La crainte d’une reprise des hostilités était de plus en plus palpable durant les semaines qui ont précédé la date fatidique, mais grâce à l’important déploiement des forces de défense et de sécurité dans les rues, aucune agitation majeure n’est venue perturber la journée du 30 octobre.
Vêtus de t-shirts portant les inscriptions « le 30 octobre, Gbagbo dehors » et scandant « Au revoir Gbagbo », les jeunes partisans de l’opposition se sont rassemblés dans un stade du quartier de Treichville à Abidjan, la capitale.
« Nous sommes ici pour dire à la communauté internationale que le mandant de Laurent Gbagbo et du FPI (front populaire ivoirien) est terminé », a déclaré Fofana Yaya, sous un soleil de plomb.
« En cinq ans, ils se sont enrichis pendant que nous nous appauvrissions. Il doit partir. Je suis prêt à marcher sur la présidence aujourd’hui à minuit », a ajouté Yaya.
Minuit marque la fin du quinquennat de Gbagbo.
Les leaders de l’opposition ont rejeté la décision de l’ONU de prolonger d’un an le mandat de Gbagbo afin qu’il organise les élections, aidé du nouveau premier ministre.
Depuis le coup d’état avorté en septembre 2002, la Cote d’Ivoire a été coupée en deux entre un sud dirigé par le gouvernement et un nord dirigé par les rebelles. Et dans un climat de ni paix ni guerre les revendications de manifestants étaient personnelles.
« Nous avons des diplômes, mais nous ne pouvons pas trouver de travail », a déclaré Hélène Konan, une jeune femme d’une vingtaine d’années. « Seuls les militants du FPI obtiennent des emplois dans l’administration et toutes les compagnies privées ont fermé. Nous ne voulons plus d’un président comme Gbagbo ».
Les manifestations dans la rue sont interdites en Cote d’Ivoire, mais les organisateurs du meeting de dimanche ont contourné l’interdiction en présentant le rassemblement comme une fête, organisée dans un espace confiné, pour célébrer la qualification de l’équipe nationale de football à la coupe du monde 2006.
Pas d'incidents majeurs
La dernière marche organisée dans les rues d’Abidjan par les partisans de l’opposition remonte à mars 2004. Les forces de sécurité et des groupes des milices pro-Gbagbo avait réprimé cette manifestation, faisant au moins 120 morts, selon une enquête de la Commission des droits de l’hommes de l’ONU.
Le rassemblement de dimanche s’est passé très calmement, malgré un incident isolé, au cours duquel, selon des témoins, la police aurait fait usage de du gaz lacrymogènes pour disperser certains partisans, qui quittaient le stade, s’en sont pris à un homme qu’ils accusaient d’être un agent de police.
Durant la journée de samedi, les forces de sécurité avaient effectué les derniers exercices d’une série de manœuvres militaires qui avaient entraîné la fermeture de l’un des principaux ponts de la capitale Abidjan.
Acclamés par des milliers de résidents venus spécialement pour le spectacle, un hélicoptère et une demi douzaine de bateaux militaires ont exécuté des opérations de recherche et de sauvetage.
Diffusées sur la chaîne de télévision nationale, ces opérations ont été décrites dans la presse locale comme une démonstration de force après une rumeur de coup d’état et les menaces lancée par l’opposition de déloger Gbagbo par la force.
Les habitants de Bouaké, fief des forces rebelles, n’ont pas été impressionnés et dimanche, des centaines d’entre eux ont marché dans les rues pour demander le départ de Gbagbo.
La manifestation s’y est également déroulée dans le calme mais le porte-parole des rebelles, Sidi Konaté, a déclaré dimanche que les Forces nouvelles étaient prêtes à utiliser « tous les moyens nécessaires » pour faire partir Gbagbo.
L’un des principaux groupes pro-Gbagbo, les Jeunes patriotes, devaient organiser un rassemblement dimanche, mais ils ont dû le reporter à mardi afin d’éviter d’éventuels accrochages avec l’opposition.
La réunion, qui devait rassembler à Yamoussoukro tous les signataires de l’accord de paix de 2003 et permettre d’aplanir les différences entre les fractions ivoiriennes pour désigner le nouveau premier ministre a également été reportée.
Elle devait être présidée par Olusegun Obasanjo, le chef d’Etat nigérian et le président en exercice de l’Union Africaine (UA) et son, homologue sud-africain et médiateur de l’UA, Thabo Mbeki.
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