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Démarrage du processus de désarmement le 14 mai prochain

Les représentants du gouvernement et des Forces nouvelles de la Côte d’Ivoire ont convenu le week-end dernier que le désarmement des forces rebelles qui occupent le Nord du pays se déroulera entre le 14 mai et le 31 juillet.

Outre les rebelles, les quelque 4 000 soldats enrôlés dans les forces de défense et de sécurité de la Côte d’Ivoire (FDSCI) depuis le début du conflit en septembre 2002 seront démobilisés.

L’accord conclu samedi dernier à Bouaké lors de la rencontre entre les chefs militaires des belligérants reste pourtant soumis à certaines conditions.

Selon le communiqué conjoint publié samedi soir à la fin de la réunion, le calendrier du désarmement fera l’objet d’un débat lors d’un séminaire qui se tiendra à Yamoussoukro, la capitale administrative de la Côte d’Ivoire, entre le 2 et le 6 mai.

Ce séminaire se déroulera après la série de consultations politiques que le président Laurent Gbagbo aura avec les forces vives du pays avant d’accepter ou pas la décision du médiateur sud-africain Thabo Mbeki d’autoriser Alassane Ouattara, le leader de l’opposition soutenu par les rebelles, à se présenter aux élections présidentielles prévues en octobre.

Ancien Premier ministre de la Côte d’Ivoire de 1990 à 1993, Ouattara n’avait pu se présenter aux élections présidentielles de 2000 au motif que son père était burkinabé.

La réunion de Yamoussoukro interviendra aussi à un moment où le Conseil de sécurité de L’ONU se prononcera sur le renouvellement du mandat en Côte d’Ivoire des 10 000 hommes des forces onusiennes et françaises de maintien de la paix.

Le précédent mandat expirait le 4 avril, mais a été prolongé jusqu’au 4 mai sur décision du conseil de sécurité qui attendait les résultats du sommet de Pretoria initié par Thabo Meki et auquel ont pris part tous les protagonistes de la crise ivoirienne.

La réunion de Pretoria s’est terminée par la signature d’un accord le 6 avril et a permis de relancer l’Accord de paix de Linas Marcoussis conclu en janvier 2003 sous l’égide de la France.

Toutefois, cette réunion n’a pas résolu le différend qui opposait Gbagbo aux Forces nouvelles au sujet de l’adoption de l’amendement de la Constitution qui autoriserait Alassane Ouattara à se présenter aux prochaines élections présidentielles d’octobre 2005.

Selon certains diplomates, ce problème constitue encore une pomme de discorde qui pourrait entraver l’application de l’accord de paix.

Bien qu’il n’ait pas rejeté les recommandations du président sud-africain lui demandant d’user des pouvoirs exceptionnels que lui confère la Constitution pour valider l’amendement déjà approuvé par l’Assemblée nationale, Gbagbo n’a pas non plus accepté ces recommandations de manière formelle.

Avant la réunion de Pretoria, Gbagbo exigeait l’organisation d’un référendum pour adopter l’amendement constitutionnel. Dans le contexte politique actuel du pays, cette consultation populaire est impossible à organiser étant donné que le pays est encore divisé en deux et que les rebelles rejettent cette initiative.

A Bouaké, samedi dernier, les représentants des forces gouvernementales et des forces rebelles ont décidé de prendre des mesures urgentes pour faire baisser la tension observée ces derniers mois de part et d’autre de la ligne de front.

Le communiqué conjoint indique que les deux parties commenceront à retirer leurs armes lourdes de la ligne de front le 21 avril prochain afin d’envoyer un «signal fort» sur leurs intentions réelles d’avancer dans le processus de désarmement longtemps retardé.

Le séminaire qui se tiendra à Yamoussoukro dans deux semaines dictera les prochaines étapes du processus de désarmement.

“Ce séminaire déterminera, au terme de ces travaux, la période définitive de la réalisation du PNDDR”, note le communiqué qui insiste par ailleurs sur le fait que l’accord de principe pour démarrer le processus de désarmement à la mi-mai reste soumis «aux contraintes financières et techniques et aux exigences de l’Accord de Pretoria»; ce qui signifie que la mise en œuvre de ce processus pourrait être retardée.

Malgré cette déclaration très prudente, le discours officiel à la fin de la réunion de Bouaké était empreint d’optimisme.

Le colonel Philippe Mangou, chef d’état-major des FDSCI et le colonel Soumaila Bakayoko, son homologue des Forces armées des Forces Nouvelles (FAFN) ont tous deux déclaré la fin définitive de la guerre civile qui a éclaté en septembre 2002.

Les deux hommes se rencontraient pour la première fois depuis l’attaque aérienne des forces armées gouvernementales sur des positions rebelles en novembre dernier.

Cette violation du cessez-le-feu a été suivie le 28 février dernier de l’attaque d’une milice pro-gouvernementale contre un poste rebelle dans la localité de Logoualé, à l’ouest de la Côte d’Ivoire.

A Abidjan, Charles Blé Goudé, leader du mouvement des Jeunes patriotes et Alphonse Djédjé Mady, président du G7, la coalition des partis de l’opposition, se sont déclarés très satisfaits du nouveau calendrier du processus de désarmement.

“Le désarmement est un pas très important. S’il se concrétise, cela va rassurer le monde entier et la Côte d’Ivoire”, a indiqué à IRIN Blé Goudé.

Mais le chef de file des Jeunes patriotes se veut prudent : “Nous attendons que cette décision sur le désarmement s’applique d’abord avant d’exprimer notre joie, car ce n’est pas la première fois qu’on fixe une date pour le désarmement et qu’elle n’est pas respectée”.

Parlant au nom du G7, une coalition des quatre principaux partis de l’opposition parlementaire, Djédjé Mady a déclaré : “C’est une décision heureuse… Maintenant, il faut qu’on gère cet accord avec intelligence. Tous les acteurs doivent créer un climat de confiance pour qu’on arrive à organiser les élections dans la période qui reste. La confiance est fragile, mais on ne doit pas rester méfiant tout le temps. Aucun sacrifice n’est assez grand pour la paix”.

Lors de la réunion qui s’est tenue jeudi dernier à Bouaké, les forces rebelles avaient exigé de Gbagbo qu’il désarme ses milices avant qu’elles ne commencent à déposer leurs armes conformément aux dispositions du programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. Cette condition a été levée.

Le communiqué final indique que le Premier ministre Seydou Diarra, une personnalité indépendante nommé à la tête du gouvernement de réconciliation nationale de la Côte d’Ivoire, supervisera le désarmement et le démantèlement des milices, comme le stipulent les Accords de Pretoria.

De nombreux rebelles en ont assez de se battre et espèrent pouvoir restituer leurs armes aux forces onusiennes de maintien de la paix.

Quelques heures après que le communiqué final de la réunion de Bouaké ait fixé le calendrier du processus de désarmement, certains combattants des forces rebelles discutaient à l’heure du déjeuner de ce qu’ils feraient de leurs indemnités, une fois démobilisés.

“Je vais retourner réparer des camions”, a lancé le soldat ‘Quassi’, devant son plat de poulet et de riz, son arme posée près de son plat.

“J’en ai marre de cette situation. La prime de désarmement me servira de source de financement. J’ai par ailleurs promis à mon frère de lui prêter de l’argent pour démarrer une affaire”, a-t-il ajouté.

Selon les dispositions du processus de DDR, chaque ex-combattant recevra une indemnité de 900 dollars dans le cadre du programme de réinsertion qui offre également une formation professionnelle ou la possibilité de poursuivre des études dans une école ou un collège.

Pour certains combattants toutefois, il est trop tôt pour se réjouir de la fin de guerre civile car ils ne savent pas encore ce qu’ils feront une fois la paix retrouvée.

De nombreux combattants des Forces nouvelles étaient, avant la guerre, d’anciens soldats de l’armée nationale. Le principal objectif de la tentative de coup d’état de septembre 2002, était de lutter contre la marginalisation dont sont victimes les ressortissants du Nord au sein de l’armée où Gbagbo a nommé de nombreux sudistes à des postes clés.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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