Conformément à l’accord de paix signé en juin dernier à Pretoria pour mettre fin à la crise politique que traverse la Côte d’Ivoire depuis trois ans, M. Gbagbo a usé des pouvoirs spéciaux que lui confère la constitution pour promulguer une série de lois sur la nationalité, le droit à la citoyenneté et la composition de la Commission électorale indépendante.
Alors qu’il s’était engagé à procéder au pré-regroupement de ses 40 500 combattants dans des sites de cantonnement, étape préalable à leur désarmement, le mouvement rebelle des Forces nouvelles n’a pas respecté cet engagement, sous prétexte que les lois promulguées par M. Gbagbo n’étaient pas conformes à l’esprit de l’accord de Pretoria, ni à celui de Linas-Marcoussis, signé en 2003.
Pour les partis de l’opposition, ces lois ont été promulguées sans l’approbation de l’Assemblée nationale. Elles pourraient limiter le nombre d’électeurs sur les listes électorales et la capacité de la Commission à superviser efficacement le déroulement des élections prévues le 30 octobre prochain. En conséquence, ils ont demandé l’arbitrage du président sud-africain Thabo Mbaki, médiateur mandaté par l’Union africaine (UA).
Arrivé à Abidjan le week-end dernier à la tête d’une délégation, le ministre sud-africain de la Défense, Mosiuoa Lekota, a fait savoir que ces lois étaient conformes aux accords de paix.
« Pour les experts juridiques et les médiateurs, les reformes constitutionnelles adoptées par décret présidentiel le 15 juillet sont conformes aux accords de Linas-Marcoussis », a expliqué à IRIN l’ambassadeur de la république sud-africaine en Côte d'Ivoire, M. Dumisani Gwadiso, qui a assisté aux rencontres de ce week-end.
Depuis la tentative avortée de coup d’Etat contre le président Gbagbo, en septembre 2002, et le début de la guerre civile, la Côte d’Ivoire est coupée en deux : le nord, occupé par les forces rebelles, et le sud, sous contrôle des forces gouvernementales. Bien que les combats aient cessé, la situation reste très tendue et aucun progrès significatif n’a été réalisé dans le cadre du processus de réunification du pays.
Toutefois, certains diplomates ne cachent pas qu’il sera difficile d’organiser des élections dans un délai de trois mois, étant donné le climat de méfiance qui prévaut et les nombreuses armes qui circulent encore en Côte d’Ivoire.
Censé débuter le 31 juillet, le pré-regroupement des rebelles dans les sites de cantonnement spécifiés n’a pas eu lieu. Le report de cette opération remet en question le chronogramme qui prévoyait la restitution des armes aux casques bleus de l’ONU entre le 26 septembre et le 3 octobre.
Les médiateurs sud-africains ont tranché ce week-end et la balle est désormais dans le camp du mouvement rebelle des Forces nouvelles.
La réaction des rebelles ne s’est pas fait attendre. Pour eux, leur position sur les conditions du désarmement n’a pas changé.
« Ces lois ne sont pas conformes à la lettre et à l’esprit des accords de Linas-Marcoussis et on nous demande d’aller au désarmement. Ce n’est pas possible », a expliqué le porte-parole des rebelles, qui se déclarait aussi surpris par l’annonce des médiateurs sud-africains.
« Nous avons fait des requêtes qui doivent être prises en compte, et nous les envoyons dès ce soir au secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, pour qu’il sache qu’il y a un problème avec la médiation sud-africaine », a ajouté M. Konaté.
Quant au porte-parole du président Gbagbo, Désiré Tagro, il s’est dit très satisfait de la décision du médiateur sud-africain. Il a indiqué, par ailleurs, qu’il revenait désormais aux forces rebelles de respecter leurs engagements.
« Nous demandons au bloc rebelle de ne pas avoir peur de la paix, d’aller au désarmement pour qu’on puisse avoir les élections aux dates constitutionnelles », a-t-il confié à IRIN.
« C’est aussi aux médiateurs, l’Union africaine, le Conseil de sécurité de l’ONU, de tout mettre en œuvre pour poursuivre le processus de paix qui prévoit que les parties qui ne respectent pas les accords seront sanctionnées », a-t-il ajouté.
Interrogé sur ce les médiateurs envisageaient de faire pour amener les rebelles à désarmer, maintenant que leur principale revendication a été écartée, la réponse de l’ambassadeur sud-africain, M. Gwadiso a été très évasive.
« Nous devons impliquer tout le monde de façon que toutes les parties se rendent compte qu’il n’y a pas d’alternative au processus de paix », a-t-il expliqué.
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