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Tous les regards se tournent vers Thabo Mbeki, après le retrait des rebelles du processus de paix

Laurent Gbagbo, le président de la Côte d’Ivoire a refusé vendredi de réagir au retrait des rebelles du processus de paix, indiquant qu’il revenait à la médiation sud-africaine de déterminer la suite à donner à cette décision.

Les rebelles contrôlant la moitié Nord de ce pays divisé d’Afrique de l’Ouest ont déclaré mardi que les élections ne pourraient avoir lieu sur leur territoire le 30 octobre, comme cela était programmé, car les conditions n’étaient toujours pas réunies neuf semaines avant la date effective du scrutin.

Désiré Tagro, le porte-parole de M. Gbagbo, a dit à IRIN vendredi qu’il revenait à la médiation sud-africaine de déterminer la suite à donner à la décision des rebelles, car le président a rempli sa part de l’accord de paix de Linas Marcoussis élaboré en janvier 2003 et réaffirmé à deux reprises, lors des sommets de Pretoria, la capitale sud-africaine.

« Nous estimons que nous avons correctement appliqué la feuille de route du processus de paix, tel que définie par le médiateur, et nous ne souhaitons pas engager une polémique avec des personnes qui n’ont pas rempli leur part du contrat », a dit M. Tagro.

« Nous nous abstiendrons de tout commentaire jusqu’au 31 août, date à laquelle le médiateur fera part de ses conclusions aux Nations Unies », a t-il dit.

A la fin du mois, l’équipe de médiation, dirigée par le président sud-africain Thabo Mbeki fera un compte rendu au Conseil de Sécurité des Nations Unies, à New York, sur l’état d’avancement du processus de paix en Côte d’Ivoire.

Les représentants de l’ONU à Abidjan, ainsi que les ministres sud-africains, ont rappelé publiquement il y a quelques jours aux partis en conflit que le Conseil de Sécurité pourrait imposer de sanctions à tous ceux qui constituent une entrave au processus de paix.

L’équipe de médiation sud-africaine n’a fait aucun commentaire vendredi, alors que certains diplomates et des résidents ivoiriens faisaient part de leur crainte de voir une reprise des hostilités en Côte d’Ivoire, un pays qui était autrefois un havre de paix et de sécurité.

Les expatriés résidant dans la capitale ont fait des provisions de nourriture et d’autres produits essentiels après les rumeurs de plus en plus persistantes de tentative de renversement du président M. Gbagbo. Vendredi dernier, l’ambassade française a averti ses citoyens qu’ils ne devaient pas sortir après la tombée de la nuit.

Charles Blé Goudé, le chef des Jeunes Patriotes, une milice pro-Gbagbo — accusée d’être à l’origine de nombreuses émeutes et des attaques anti-françaises à Abidjan— a confié à IRIN qu’il n’était pas surpris par l’intransigeance des rebelles.

« Les rebelles seront toujours des rebelles », a déclaré M. Goudé. « Il est clair que la situation actuelle les arrange et qu’ils trouveront toujours des excuses pour ne pas se conformer à l’accord de paix ».

Il a demandé l’intervention de la communauté internationale, mais a exhorté ses propres partisans à rester calmes.

« Nous demandons à la communauté internationale d’agir, de prendre les mesures nécessaires. Mais nous demandons aux Jeunes Patriotes de rester calmes et d’avoir foi en la médiation de M. Mbeki », a-t-il dit.

Cependant, les diplomates semblaient sceptiques quant aux chances de sauver encore la situation.
« Le processus de paix semble être complètement bloqué », a déclaré à IRIN un diplomate occidental.

Pour les rebelles, l’un des obstacles majeurs à la tenue de l’élection présidentielle d’octobre est que l’identification et le processus d’inscription de tous les citoyens ivoiriens n’ont pas eu lieu, alors qu’on se trouve à quelques semaines de l’échéance électorale.

Selon un diplomate, un tel processus prendrait deux ans.
« Au mois d’octobre dernier, une mission de l’ONU a conclu qu’il faudrait deux ans pour passer de village en village et recenser les citoyens ivoiriens. Si les rebelles exigent cela, la sortie de crise n’est pas pour demain », a dit le diplomate.

Deux ans et demi après la signature du premier accord de paix par les deux partis en conflit, pas une seule arme n’a été rendue aux 10 000 casques bleus et soldats de la paix français qui patrouillent dans la zone tampon séparant le pays en deux. Le désarmement était une condition préalable à la réunification du pays avant les élections.

L’échéance électorale étant proche, la mise à jour du fichier électoral n’a pas encore était faite, les cartes d’électeur n’ont pas encore été délivrées et la Commission Electorale Nationale qui supervisera le scrutin n’est pas encore constituée et prête à fonctionner.

La principale raison de ce retard est la polémique autour de l’instance qui sera chargée de la mise à jour du fichier électoral.

Pour M. Gbagbo, c’est à l’Institut Nationale de la Statistique d’assumer cette tâche, comme elle l’a toujours fait par le passé.

Au cours des pourparlers du mois de juin à Pretoria, les rebelles avaient accepté le principe, mais à condition qu’une nouvelle instance, la Commission Electoral Indépendante, soit créée. Cette instance, composée de représentants du gouvernement et du mouvement des forces rebelles, devra superviser le bon déroulement du processus électoral.

Mais entre-temps, les rebelles ont changé d’avis. Désormais, ils n’envisagent d’envoyer des représentants à la Commission que si l’Institut national de la statistique est exclue de l’ensemble du processus.

Les électeurs ivoiriens, fatigués de ces disputes sans fin et des échéances sans cesse reportées, préfèreraient que les Nations Unies interviennent et organisent les élections.

« Le temps est venu pour les Nations Unies de placer la Côte d’Ivoire sous tutelle et d’organiser des élections libres et justes », a dit Mohamed Kabbah, un concierge à Abidjan.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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