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L'ONU devra prendre des mesures plus radicales - International Crisis Group

Il est encore temps d’agir pour sauver le processus de paix en Côte d’Ivoire, mais cela nécessitera une intervention décisive des Nations unies pour empêcher que le pays ne sombre à nouveau dans la violence, selon un rapport publié mercredi par l’organisation International Crisis Group, basée à Bruxelles.

« Il est clair pour tous maintenant que c’est notre dernière chance pour amener la Cote d’Ivoire aux élections…une intervention décisive est nécessaire », a confié à IRIN Gilles Olakounle Yabi, analyste à International Crisis Group.

Le rapport prévient que si des mesures radicales ne sont pas prises pour mettre fin définitivement aux hostilités déclenchées par la rébellion en septembre 2002 qui a entraîné la partition du pays, la Côte d’Ivoire pourrait bientôt figurer sur la liste des Etats africains ravagés par un conflit interethnique au cours de la dernière décennie.

Ce rapport de Crisis Group est paru un jour avant la réunion spéciale du Conseil de sécurité des Nations unies à New York qui doit étudier la proposition de l’Union africaine (UA) d’accroître l’effectif des 6 000 casques bleus déployés en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao.

Les trois années du processus de paix auraient dû être ponctuées par les élections présidentielles du 30 octobre, mais la quasi-totalité des échéances clés fixées en prévision des élections n’a pas été respectée. Le secrétaire général de l’ONU a accusé le mois dernier les différentes parties en conflit d’être responsables de cet échec.

Le mandat du président Laurent Gbagbo expire officiellement dans moins de trois semaines, mais les élections présidentielles ayant été reportées, l’Union africaine propose de prolonger son mandat de 12 mois pour éviter une « crise constitutionnelle ».

« Si le 13 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU ne renforce pas les mesures de l’UA et ne propose pas un plan ambitieux de sortie de crise sur 12 mois, les risques d’une catastrophe sont toujours présents », a indiqué Crisis Group dans son rapport. « Les machettes et les AK-47 reprendront assez vite du service ».

Une période transitoire de douze mois

Dans l’éventualité où les élections présidentielles n’ont pas lieu dans les 12 prochains mois, Crisis Group recommande à l’UA d’installer un gouvernement de transition composé uniquement de représentants de la société civile.

Un représentant de l’ONU sera chargé d’organiser des élections crédibles et le problème récurrent de la nationalité devra être résolu une fois pour toutes, a suggéré le rapport.

« Le problème de la nationalité est un élément clé de la crise en Côte d’Ivoire. C’est un vieux problème – qui n’a pas été créé par M. Gbagbo, mais les principaux acteurs politiques en sont solidairement responsables », a déclaré M. Yabi de Crisis Group.

Henri Konan Bédié, l’ancien président et actuel leader du principal parti de l’opposition, le Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI), a utilisé la nationalité comme une arme politique pour écarter son principal adversaire politique de la course aux présidentielles.

M. Bédié et Alassane Ouattara – chef de file du parti du Rassemblement des républicains (RDR), principal opposant de M. Gbagbo – ont tous deux participé aux récentes négociations de Pretoria menée par la médiation sud-africaine.

M. Yabi qui félicite du reste l’équipe sud-africaine pour être parvenue à résoudre l’épineux problème de la candidature de M. Ouattara à l’élection présidentielle, a toutefois indiqué que les experts juridiques de la médiation ne disposaient pas de toutes les connaissances nécessaires pour traiter correctement le problème de la nationalité en Côte d’Ivoire.

Selon Crisis Group, l’ONU devra imposer des sanctions aux rebelles et aux chefs de milices qui ont refusé de désarmer et n’ont pas respecté les engagements pris lors de l’accord de Marcoussis de janvier 2003 et des accords subséquents signés en Afrique du sud. L’association demande également qu’une enquête soit ouverte sur les violations des droits de l’homme commises depuis le début du conflit, il y a trois ans.

Pour atteindre ces objectifs, un nouveau forum pour la réconciliation nationale doit être créé avant le 1er février 2006, a recommandé le rapport.

« Ce plan peut paraître trop ambitieux et difficile à mettre œuvre, mais les demi-mesures ont échoué. C’est, en partie, le manque d’audace de la communauté internationale qui a coûté des millions de vies humaines au Rwanda, en République démocratique du Congo au Soudan durant la dernière décennie », a précisé le rapport.

Et de nombreuses personnes craignent une reprise des hostilités après le 30 octobre, date de la fin officielle du mandat de M. Gbagbo.

Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Abidjan, la capitale économique du pays, certains partis de l’opposition ont indiqué qu’ils n’excluaient pas de manifester contre l’extension du mandat de M. Gbagbo.

Mais de telles manifestations pourraient entraîner d’autres pertes de vies humaines, a signalé Crisis Group, en faisant référence aux manifestations de mars 2004 qui ont fait près de 120 morts.

Des centaines de militants de l’opposition - appartenant à différents groupes ethniques originaires du nord du pays – avaient ainsi été tués ou battus au cours d’attaques lancées contre leur domicile par les forces de sécurité et des milices pro-gouvernementales.

Et le massacre de dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants qui s’est produit à Duékoué, dans la nuit du 31 mai au 1 juin de cette année, laisse entrevoir ce qui peut se passer si la communauté internationale n’adopte pas des mesures plus radicales dans la crise ivoirienne, a prévenu l’organisation Crisis Group.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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