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Un conflit inter-ethnique fait plus de 15 morts et 4 000 déplacés dans l'ouest

Des affrontements ethniques ont fait 15 morts et près de 4 000 déplacés le week-end dernier à Duékoué, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, ont indiqué lundi les autorités locales.

La ville de Duékoué est située à moins de 50 km au sud de la zone de confiance contrôlée par les forces d’interposition de l’ONU et fait office de ligne de front entre le sud, contrôlé par les forces gouvernementales, et le nord, tenu par les forces rebelles, depuis que la rébellion de septembre 2002 a coupé la Côte d’Ivoire en deux.

Les affrontements ont commencé dans la journée de vendredi après que des Guérés eurent refusé de prendre part au mouvement de grève déclenché par des dioulas pour protester contre l’insécurité.

Les Dioulas sont majoritairement musulmans et originaires du nord de la Côte d’Ivoire et de certains pays voisins. Les Guérés sont généralement animistes ou chrétiens et se considèrent comme les populations autochtones de la région.

"Les affrontements ont fait quinze morts, dix Dioulas et cinq Guérés", a indiqué à IRIN Marcel Diahi, adjoint au maire de Duékoué.

"Bien que l’ordre ait été rétabli à Duékoué, de nombreux problèmes subsistent, car quelque 4 000 personnes ont été déplacées", a-t-il ajouté.

Des sources militaires ont confirmé lundi matin que 12 personnes ont été tuées au cours des affrontements.

Le porte-parole du Comité International de la Croix Rouge, Kim Gordon-Bates, a indiqué que le CICR a transporté huit corps et a assisté 35 blessés après les affrontements. D’autres organisations ont également transporté des corps et porté secours à de nombreux blessés, a précisé Kim Gordon Bates.

"Cette situation a fait plus de 3 000 déplacés à la mission catholique et près de la mairie. Nous avons donné des médicaments, mais nous avons quelques inquiétudes pour les problèmes d’eau et d’hygiène", a ajouté Gordon-Bates.

Selon un militaire ivoirien qui a requis l’anonymat, ces affrontements à caractère communautaire sont la conséquence directe de l’insécurité qui règne dans la zone de confiance.

"Les commerçants dioulas sont souvent attaqués par des Guérés dans la zone de confiance", a-t-il indiqué, expliquant que de nombreux camions appartenant à des Dioulas ont récemment été attaqués par des milices armées.

Plusieurs milices armées favorables au président Laurent Gbagbo sont présentes dans cette zone, la principale région productrice de cacao et café du pays. De plus, les membres de ces milices appartiennent généralement à l’ethnie guéré.

Ali Touré habite Duékoué. Pour la première fois depuis la fin des affrontements, il a quitté lundi son domicile pour rendre visite à ses parents âgés. Les barricades érigées pendant les émeutes ont été dégagées, mais la situation reste très tendue, a-t-il indiqué.

"Nous avons peur parce que les combats peuvent reprendre à tout moment. Un imam a été tué à son domicile et des Dioulas ont incendiés des maisons de Guérés – La situation est encore très tendue", a indiqué Touré.

Une réunion des commerçants locaux devait se ternir lundi dans les bureaux de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). Les habitants de Douékoué espèrent que cette rencontre permettra de calmer la situation, a conclu Touré.

Les conflits entre ces deux communautés ne datent pas d’hier, mais, depuis le début de la guerre civile, les tensions ethniques sont très exacerbées dans les zones contrôlées par le gouvernement.

Les populations originaires du nord et les ressortissants d’autres pays d’Afrique de l’ouest sont fréquemment persécutés dans le sud par les autochtones, les forces de sécurité ou par les milices pro-Gbagbo.

Les campagnes de haine reprises à la radio, à la télévision et dans les quotidiens abidjanais n’ont fait qu’accroître le sentiment de méfiance entre les communautés autochtones et allogènes.

A Guiglo, à 30 km à l’ouest de Duékoué, cinq personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées lorsque des militaires ont ouvert le feu sur un groupe de wés la semaine dernière, a indiqué le journal local.

Ce groupe protestait contre l’assassinat d’un jeune wé perpétré par des rebelles burkinabés, a indiqué le journal.

Selon les représentants du Bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires (OCHA) présents à Guiglo, la situation était redevenue calme lundi.

La région Ouest de la Côte d’Ivoire a été le théâtre de sanglants combats dans les mois qui ont suivi la rébellion de septembre 2002.

Le mois dernier, les forces loyalistes et les forces rebelles ont commencé à retirer leurs armes lourdes de la ligne de front en prélude au programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) qui doit démarrer le 14 mai.

La réunion préliminaire au processus de DDR qui était prévue lundi dans la capitale administrative Yamoussoukro a été ajournée à la dernière minute pour des raisons techniques.

La rencontre entre les représentants des forces armées nationales de la Côte d’Ivoire (FANCI) et du mouvement rebelle des Forces nouvelles aura donc lieu mardi.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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