« Nous ne voulons plus que la médiation sud-africaine se poursuive ici en Côte d’Ivoire », a confié à IRIN le porte-parole des rebelles Sidiki Konaté. « Les Forces nouvelles ne n’entendent plus suivre les instructions des médiateurs sud-africains. Nous ne travaillerons plus avec eux ».
La déclaration des rebelles qui occupent la moitié nord de la Côte d'Ivoire depuis près de trois ans est le dernier couac d’un processus de paix qui devait être consolidé la tenue de l’élection présidentielle du 30 octobre. Ce scrutin semble désormais de plus en plus improbable.
Le mois dernier, les rebelles déclaraient que le scrutin présidentiel ne se tiendrait pas sur leur territoire car les conditions minimales, à savoir la mise à jour du fichier électorale et la création de la Commission électorale indépendante chargée de superviser les élections, n’étaient pas réunies.
Depuis lors, les médiateurs font porter l’échec du processus de paix aux rebelles, qui refusent de désarmer dans les conditions actuelles, et à l’opposition, qui ne souhaitent pas, elle aussi, aller aux élections d’octobre prochain.
Jeudi, les Forces nouvelles avaient fait une déclaration à l’endroit du ministre sud-africain de la Défense, Mosiuoa Lekota, qui avait présenté la veille le rapport de la médiation devant le Conseil de sécurité. Selon les Forces nouvelles, Pretoria, qui avait été mandaté en novembre 2004 par l’Union africain (UA) pour aider la Côte d’Ivoire à sortir de la crise, s’est "discréditée" et est "disqualifiée" en tant que médiateur en raison de sa position partisane.
Les rebelles ont accusé le président sud-africain Thabo Mbeki de privilégier l’expansion de l’économie de son pays en Côte d’Ivoire – premier producteur mondial de cacao qui faisait autrefois la fierté de l’économie de l’Afrique de l’ouest – plutôt que de se concentrer sur la mission de paix.
La rébellion a également accusé M. Mbeki de fermer les yeux sur les « violations flagrantes » par les autorités ivoiriennes de l’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité, et a demandé l’intervention du président nigérian et actuel chef d’Etat en exercice de l’UA, Olusegun Obasanjo.
« Nous demandons que l’Union africaine et en particulier le président en exercice de l’UA, Olusegun Obasanjo, prenne ses responsabilités et trouve une autre solution », a déclaré M. Konaté.
Dans un entretien téléphonique avec IRIN, Ronny Mamoepa, porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères a indiqué que son gouvernement ne ferait pas de commentaire avant d’avoir reçu une lettre officielle des Forces nouvelles.
Les gouvernements nigérian et ivoirien n’ont pas souhaité commenter cette déclaration.
Dans les rues de Bouaké, où les édifices les services publics sont visiblement à l’abandon depuis que la région ne reçoit plus de financement du gouvernement après le déclenchement de la rébellion en septembre 2002, la plupart des habitants contacté par IRIN ont fait savoir qu’ils soutenaient la position des Forces nouvelles.
« Vous savez, les gens pensent que Thabo Mbeki a tout fait pour résoudre la crise ivoirienne, alors que ce n’est pas le cas », s’est plaint Francis Coulibaly, un enseignant à la retraite. « C’est toujours la population qui souffre et je pense que les Forces nouvelles mettent en exergue cette souffrance. C’est pour cette raison que je soutiens leur décision courageuse ».
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions