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Le président Gbagbo rejette la médiation de la CEDEAO

Alors que les chefs d’Etat africains se préparent à prendre part à deux sommets successifs pour trouver une solution à la crise en Côte d’Ivoire, le président Laurent Gbagbo a annoncé dans un message à la nation qu’il écartait toute médiation impliquant ses homologues ouest-africains.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), composée de quinze Etats membres, a convoqué vendredi prochain une rencontre des chefs d’Etats de la sous-région. Cette réunion se tiendra à Abuja, la capitale fédérale nigériane et sera l’occasion pour les participants de débattre de la situation en Côte d’Ivoire.

Mais trois jours avant cette rencontre, M. Gbagbo a indiqué mardi dans un message radiotélévisé qu’il n’acceptera pas une solution de sortie de crise négociée sous l’égide de l’institution sous-régionale.

« Des pays de la CEDEAO sont gravement impliqués dans cette rébellion », a-t-il fait remarquer, en parlant de la rébellion armée qui a scellé depuis trois ans la partition de la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, entre une région nord sous contrôle des forces rebelles et une région sud tenue par les forces gouvernementales.

« La Côte d’Ivoire n’acceptera pas que ces pays décident de son sort en étant juges et parties », a-t-il ajouté.

Gbagbo, dont le gouvernement a à maintes reprises accusé ses voisins du nord -- Burkina Faso et Mali – de soutenir la rébellion, a violemment critiqué le mouvement rebelle des Forces nouvelles pour leur présumée implication dans le détournement de la production de café, de cacao et de diamant « au profit de certains pays de la région qui deviennent aujourd’hui exportateurs de richesses dont ils ne sont pas producteurs ».

C’est pour cette raison, selon lui, que son gouvernement pense que la CEDEAO n’a plus de rôle à jouer dans la réunification du pays.

La réunion de la CEDEAO, qui se tiendra vendredi prochain et le sommet plus élargi de la l’Union africaine (UA), qui suivra probablement deux semaines plus tard, ont été convoqués après les échecs d’une série de médiations.

Des élections devaient se tenir le 30 octobre prochain pour parachever l’accord de Pretoria conclu sous l’égide du médiateur de l’UA, le président sud-africain Thabo Mbeki.

Contrairement aux dispositions de l’accord de Pretoria, les échéances fixées par M. Mbeki pour le processus de désarmement, une condition préalable à l’organisation du scrutin présidentiel, n’ont pas été respectées par les parties en conflit. Les rebelles avaient alors déclaré que l’équipe de la médiation sud-africaine s’était discréditée en se rangeant du côté de M. Gbagbo.

Dans son message à la nation, M. Gbagbo avait, quant à lui, fait remarquer que le rapport de la médiation sud-africaine présenté devant le Conseil de sécurité des Nations unies soulignait qu’il était le seul signataire de l’accord à avoir tenu sa part d’engagement, et qu’on ne pouvait donc plus rien lui demander.

Les rebelles rejetant la médiation sud-africaine et M. Gbagbo hostile à toute implication de la CEDEAO dans le règlement de la crise ivoirienne, il sera difficile pour les chefs d’Etat ouest-africains de trouver une solution de sortie de crise acceptable pour les deux parties tout en apaisant les tensions diplomatiques entre certains Etats africains.

« Les consultations au sein de l’Union africaine seront très difficiles », a indiqué Gilles Olakounle Yabi, spécialiste de l’Afrique de l’ouest à Crisis Group, une cellule de réflexion basée à Bruxelles. « Ce sera une véritable lutte d’influence ».

Pretoria a déjà réagi énergiquement aux rumeurs selon M. Olusegun Obasanjo, président en exercice de l’UA, envisagerait de retirer le rôle de médiateur à M. Mbeki.

« Gbagbo n’a pas tout à fait tort de rejeter la médiation de la CEDEAO. Il ne compte pas beaucoup d’amis dans l’institution », a –t-il ajouté. « Une des solutions envisageables serait de soumettre à nouveau le dossier de la Côte d’Ivoire à l’UA et à M. Obasanjo, qui a présente l’avantage d’être à la fois un chef d’Etat ouest africain et président en exercice de l’UA ».

Selon M. Yabi, le report des élections était une des idées à explorer pour mettre un terme au long conflit en Côte d’Ivoire. “Mais que se passera-t-il après ? Il sera difficile de trouver une solution de sortie de crise”.

Le président ivoirien a réitéré mardi sa détermination à se maintenir au pouvoir jusqu’à la tenue de nouvelles élections, bien que les rebelles et l’opposition exigent sa démission après le 30 octobre et la mise en place d’un gouvernement de transition.

« J’ai acquis ce pouvoir par les élections et je ne le rendrai qu’à une personne élue conformément aux dispositions constitutionnelles », a déclaré M. Gbagbo dans son allocution.

Le porte-parole des rebelles Amadou Koné a indiqué mercredi que la solution à la crise ne passait pas par un simple report des élections.

« Nous sommes en guerre en Côte d’Ivoire parce qu’il y a des problèmes. Les élections ne sont pas le problème. Il faut donc régler les problèmes pour faire des élections ».

Selon lui, les rebelles veulent avoir la certitude que le droit de vote sera accordé aux quatre millions d’étrangers originaires des autres pays d’Afrique de l’ouest et à leurs descendants. Ils exigent également le démantèlement des milices pro-Gbagbo.

Quant à Alphonse Djedje Mady, le chef de file du G7, une coalition des partis de l’opposition, il a indiqué que la CEDEAO devait être impliquée dans les négociations pour trouver une solution à la crise ivoirienne.

« Notre pays brûle, nous voulons éteindre l’incendie ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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