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L'insécurité et le manque d'infrastructures de base font fuir des milliers de Centrafricains vers le Tchad

L’insécurité qui règne dans certaines régions du nord de la République centrafricaine (RCA) et l’absence d’infrastructures de base sont autant de raisons qui ont poussé des milliers de personnes à fuir vers le Tchad, ont indiqué les nouveaux réfugiés.

Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), près de 12 000 Centrafricains ont fui le Nord-ouest de la RCA pour se réfugier au sud du Tchad. Le HCR revoit ces chiffres après la nouvelle vague de réfugiés arrivée ces deux dernières semaines.

« Nous avions peur, nos enfants n’avaient pas de soins », a déclaré Christophe Mbaidjella, qui a fui le village de Bebingui. « Dans ces conditions, pourquoi voulez-vous qu’on continue à rester ? »

Depuis des années, certains Centrafricains envoient leurs enfants poursuivre des études au Tchad en raison du manque d’écoles dans les villages, a confié à IRIN Beosso Roangar, le chef du district de Kaba Roangar, situé à quelques kilomètres de la frontière tchadienne.

Selon les réfugiés qui attendent d’être transférés vers un camp, c’est à la fois le manque d’infrastructures de base et l’absence de protection qui justifient leur exode vers le Tchad.

La région nord de la RCA est en proie à de graves troubles, une situation très fréquente dans ce pays qui a connu plusieurs coups d’Etat militaires et des années de guerre civile.

Le chef de la mission du HCR en RCA, Bruno Geddo, a conduit une mission pluridisciplinaire de l’ONU à Markounda, une ville frontalière située au Nord-ouest de la RCA.

« C’est l’insécurité qui engendre une chute totale de l’économie », a indiqué M. Geddo lors de l’entretien téléphonique qu’il a eu avec IRIN depuis Bangui, la capitale centrafricaine. Si elle reste l’une des causes principales de cet exode, explique-t-il, il y a aussi l’absence de centres de santé et d’établissements scolaires dans la région, ainsi que les pénuries alimentaires, car l’insécurité empêche les villageois de cultiver.

« Les conditions ne sont pas réunies pour que les gens puissent partir [du Tchad] et retrouver leurs maisons », a-t-il ajouté.

A neuf ans, Michael Asne, vêtu d’habits en lambeaux, a confié à IRIN que sa famille et lui-même avaient fui le village de Bebingui en emportant presque rien.

« Nous étions en brousse quand nous avons entendu des coups de feu », a-t-il indiqué. « Nous nous sommes joints à d’autres personnes qui fuyaient pour arriver ici. On avait sur nous les quelques ustensiles emmenés aux champs pour préparer à manger. Nous avons abandonné nos champs, nos maisons avec le peu que nous avions ».

Un représentant du gouvernement n’a pas voulu décrire les conditions de vie dans la région.

Dans certaines régions du nord de la RCA, aucune agence de l’ONU ni organisation non-gouvernementale ne sont présentes car la sécurité de leurs personnels n’est pas garantie. Les représentants des Nations unies en RCA ont refusé de commenter les conclusions d’une évaluation de la sécurité menée par des experts de l’ONU le mois dernier dans le Nord du pays.

Les gouvernements du Tchad et de la RCA – ainsi que les autorités camerounaises – ont commencé à mener des opérations conjointes pour sécuriser la région et juguler le trafic des armes légères. Le gouvernement a récemment exhorté la communauté internationale à lui apporter une aide pour stabiliser la région qui partage une frontière terrestre avec trois pays limitrophes.

Selon les travailleurs humanitaires et les représentants de l’ONU, les groupes armés qui s’en prennent aux populations civiles seraient composés de criminels de droit commun et d’ex-miliciens ayant pris part aux conflits qui ont sévi dans la région. Pour d’autres, le gouvernement de la RCA n’a pas les moyens de sécuriser la zone.

Après la récente mission pluridisciplinaire menée par ses représentants, l’ONU préconise trois types d’intervention : une aide humanitaire pour répondre aux besoins urgents, des actions en vue de résoudre le problème d’insécurité et des projets à longs termes pour relancer l’économie, a expliqué M. Geddo du HCR.

Les fortes pluies isolent des milliers de réfugiés

Le bureau du HCR au Tchad essaie depuis plusieurs jours d’entrer en contact avec un nouveau groupe de réfugiés – 2 000 personnes selon les autorités locales – dans le village de Bekam rendu inaccessible par les fortes pluies qui ont coupé les routes et un pont.

« Le pont est sous l’eau », a expliqué au téléphone Bernard Ntwari, le porte-parole du HCR, depuis Ndjaména, la capitale tchadienne. « Jusqu’à présent, nous n’avons pas pu entrer en contact avec eux ».

Les réfugiés qui arrivent depuis le mois de juin viennent s’ajouter aux 30 000 Centrafricains vivant dans les camps d’Amboko et de Yaroungou depuis qu’ils ont fui la guerre civile en RCA, en 2002.

Avec ces milliers de nouveaux réfugiés, le camp d’Amboko, près de Gore – où le HCR envisageait de les installer – est presque saturé. L’agence est contrainte de trouver un nouveau camp, a indiqué Ntwari.

Cette semaine, le HCR a eu l’autorisation du gouvernement tchadien de créer un nouveau camp et jeudi - en collaboration avec les autorités locales – un nouveau site a été identifié à quelque 10 km d’Amboko.

Il est primordial d’installer les réfugiés dans des camps où ils peuvent recevoir de la nourriture et une assistance humanitaire, explique le HCR.

Leur installation est aussi importante pour les communautés locales qui, déjà pauvres, doivent se battre pour assurer leur subsistance. Les deux pays font partie des Etats les plus pauvres de la planète.

L’indice de développement humain 2005 de l’ONU publié cette semaine classe respectivement le Tchad et la RCA aux 173ième et 171ième rangs des 177 Etats les plus pauvres de la planète.

Certains réfugiés ont confié à IRIN que les communautés locales ont été accueillantes et très généreuses. En effet, beaucoup de réfugiés sont allés rejoindre des membres de leur famille ou des beaux-parents au Tchad. Mais les tensions sont inévitables.

Alors qu’un véhicule du HCR passait devant quelques villageois de Kaba Roangar – où 200 Centrafricains venaient de trouver refuge – un jeune homme s’est écrié : “Vous les gens du HCR, je vous donne deux jours pour évacuer les gens qui sont chez moi sinon vous les retrouverez dehors”.

Mais la plupart des locaux font tout ce qu’ils peuvent pour venir en aide aux réfugiés centrafricains, même si les moyens dont ils disposent sont limités.

Roangar, le chef du village de Kaba Roangar, se dit inquiet. « Il faut que le HCR intervienne vite sinon nous sommes dépassés parce notre situation alimentaire qui était déjà précaire. Et là, nous avons épuisé nos stocks ».

« Il me restait environ 20 kilos de maïs », a expliqué un chef de famille du village de Mballa, au Tchad, qui a accueilli des centaines de réfugiés. « Mais lorsque nos frères et sœurs sont arrivés [de RCA], nos réserves se sont épuisées en très peu de temps. Je me demande ce que nous allons devenir ».





This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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