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Cessation des hostilités, en attendant une décision sur l'élection présidentielle

Après trois jours de négociations en Afrique du Sud, le gouvernement et les rebelles ivoiriens ont signé mercredi la cessation immédiate et définitive des hostilités en Côte d’Ivoire.

Selon le communiqué final, le président sud-africain Thabo Mbeki, médiateur de l’Union africaine (UA) devra régler l’épineux problème de la candidature de l’opposant politique d’Alassane Ouattara aux élections présidentielles prévues en octobre prochain.

Pour certains diplomates en poste en Afrique de l’ouest, cette médiation ne permet pas d’envisager une application immédiate d’un accord de paix visant à mettre fin à deux ans et demi de guerre civile.

Toutefois, le simple fait de voir le président Laurent Gbagbo et le chef rebelle Guillaume Soro à Pretoria réunis autour d’une table de négociation pour la première fois depuis neuf mois est en soi un exploit.

Les deux hommes s’étaient rencontrés en juillet 2004 lors du sommet d’Accra, la capitale du Ghana, mais ce sommet n’avait pas permis de lever les obstacles à l’application des accords de paix de Linas Marcoussis signés en janvier 2003.

Gbagbo, quant à lui, s’est montré plus optimiste que tous ceux qui pensent que l’accord de Pretoria n’aboutira à rien.

"De nombreuses personnes pensent qu’il s’agit d’un accord de plus ; mais lorsqu’on signe un accord, c’est bien parce que nous cherchons encore à atteindre un objectif", a-t-il déclaré.

Pour Mbeki et la communauté internationale, l’accord de paix de Marcoussis conclu sous l’égide de la France reste le document de référence pour tout règlement négocié de la crise en Côte d’Ivoire.

Cet accord de paix a conduit à la signature d’un cessez-le-feu entre le gouvernement et les rebelles en mai 2003 et depuis, une fragile trêve est observée en Côte d’Ivoire.

Cette trêve a été interrompue à deux reprises ; en novembre 2004 dernier, avec le bombardement du fief des forces rebelles par l’armée de l’air ivoirienne, puis en février 2005, avec l’attaque par des milices pro-Gbagbo d’une position des rebelles sur la ligne de front.

Dans le communiqué final publié à Pretoria, les parties s’engagent à tout mettre en oeuvre pour éviter des incidents violents et à désarmer leurs milices respectives.

"Les parties ivoiriennes signataires de l'Accord de Pretoria par le présent accord déclarent la cessation immédiate et définitive des hostilités et la fin de la guerre sur tout le territoire national", indique la déclaration conjointe signée par Gbagbo, Soro, le Premier ministre Seydou Diarra et les leaders des deux principaux partis de l’opposition.

Considérée comme le sommet de la dernière chance pour le désarmement des rebelles et la réunification du pays dans la perspective des élections présidentielles, la réunion de Pretoria s’est achevée après une journée de discussions consacrée à finaliser les termes de l’accord de paix.

Pour l’opposition ivoirienne, le contentieux autour de la réforme de l’article 35 de la constitution sur les conditions d’éligibilité à la présidence de la république n’a pas été résolu.

L’assemblée nationale a amendé cet article qui stipule désormais que tout candidat à la présidence de la Côte d’Ivoire doit avoir au moins un parent de nationalité ivoirienne, plutôt que les deux parents comme exigé dans la précédente version de l’article. Gbagbo avait insisté pour que cette modification de la constitution soit approuvée par référendum, une consultation populaire bien difficile à organiser tant que le pays ne sera pas réunifié.

L’article 35 avait été brandi en 2000 pour empêcher Ouattara de se présenter contre Gbagbo, au motif que son père était Burkinabé.

"Les Ivoiriens ne sont pas parvenus à s’entendre sur les conditions d’éligibilité des candidats" a indiqué Soro, ajoutant qu’il revient désormais à Mbeki de résoudre le problème.

"Nous devons lui laisser le temps de trouver une solution", a indiqué Gbagbo.

“La question de l’article 35 n’a pas été résolue et je suis inquiet”, a déclaré Soualio Kader Sylla, un membre du bureau du Rassemblement des républicains, le parti d’Ouattara. “Je pense que si les leaders politiques reviennent de Pretoria sans une solution à ce problème, alors rien n’a été fait”, a-t-il confié à IRIN à Abidjan.

Quant aux questions relatives à l’éligibilité des candidats aux prochaines élections présidentielles, Mbeki communiquera sa décision aux leaders politiques présents à la réunion de Pretoria, après avoir consulté le président nigérian Olusegun Obasanjo, président en exercice de l’Union africaine (UA) et le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan.

Selon Mbeki, cette décision sera connue dans une semaine.

"Il faut une décision courageuse une bonne fois pour toute. Chaque fois qu’il y a un sommet sur la Côte d’Ivoire, tout le monde retient son souffle”, a indiqué Sylla.

Ancien Premier ministre de la Côte d’Ivoire et vivant désormais en exil en France, Ouattara était présent à la réunion de Pretoria ainsi que l’ancien président Henri Konan Bédié, chef de file du Parti démocratique de la Côte d’Ivoire, chassé du pouvoir en 1999 par un coup d’état militaire.

Les différentes parties au conflit ont accepté d’organiser une réunion le 14 avril à Bouaké, le fief de la rébellion, entre le gouvernement et les chefs d’état major des forces loyalistes et des forces rebelles.

Toutefois, pour certains observateurs de la vie politique ivoirienne, l’accord de Pretoria ne fera pas pour autant avancer le processus de paix en Côte d’Ivoire, pays en proie à une guerre civile depuis septembre 2002.

“Ce qui important aujourd’hui, ce sont les actes, pas les discours. C’est tout ce qui compte”, a expliqué un homme d’affaires.

A plusieurs reprises, le gouvernement et les rebelles se sont engagés à mettre fin aux hostilités et à démarrer le processus de désarmement, mais aucune des parties n’a honoré ses engagements.

Mbeki a condamné les récentes violations du cessez-le-feu en Côte d'Ivoire.

“En tant que médiateur, je réitère ma désapprobation et ma condamnation des violations du cessez-le-feu des 4 au 6 novembre 2004 et celle du 28 février 2005 dans l’ouest de la Côte d'Ivoire”, a déclaré le président sud-africain.

“Je suis contre ces violations du cessez-le-feu et contre toute forme de violence. Et comme je l’ai indiqué, par cette déclaration formelle de fin de guerre, les responsables politiques ivoiriens partagent le même point de vue sur la question”.

Charles Blé Goudé, leader des Jeunes patriotes, une milice pro-Gbagbo, a déclaré à IRIN qu’il ne pouvait pas commenter les conclusions de la réunion de Pretoria avant d’en avoir discuté au préalable avec le Président à son retour en Côte d’Ivoire.

Geneviève Bro Grébé, présidente des femmes patriotes, est optimiste.

“Ces résolutions sont optimistes”, a-t-elle déclaré à IRIN, soulignant que les rebelles se sont de nouveau engagés à désarmer. “S’il y a le désarmement, nous pensons que tout ira bien”.

Jusqu’à présent, les rebelles ont refusé de restituer leurs armes aux 6 000 hommes des forces de maintien de la paix de l’ONU, prétextant que les principales réformes politiques exigées par les accords de Marcoussis n’ont pas donné de véritable délégation de pouvoir au gouvernement de réconciliation nationale dirigé par le Premier ministre Seydou Diarra.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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