« Nous avons décidé d’organiser des examens parce que le ministre national de l’éducation a refusé de le faire, ce que nous qualifions de génocide culturel », a déclaré à IRIN lundi Mamadou Togba, le Secrétaire national aux Affaires sociales des Forces nouvelles.
Des centaines de milliers d’élèves en fin de cycle n’ont pu passer d’examen scolaire annuel depuis que le pays a été divisé en deux suite à une tentative de coup d’état en septembre 2002 qui a engendré une guerre civile.
Selon Togba, de nombreux élèves ont payé leurs droits d’inscription ces dernières années, mais n’ont pas été en mesure de passer leur examen final.
« Le ministère de l’éducation a empoché les frais de scolarité de 72 000 élèves qui voulaient passer l’examen en 2003-2004 et de 93 000 autres en 2004-2005. Le refus du ministère de l’éducation d’organiser les examens est donc une violation de la convention sur les droits des enfants qui a été ratifiée par la Côte d’Ivoire », a déclaré Togba.
S’exprimant à la télévision nationale la semaine dernière, le ministre de l’éducation Michel Amani N’Guessan s’est engagé à organiser les examens de premier et deuxième cycle pour les élèves établis au nord du pays, mais il n’a pas précisé de date.
Mais Youssouf Oumar, le Représentant du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) en Côte d’Ivoire, a déclaré à IRIN que le gouvernement pourrait annoncer la date des examens dans les prochains jours.
Les élèves ivoiriens parvenant en fin de cycle doivent passer des examens qui conditionnent leur passage au niveau supérieur. S’ils n’obtiennent pas l’examen d’entrée au secondaire avant l’âge de 15 ans, ils sont écartés du système scolaire régulier.
La décision des rebelles des Forces nouvelles a été prise à l’issue d’une réunion de trois jours qui s’est achevée vendredi dans la ville de Korhogo, tenue par les rebelles.
« Puisque le ministère de l’éducation a lancé le processus d’examens, personne dans le futur ne pourra remettre en question la validité des diplômes », a déclaré le colonel Major Sinima Bamba, responsable de la sécurité du déroulement des examens pour le compte des forces rebelles.
Le porte parole du ministère de l’éducation, Etienne Tanoh, a déclaré à IRIN que les rebelles avaient pris cette décision sans consulter son ministère.
« Nous n’avons pas de commentaires à faire. Les rebelles ont décidé d’organiser des examens dans leur zone, nous ne pouvons contester cette décision », a t-il affirmé.
Les rebelles ont fixé à 2 600 CFA, soit environ 5 dollars américains, le montant des frais d’inscription aux examens des élèves du premier cycle.
Mais ils n’ont pas déterminé qui mettrait les examens en place, ou quel organe validerait les résultats.
Oumar, qui a travaillé avec le ministère de l’éducation pour trouver une solution au problème des examens, a exhorté les rebelles à la patience.
« C’est au ministère de l’éducation d’organiser les examens », a-t-il déclaré, en mettant en garde contre la confusion que la tenue d’un double système d’examens pourrait entraîner. « L’UNICEF demande au peuple du nord, qui a attendu depuis si longtemps, d’attendre quelques jours de plus ».
Durant l’année scolaire 2002-2003, 230 000 élèves vivaient en zone rebelle.
Des milliers de fonctionnaires, dont de nombreux professeurs, ont fui la zone rebelle dès les premiers jours de la guerre et ne sont jamais rentrés, laissant plusieurs écoles vides ou fonctionnant tant bien que mal grâce à l’aide fournie par des professeurs bénévoles.
A la fin de l’année scolaire 2002-2003, quelque 75 000 enfants ont passé les examens dans le nord rebelle, mais depuis que les parties en guerre essayent de trouver une formule pour la paix et la réunification, les examens n’ont pas eu lieu.
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