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L'opposition réclame le report de l'élection présidentielle

La coalition des six partis de l’opposition au Togo a réclamé au gouvernement de reporter l’élection présidentielle prévue le 24 avril prochain, estimant l’échéance trop proche pour l’organisation d’élections libres et transparentes.

La coalition soutenant la candidature d’Emmanuel Bob Akitani a exigé samedi dernier le report de l’élection et une plus grande implication de la communauté internationale, lors d’un rassemblement de milliers de partisans dans la capitale Lomé

"Le collectif exige que le gouvernement et la Commission électorale nationale indépendante (CENI) réaménagent le calendrier électoral en vue d’assurer sa représentation dans les structures électorales locales et de permettre à la communauté internationale de s’impliquer dans le processus électoral", a indiqué la coalition dans une déclaration conjointe.

L’opposition n’a cependant pas proposé une nouvelle date pour le scrutin présidentiel convoqué après le décès le 5 février dernier du président Gnassingbe Eyadema.

Eyadema avait dirigé ce petit pays d’Afrique de l’ouest de 5 millions d’habitants pendant 38 ans, ce qui en faisait le doyen des chefs d’Etat africains en exercice.

A la mort d’Eyadema, l’armée avait confié le pouvoir à son fils de 39 ans, Faure Gnassingbe. Cette usurpation du pouvoir avait soulevé les vives protestations de la communauté internationale qui a contraint Gnassingbe à démissionner, laissant un proche allié de son père défunt assumer les fonctions de chef d’Etat par intérim et organiser de nouvelles élections.

Avant la démission de Gnassingbe, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti unique créé par son père, l’avait désigné comme son candidat aux présidentielles. Ce parti dispose de la quasi-totalité des sièges à l’assemblée nationale et contrôle tous les leviers de l’Etat.

A 74 ans, Bob Akitani se présente pour la deuxième fois comme le candidat de substitution du chef de file de l’opposition Gilchrist Olympio qui vit en exil en France depuis plusieurs années. Déjà candidat aux élections de juin 2003 contre le président Eyadema, Bob Akitani était arrivé en deuxième position avec 34 pour cent des votes.

[Togo] Gilchrist Olympio, taken in Lome March 2005.
Gilchrist Olympio, à gauche, à Lomé
Gilchrist Olympio est le fils de Sylvanus Olympio, le premier président du Togo indépendant. Aux élections de 2003, il n’a pas pu prendre part au scrutin car, aux termes d’un article de la constitution, tout candidat à l’élection présidentielle doit résider au Togo au moins 12 mois avant l’élection. Ce même texte l’empêche encore aujourd’hui de participer à l’élection du 24 avril.

Selon certains diplomates, l’élection présidentielle de cette année se résumera en un combat entre Gnassingbe, l’héritier d’Eyadema, et Bob Akitani, le numéro 2 de l’Union des forces du changement (UFC), le parti de Gilchrist Olympio.

Deux autres candidats de moindre importance ont déposé leur dossier avant le 27 mars, date de clôture des dépôts de candidature. Il s’agit de Harry Olympio, un parent éloigné de Gilchrist Olympio, mais très proche collaborateur du régime d’Eyadema, et de Nicolas Lawson, un responsable de l’opposition qui avait recueilli moins de 5 000 voix lors de l’élection présidentielle de 2003.

A en croire certains témoins, entre 10 000 et 20 000 partisans de l’opposition sont descendus dans les rues de Lomé samedi dernier pour exiger le report du scrutin du mois prochain.

Toutefois, le 24 avril a déjà été retenu par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) comme la date de l’élection présidentielle. Très influente, la CEDEAO a largement contribué à la démission de Faure Gnassingbe et prend part à l’organisation du scrutin. Il y a donc très peu de chance que le gouvernement accepte de modifier la date du scrutin présidentiel.

Parallèlement à la marche de l’opposition qui se déroulait samedi à Bé, le quartier populaire où de nombreuses manifestations anti-gouvernementales ont eu lieu ces dernières semaines, des milliers de personnes ont manifesté à l’appel du RPT dans l’enceinte d’un stade de football pour soutenir la candidature de Gnassingbe.

Les militants du pouvoir en place brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Non au report des élections". Selon Robert Assedi, le porte-parole officiel du parti dirigeant, l’opposition demande le report des élections parce qu’elle n’est pas prête et qu’elle a peur des urnes.

Le RPT et la coalition des partis de l’opposition ont toutefois exhorté leurs militants à vérifier que leurs noms figurent sur les listes électorales dont la révision doit s’achever le 5 avril.

Pour l’opposition, près du quart des noms figurant sur les listes électorales utilisées pendant l’élection présidentielle de 2003 correspond à des noms fictifs.

La révision des listes électorales a commencé lundi dernier, mais déjà de nombreux électeurs se plaignent que les autorités n’acceptent d’inscrire que les jeunes gens de moins de 20 ans qui étaient bien trop jeunes pour voter lors de la précédente élection.

Dans un bureau d’inscription installé au sein d’une école de Lomé, le correspondant d’IRIN a rencontré des douzaines d’adultes que les autorités ont refusé d’inscrire sur les listes électorales.

C’est le cas de cette vieille dame de 65 ans qui a voté lors des précédentes élections, mais que les autorités refusent d’inscrire sur les listes électorales sous prétexte que sa carte nationale d’identité n’est plus valable ; ou de ce jeune homme de 29 ans qui proteste contre le fait qu’il n’a jamais pu voter parce que son nom a été systématiquement effacé des listes électorales.

"Nous avons reçu l’ordre de n’inscrire que les jeunes électeurs de 18 à 20 ans parce qu’ils n’étaient pas encore en âge de voter lors de la dernière élection présidentielle", a déclaré un fonctionnaire du bureau d’inscription.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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