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Le démantèlement des milices aura-t-il lieu ?

La cérémonie devant marquer le début du démantèlement des milices favorables au président ivoirien Laurent Gbagbo n’a pas eu lieu mercredi, car le Programme national de désarmement, de démobilisation et de réconciliation (PNDDR) chargé de l’exécution de cette opération ne réunissait pas les conditions financières nécessaires pour conduire l’opération, ont indiqué les représentants des Nations unies (ONU).

Beaucoup de dignitaires et journalistes invités à la cérémonie ont quitté Guiglo, une localité située à 350 km au Nord-Est de la capitale Abidjan, avant même le démarrage symbolique du démantèlement des 2 000 miliciens enregistrés.

Dans la confusion qui a marqué la journée de mercredi, des représentants de l’ONU ont indiqué à IRIN, sous le couvert de l’anonymat, que le PNDDR, chargé de l’exécution du processus de démantèlement ne dispose pas d’assez d’argent pour mener à bien cette mission.

Et parce que le nombre de miliciens est passé de 2 000, à l’origine, à près de 10 000, les fonds disponibles ne suffisent plus à financer le processus, ont précisé les représentants de l’ONU.

Aucun représentant du PNDDR n’était présent pour commenter ces informations.

Organisée pour le « démantèlement » et non pour le « désarmement » des milices, la cérémonie de mercredi a suscité quelques inquiétudes chez les miliciens qui escomptent toucher de l’argent en échange de leurs armes.

« Le gouvernement a dit qu’il nous versera une indemnité, mais nous n’en connaissons pas le montant », a indiqué Gabriel Banao, le chef de la milice l’Union patriotique pour la résistance du Grand ouest (UPR-GO).

« Nous sommes prêts à désarmer, mais que signifie le démantèlement ? », s’est demandé M. Banao, dont la milice compte 1 040 combattants.

Selon les termes du processus de paix, les combattants rebelles qui occupent le nord du pays doivent chacun percevoir 900 dollars américains après avoir restitué leurs armes.

Le désarmement des milices, qui sévissent particulièrement dans la région ouest de la Côte d’Ivoire, devait commencer le 20 août, comme convenu avec le gouvernement et les forces rebelles dans le cadre de l’accord de Pretoria signé en juin dernier sous l’égide du médiateur sud-africain, Thabo Mbeki.

Dans les prochains jours, les milices armées – composées majoritairement de jeunes gens désoeuvrés – doivent être regroupées à Duékoué, une localité du Grand ouest située à 25 km au Nord-Est de Guiglo.

Les miliciens seront accueillis dans des sites de cantonnement et seront nourris et logés aux frais de l’Etat jusqu’à la fin du désarmement, a indiqué un représentant du Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (OCHA).

Des ru;eurs de coups d’Etat

Ce nouveau couac, dans le processus de paix qui dure depuis près de trois ans et demi, intervient à un moment où des menaces de coup d’Etat contre le président Gbagbo accentuent la tension à Abidjan, la capitale économique du pays.

Cette tension est montée d’un cran après que l’ancien chef d’état-major général des armées, Mathias Doué, ait menacé de « faire partir » Gbagbo par « tous les moyens » dans une lettre ouverte publiée vendredi dans la presse locale.

L’ONU a publié mardi un communiqué condamnant la déclaration de M. Doué qui a confirmé samedi dernier être l’auteur de la lettre, lors de l’entretien diffusé sur les ondes de Radio France Internationale (RFI).

« Les déclarations de cette nature exacerbent les tensions sociales et politiques déjà très vivaces, retardent la mise en œuvre des accords de paix et constituent une entrave aux efforts…déployés par le médiateur », indique le communiqué de l’ONUCI.

« L’ONUCI lance un appel pressant à toutes les parties impliquées dans le conflit ivoirien et leur demande de faire preuve de retenue et d’agir conformément aux mécanismes mis en place par les accords de paix pour résoudre leurs différends afin de sortir de la crise actuelle », a ajouté l’ONUCI.

M. Doué, qui vivait dans la clandestinité depuis son limogeage en novembre dernier par le président Gbagbo, a accusé ce dernier de mener le pays à la guerre civile et a indiqué que seul le départ de M. Gbagbo pouvait ramener la paix en Côte d’Ivoire.

Un autre officier supérieur, l’ancien porte-parole des Forces de défense et de sécurité ivoiriennes, Jules Yao Yao, a aussi exprimé son mécontentement dans un article paru dans la presse locale. Il accuse notamment M. Gbagbo d’avoir utilisé des escadrons de la mort en 2003 pour persécuter ses opposants politiques et d’avoir fermé l’œil sur les violations des droits de l’homme commises par les forces armées.

Les journaux d’opposition et les rebelles ont favorablement accueilli la déclaration de M. Doué, indiquant qu’elle prouvait bien que le chef d’état-major actuel, le général Philippe Mangou était à la tête d’une armée divisée en clans ethniques, indisciplinée et irrespectueuse des lois.

« Ce message prouve qu’une partie de l’armée conteste l’autorité de M. Gbagbo », a déclaré le porte-parole des forces rebelles, Sidiki Konaté, depuis la ville de Bouaké devenue le fief des rebelles depuis la tentative avortée de coup d’Etat en septembre 2002.

« Avant d’aller à la paix, le sud [contrôlé par les forces gouvernementales] doit accepter une restructuration complète de son armée et opter pour une armée républicaine, et non pour une armée tribale", a-t-il ajouté.

A Abidjan, le général Mangou a déclaré à la presse que les journaux, publiant les lettres « dangereuses » d’officiers supérieurs en rupture de ban avec l’armée, pourraient être interdits de parution.

« Nous seront obligés de prendre nos responsabilités et d’interdire - je n’ai pas peur de prononcer le mot 'interdire' – la parution de certains journaux », si la presse locale ne respecte pas les règles déontologiques, a prévenu le général Mangou.

Cette nouvelle la tension politique a contraint Henri Konan Bédié, le chef du principal parti d’opposition, le Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI), à reporter sa date de retour à Abidjan prévue initialement mercredi.

Bédié, qui a été démis de ses fonctions de président de la Côte d’Ivoire lors du coup d’Etat de décembre 1999, vit en exil volontaire à Paris, mais a été choisi comme candidat officiel du PDCI à l’élection présidentielle du 30 octobre.

Des négociations qui stagnent

Entre-temps, les négociations de paix stagnent une fois de plus et les rebelles attendent impatiemment les résultats de la rencontre qui a eu lieu ce week-end à Pretoria entre le chef des forces rebelles, Guillaume Soro, et le médiateur sud-africain Thabo Mbeki.

Mais, alors qu’il ne reste plus que neuf semaines pour achever le désarmement et réviser le fichier électoral avant la tenue des élections, le porte-parole des rebelles, Sidiki Konaté, maintient que la feuille de route pour une sortie de crise n’est pas encore caduque.

« Soyez patients", a-t-il dit à IRIN. "Le président Mbeki a pris nos remarques très au sérieux et nous a assurés que nos revendications ont été prises en compte ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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