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Gbagbo dit oui à la candidature d'Alassane Ouattara, mais les rebelles se montrent prudents

Le président ivoirien Laurent Gbagbo a accepté d’utiliser les pouvoirs exceptionnels que lui confère la Constitution pour autoriser son principal adversaire politique à se présenter aux élections d’octobre prochain, cédant ainsi à la pression de la communauté internationale et à l’une des principales exigences des forces rebelles qui occupent le nord du pays.

Dans un discours radiotélévisé, Gbagbo a indiqué mardi soir qu’il avait décidé de mettre en œuvre l’article 48 de la Constitution qui permet au président de prendre des mesures exceptionnelles lorsque les institutions et l’intégrité territoriale sont menacées.

"A partir de maintenant, je prendrai les mesures exceptionnelles exigées par la situation", a déclaré le président ivoirien.

"En conséquence, Monsieur Alassane Dramane Ouattara peut, s’il le désire, présenter sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2005".

Le rejet de la candidature de Ouattara aux dernières élections de 2000 est l’un des principaux motifs de la tentative de renversement du président Gbagbo en septembre 2002 qui s’est ensuite transformée en une guerre civile qui a coupé le pays en deux.

Après avoir répété des mois durant que la modification de l’article 35 de la Constitution fixant les conditions d’éligibilité des candidats à la présidence de la République devait être soumise à référendum, Gbagbo a finalement changé d’avis mardi.

Cette décision intervient deux semaines après une recommandation du président sud africain et médiateur international, Thabo Mbeki, d’autoriser tous les partis signataires de l’accord de paix de janvier 2003 à participer aux élections présidentielles d’octobre prochain.

Les responsables des Forces nouvelles ont réagi avec prudence au discours du président ivoirien.

"On remercie Gbagbo d’avoir utilisé l’Article 48 pour résoudre le problème de l’Article 35", a confié mercredi à IRIN Cissé Sindou, un proche collaborateur du leader des Forces nouvelles, Guillaume Soro.

Toutefois, il s’est dit préoccupé par le fait que Gbagbo ait laissé entendre qu’il pourrait aussi recourir à l’Article 48 de la Constitution pour résoudre, le cas échéant, d’autres problèmes que celui de l’éligibilité des candidats à l’élection présidentielle.

"Mais Mbeki ne lui a pas demandé d’utiliser cet article pour faire l’anarchie. On reste vigilants", a conclu Sindou.

Ouattara a aussi réagi dans le même sens.

"C’était une décision attendue, elle arrive trois semaines plus tard, mais c’est toujours une bonne chose" a-t-il déclaré sur Radio France Internationale. "(Mais) Laurent Gbagbo ne peut pas se permettre d’utiliser l’Article 48 au-delà du règlement de la question de l’Article 35".

Président du Rassemblement des républicains (RDR), un parti de l’opposition, Ouattara bénéficie d’un fort soutien dans le nord. Il n’a pu se présenter au scrutin de 2000 au motif que ses deux parents n’étaient pas ivoiriens ; ses adversaires allant jusqu’à affirmer que son père était originaire du Burkina Faso.

Désormais, un obstacle à la poursuite du processus de paix vient d’être levé.

La candidature de Ouattara a été un obstacle majeur dans le processus de paix en Côte d’Ivoire un pays d’Afrique de l’ouest jadis très prospère, mais qui vient de connaître trois pénibles années de crise politique.

Bien que l’Assemblée nationale ait modifié le très controversé Article 35 de la Constitution en fin 2004 afin que tout candidat né d’un seul parent ivoirien puisse se présenter à l’élection présidentielle, Gbagbo avait exigé jusqu’à présent la tenue d’un référendum pour l’adoption de la réforme de la Constitution.

Toutefois, pour que ce référendum puisse avoir lieu, les rebelles devaient d’abord être désarmés et le pays réunifié; éventualité rejetée par les rebelles qui exigent auparavant l’application de toutes les réformes politiques stipulées dans les accords de Marcoussis.

Réagissant au discours de Gbagbo mardi, Mbeki s’est dit très heureux de la relance du processus de paix.

"C’est un discours très important, car cela signifie que le peuple ivoirienne s’achemine vers la paix et la démocratie", a déclaré le leader sud africain à l’agence Reuters.

A Abidjan, toutefois, certains journaux de l’opposition se sont montrés plus réservés, indiquant que le discours de Gbagbo était "plein de pièges" et que l’Article 48 constituait une "bombe dans les mains de Gbagbo".

Quant aux partisans de Gbagbo, ils espèrent qu’en se pliant aux exigences de la communauté internationale, leur leader voit ses pouvoirs renforcés.

"Nous n’avons pas voulu qu’il utilise cet article, mais la communauté internationale le lui a demandé. Alors qu’on le laisse l’utiliser pleinement", a indiqué Geneviève Bro Grebe, la présidente des femmes patriotes qui sont descendues dans la rue pour apporter leur soutien à Gbagbo.

"Avec cet Article, il pourra prendre toutes les mesures qu’il jugera nécessaires pour rétablir la paix", a-telle ajouté.

Las des ces années de 'ni guerre, ni paix', de nombreux ivoiriens espèrent que la décision de Gbagbo permettra d’engager le processus de désarmement.

Lors des précédents pourparlers de paix, les dates fixées pour le désarmement n’ont jamais été respectées. Désormais, le désarmement effectif des forces rebelles et des milices pro-gouvernementales démarrera le 14 mai.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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