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Une solution immédiate et à long terme pour la crise alimentaire au Niger

Après tout le battage médiatique autour de la famine au Niger, les agences humanitaires continuent de faire face aux besoins urgents des populations et tentent de trouver des solutions durables à la crise alimentaire qui, à en croire les travailleurs humanitaires, était déjà bien avancée avant la réaction de la communauté internationale.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies – qui évalue à 1,2 millions le nombre de personnes bénéficiant de son aide alimentaire – a démarré des opérations d’évaluation dans tout le pays pour avoir une nouvelle appréciation de la situation de la sécurité alimentaire, ont expliqué des responsables des agences humanitaires.

Bien que les bailleurs aient réagi tardivement à la famine qui sévit au Niger, les très nombreuses contributions reçues entre juillet et début août ont permis au PAM de distribuer l’aide alimentaire d’urgence aux 1,8 millions de personnes considérées comme les plus vulnérables, a indiqué un responsable du PAM.

Mais selon une organisation humanitaire internationale, dans certaines régions, le nombre d’enfants souffrant de malnutrition sévère reste constant ou a progressé dans certains cas.

Cette semaine, Médecins sans frontières (MSF) s’est plaint de nouveau que les rations alimentaires gratuites n’étaient pas distribuées à ceux qui en avaient besoin le plus urgemment.

Lors de la conférence de presse du 13 septembre, MSF avait indiqué qu’un récent rapport signalait un taux de malnutrition sévère très préoccupant chez les enfants de Zinder, une région située au sud du Niger.

Le mois dernier, MSF a exprimé pour la première fois ses préoccupations à propos de la stratégie de l'aide alimentaire des Nations unies au Niger. L'organisation a constaté dans de nombreuses régions que les enfants qui souffraient de malnutrition modérée souffrent désormais de malnutrition sévère. La dégradation de leur état de santé peut s’avérer fatale, si leurs familles ne reçoivent pas des rations alimentaires gratuites.

Et bien que MSF n’ait pas spécifié les villages qui, ont besoin d’une aide alimentaire, mais qu’ils n’ont pas reçue, l’ONG attire l’attention sur le nombre élevé d’enfants souffrant de malnutrition sévère à Zinder et à Maradi, une localité située à 250 kilomètres à l’Ouest.

« Le nombre d’admissions [d’enfants souffrant de malnutrition sévère] dans nos centres n’a pas baissé », a déclaré mercredi depuis Genève Aymeric Peguillan, responsable de la communication de MSF-Suisse. « Quelques soient les actions entreprises, les réponses face à l’urgence sont très lentes...[MSF] peut continuer à sauver des vies, mais le problème persistera si les populations n’ont rien à manger ».

Trente mille enfants ont été admis dans les centres de MSF depuis janvier 2005 ; et à ce rythme, l’ONG pense que ce nombre atteindra 50 000 d’ici la fin de l’année, a ajouté M. Peguillan.

« C’est énorme. Et nous ne parlons même pas des enfants souffrant de malnutrition modérée…Ceux que nous recevons sont des enfants qui se battent vraiment pour survivre ».

Alors que la nourriture abonde sur le marché, les populations vivant dans certains secteurs de Zinder, de Maradi et dans d’autres régions particulièrement affectées, n’ont pas les moyens de se l’offrir.

Dans son dernier rapport basé sur les statistiques du mois d’août, la cellule de crise alimentaire du gouvernement nigérien indique que la situation alimentaire reste « difficile » – et extrêmement critique dans de nombreuses régions.”

Le rapport souligne par ailleurs que dans les zones les plus affectées par la pénurie alimentaire, les prix des céréales sont toujours très élevés, les banques alimentaires ne sont pas encore créées et le revenu des ménages a baissé. Il conclut que les récoltes s’annoncent prometteuses dans la plupart des régions, ce qui laisse espérer une amélioration de la situation. La cellule de crise alimentaire publiera de nouvelles statistiques dans les prochains jours.

Dans son communiqué du 1 septembre, le programme FEWS (Famine emergency warning system – Réseau de systèmes d’alerte précoce contre la famine) financé par les Etats-Unis indiquait que « les perspectives pour la récolte céréalière et l’état des pâturages étaient excellents dans la plupart des régions du Niger ».

Le PAM poursuit ses opérations d’évaluation pour s’assurer que les besoins des Nigériens en situation d’urgence sont couverts par le programme de distribution d’aide alimentaire qui est en cours, a indiqué mercredi Marcus Prior, le chargé d’information pour l’Afrique de l’ouest.

« Le PAM effectue une évaluation rapide des besoins dans les zones affectées. Lorsque nous constatons que des besoins ne sont pas couverts par le programme de distribution actuel, nous mettons tout en œuvre pour que ces personnes bénéficient de l’aide dont elles ont besoin ».

Si les contributions financières ont été suffisantes pour mener à bien la première phase du programme de distribution de l’aide alimentaire, il est crucial que les bailleurs poursuivent leurs efforts, a indiqué Prior.

Au 13 septembre, le PAM avait reçu 33,5 millions de dollars en réponse à l’appel de fonds lancé pour récolter 57,6 millions de dollars en faveur de l’opération Niger.

« Il est clair que les besoins seront plus importants après les récoltes », a-t-il expliqué. « Nous avons urgemment besoin de nouveaux fonds pour nous assurer que nos actions n’ont pas uniquement un impact à court terme, qu’elles s’inscrivent dans la durée et que ce désastre ne se reproduira plus.”

Selon un travailleur humanitaire qui a travaillé au Niger pendant une année, il n’y a pas de solution toute faite à un problème aussi complexe.

« La situation est préoccupante et je ne pense pas que les gens s’attendent à une solution rapide à ce problème », a expliqué Nigel Tricks, le responsable de l’ONG Concern Worldwide-Niger, depuis la capitale Niamey.

Pour l’heure, le problème est de venir en aide aux enfants souffrant de malnutrition modérée et sévère dans le la région de Tahoua.

«La communauté internationale a commencé à réagir en plein milieu de la crise alimentaire ; actuellement, la période de soudure est bien engagée ». Les associations humanitaires ont fait tout ce qu’elles pouvaient pour sauver le maximum d’enfants malnutris avant que leur état de santé ne devienne critique.

« Il y a encore beaucoup à faire. Le Niger a encore besoin d’une aide massive. Ce n’est pas un problème qui se résoudra quand les caméras de télévision auront cessé de filmer les horreurs de la famine et que l’aide financière commencera à affluer »



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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