies de résoudre les problèmes de la Côte d’Ivoire, et c’est urgent. Chaque mois qui passe apporte son lot de souffrance ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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