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Des crédits de campagne plutôt que des distributions gratuites de vivres pour juguler la crise alimentaire

Confrontés à la grave crise nutritionnelle qui menace plus de trois millions de personnes, le gouvernement du Niger a opté pour l’octroi de crédits de campagne aux populations les plus vulnérables plutôt que pour une distribution gratuite de vivres, ont indiqué lundi dernier à IRIN les autorités nigériennes.

Lors de la réunion du comité mixte des bailleurs de fonds, des représentants des Nations unies et des organisations non gouvernementales (ONG), le Premier ministre Hama Amadou a indiqué que son gouvernement envisageait de mettre en place un "crédit de campagne" pour faire face à la crise alimentaire qui sévit dans les régions du Niger en proie à un déficit alimentaire du fait de l’invasion acridienne et de la sécheresse dont elles ont été victimes l’année dernière.

Une semaine auparavant, le Premier ministre avait lancé un "appel angoissé à la communauté internationale pour solliciter une aide alimentaire d’urgence".

Les Nations unies avaient également lancé un appel de fonds de plus de 16 millions de dollars américains pour faire face à la "crise silencieuse" que connaît le Niger. L’aide a commencé à arriver et près de 20 pour cent du montant des besoins sont déjà couverts, ont indiqué mardi les agences humanitaires.

Selon le nouveau programme du crédit de campagne mis en œuvre pour la première fois dans ce vaste pays désertique, les ménages confrontés au grave déficit alimentaire recevront trois sacs de céréales de 100 kilos qui leur permettront de passer les deux mois de soudure avant la période des récoltes en septembre.

Après les récoltes, les paysans ayant emprunté les trois sacs de mil ou de sorgho rembourseront l’Etat, a indiqué à IRIN Seydou Bacari, le coordonnateur de la cellule de crise alimentaire, sans toutefois préciser si ce remboursement se fera en nature ou en espèces.

Selon Bacari, il est très important que le gouvernement nigérien vienne en aide aux paysans pour leur permettre de surmonter la pénurie alimentaire pendant les semaines qui précèdent la période des récoltes.

C’est le moment où se font les opérations de sarclage et où les paysans ont besoin d’énergie. Toute rupture d’approvisionnement d’aliments se traduit alors par une diminution des surfaces cultivées parce que les paysans affamés cessent d’exploiter leur propres champs et vont se faire employer ailleurs.

L’avantage de la formule crédit de campagne, selon Bacari, est qu’elle "permet aux populations démunies d’accéder aux céréales tout en ne cassant pas les mécanismes de développement en cours".

La semaine dernière, près de 2 000 personnes ont marché dans les rues de Niamey pour exiger la distribution gratuite de vivres aux populations de plusieurs régions du pays qui, menacées par la famine, ont commencé à consommer des plantes sauvages et à creuser des termitières dans l’espoir de trouver des graines laissées par les insectes.

Selon les estimations de l’ONU, le Niger se classe parmi les deux derniers pays les plus pauvres de la planète et 63 pour cent de ses 12 millions d’habitants vivent avec moins d’un dollar par jour.

Mais depuis l’année dernière, la situation a empiré avec l’invasion acridienne et l’absence de pluies qui ont entraîné la perte de près de 15 pour cent de la production céréalière moyenne du Niger et la disparition d’environ 40 pour cent de son cheptel.

Selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF), un enfant sur cinq pourrait souffrir de malnutrition dans les régions sud du pays.

Mais à la réunion de lundi, les bailleurs, les agences humanitaires et le gouvernement nigérien ont rejeté pour le moment l’idée d’une distribution gratuite de vivres.

"La situation est grave cette année, mais elle n’est pas hors de contrôle", a indiqué Giancarlo Ferri du Programme alimentaire mondiale (PAM). "On ‘est pas encore au stade de famine généralisée nécessitant des distributions gratuites massives pour maintenir une population en vie".

"Mais c’est une situation critique qui demande une réponse d’urgence ciblée sur les personnes les plus vulnérables et qui maintiennent les mécanismes en place pour soutenir les moyens de subsistance".

Des représentants de l’Union européenne, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ont pris part à la réunion.

Parce que le Niger est souvent confronté à des déficits céréaliers, les autorités ont mis en place un système de banque alimentaire qui assure la distribution de céréales dans les zones où les réserves de vivres sont insuffisantes. Grâce à ce système, les habitants peuvent, par exemple, acheter 100 kilos de mil à un prix modéré de 10 000 FCFA (20 dollars américains), soit la moitié du prix proposé sur le marché.

Selon Seydou Bacari, coordonnateur de la cellule de crise alimentaire du gouvernement, les autorités ont déjà fourni 42 000 tonnes de céréales à des prix subventionnés et créé plus de 1 200 centres où les gens peuvent travailler et être rémunérés en vivres ou en espèces.

Le gouvernement n’est pas contre le principe d’une distribution de vivres, mais il n’a ni les moyens financiers ni les céréales pour apporter une telle aide, a-t-il précisé.

Pour Bacari, même si les ressources financières étaient disponibles, il serait difficile d’acheter suffisamment de céréales car les pays voisins sont également affectés par la crise.

Près de six millions de personnes dans la région semi-désertique du Sahel, en Afrique de l’ouest, sont confrontées à la famine après l’invasion acridienne de l’année dernière et la sécheresse qui ont détruit les cultures et les pâturages.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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