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Nouvelle initiative de Thabo Mbeki pour une solution de sortie de crise

Après quatre mois de tentatives infructueuses pour sortir de l’impasse le processus de paix en Côte d’Ivoire, le président sud-africain Thabo Mbeki réunira à Pretoria fin mars les principaux acteurs de la crise ivoirienne, a indiqué vendredi le porte-parole du Président sud-africain.

Suite aux violents incidents de novembre 2004, l’Union africaine (UA) avait confié à Mbeki une mission de médiation pour mettre fin à 30 mois de crise en Côte d’Ivoire, pays autrefois le plus prospère et le plus stable d’Afrique de l’ouest.

Depuis, peu de progrès ont été accomplis pour sortir de la crise, malgré les espoirs de voir ce chef d’Etat réussir là où d’autres organisations et l’ancienne puissance coloniale ont échoué.

Sur la ligne de front, la tension est de plus en plus perceptible. Quelques 10 000 hommes des forces onusiennes et françaises de maintien de la paix surveillent une zone tampon qui sépare le nord contrôlé par les Forces nouvelles, du sud sous contrôle des forces gouvernementales. Aujourd’hui, face à la pression internationale grandissante, le Président sud-africain doit trouver une solution rapide pour sortir le pays de l’impasse politique.

Des représentants des Nations unies ont noté la semaine dernière que des renforts en hommes et en armement étaient acheminés de part et d’autre de la ligne de front.

"Nous avons vu des groupes d’hommes armés montés vers la ligne de front", a indiqué à IRIN le colonel Al-Khadir, porte-parole militaire des forces onusiennes. "Ces mouvements ont surtout été observés dans l’ouest, près des villes loyalistes de Guiglo et de Duékoué, mais aussi dans la ville de Danané, sous contrôle des Forces nouvelles".

Les manifestations annoncées par Charles Blé Goudé, le chef de file des Jeunes patriotes, la milice pro-Gbagbo, ont eu lieu samedi et dimanche derniers à Guiglo, Duékoué et dans d’autres villes de l’ouest pour exiger le départ des forces français de l’opération Licorne dont le mandat expire en avril prochain.

Selon Bheki Khumalo, le porte-parole du président sud-africain, Thabo Mbeki a invité les cinq principaux acteurs de la crise ivoirienne à se rendre en Afrique du Sud le 28 mars prochain pour trouver une solution de sortie de crise.

Le président Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, le leader des Forces nouvelles, Seydou Diarra, le Premier ministre indépendant du gouvernement de réconciliation nationale, Henri Konan Bédié, l’ancien chef d’Etat et président du PDCI (Parti démocratique de la Côte d’Ivoire), le principal parti d’opposition, et Alassane Ouattara, le président en exil du RDR (Rassemblement des républicains), un parti d’opposition, devraient se rendre à Pretoria.

Toutefois, Khumalo n’a pas voulu indiquer si les cinq responsables politiques ont confirmé leur présence à cette réunion.

Une médiation qui s’éternise

La réunion de Pretoria se tiendra à un moment où le Conseil de sécurité des Nations unies étudiera la proposition visant à renforcer le contingent des 6000 hommes des forces de maintien de la paix et à étendre son mandat. La France, quant à elle, décidera si elle retire ou pas les 4 000 soldats français de la force Licorne qui appuie l’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI).

Le mandat de 12 mois de l’ONUCI expire le 4 avril et le conseil de sécurité engagera des consultations fin mars pour le renouveler, a indiqué un porte-parole de l’ONU à Abidjan.

Toutefois, la mission de médiation de Mbeki semble s’éterniser. En décembre dernier, le Président sud-africain avait dévoilé son plan de paix sur quatre mois, mais Khumalo s’est empressé de réfuter toute idée laissant penser que la rencontre du 28 mars serait la réunion de la dernière chance.

“Cette réunion entre dans le cadre de la mission de médiation. Aucune échéance n’est imposée”, a-t-il fait remarquer. “Nous avons été mandatés pour mener ces négociations et lorsque vous négociez il faut être patients”.

“Il n’y a aucune pression. Nous menons les négociations jusqu’à leurs termes. Ce que nous voulons, c’est une adhésion claire et totale au plan de paix proposé l’année dernière”, a-t-il ajouté.

En décembre dernier, Mbeki avait soumis à toutes les parties au conflit un plan de paix en cinq points. Ce plan prévoyait notamment la fin du désarmement au mois de mars, la restauration de l’autorité du gouvernement de réconciliation nationale et un amendement de la constitution pour modifier les articles relatifs à la citoyenneté et aux conditions d’éligibilité des candidats à l’élection présidentielle. Très peu de progrès ont été accomplis sur ces différents points.

“Très franchement, je ne vois pas d’issue. La situation est durablement bloquée”, a déclaré le président gabonais Omar Bongo dans le dernier numéro de l’hebdomadaire Jeune Afrique l’Intelligent.

“Nous attendons”, a-t-il ajouté. “L’Afrique du Sud est un grand pays, mais ce n’est pas parce qu’on est un grand pays qu’on peut appréhender toutes les situations locales”.

La semaine dernière, une commission indépendante a demandé aux députés de l’assemblée nationale, majoritairement favorables au pouvoir en place, de revoir les amendements apportés à la constitution en décembre dernier dans le cadre de la feuille de route de Mbeki.
Selon les conclusions de cette commission, ces amendements ne répondent pas à l’esprit de l’accord de Linas Marcoussis signé en janvier 2003 et qui reste le principal projet de sortie de crise.

Depuis les derniers incidents de novembre 2004, les forces rebelles refusent de réintégrer le gouvernement de réconciliation nationale prétextant que leur sécurité n’est pas garantie dans le sud.

Les attaques lancées fin février par des milices pro-gouvernementales sur des positions rebelles dans le nord-est n’ont fait qu’accroître les craintes d’une reprise des hostilités. Selon des travailleurs humanitaires, près de 15 000 civils ont fui la région.

L’ONU fait part de ses préoccupations

A New York, le conseil de sécurité des Nations unies a mis en garde toutes les parties ivoiriennes au conflit contre le recours à la force. Il a également exprimé ses vives préoccupations sur la récente flambée de violence, soulignant “l’impact négatif que l’impasse actuelle peut avoir sur le processus de paix qui doit mener à l’organisation des élections en octobre prochain”.

Dans une intervention faite devant le Conseil de sécurité, Jean Marie Guéhenno, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a indiqué que le calendrier des élections sera "sérieusement compromis" et que les élections d’octobre seront probablement reportées.

Toutefois, dans la lettre d’invitation adressée aux cinq leaders ivoiriens, Mbeki souligne que les élections se tiendront au mois d’octobre prochain, conformément au calendrier prévu.

Mbeki indique également que “toutes les personnes souhaitant se présenter aux élections devraient être autorisées à déposer leur candidature”. Ceci constitue un sérieux revers pour les partisans de Gbagbo qui veulent exclure la candidature de l’opposant Ouattara, comme cela fut le cas lors des élections présidentielles de 2000 au motif que ces deux parents ne sont pas ivoiriens.

Selon le Mbeki, l’exclusion d’un segment de la population ne mettra pas fin à la crise ivoirienne. “Le principe de l’inclusion, par opposition à celui de l’exclusion, reste au cœur de notre vision commune d’une Côte d’Ivoire pacifique et démocratique”, précise-t-il dans sa lettre d’invitation.

De nombreux observateurs pensent que les élections d’octobre sont compromises. Ils l’expliquent par le fait que la médiation de Mbeki ne fixe aucune échéance et que les sanctions individuelles prises par l’ONU à l’encontre des personnalités qui entravent le processus de paix sont restées sans effet, malgré les menaces brandies l’année dernière.

“Il n’y a ni échéance, ni menace, ni d’option claire”, indique un observateur parisien sous le couvert de l’anonymat. “Mbeki fait ce qu’il peut, mais il ne peut contraindre toutes les parties à se soumettre à son plan de paix. Par ailleurs, la communauté ne l’aide pas beaucoup”.

Pour Venance Konan, rédacteur en chef du quotidien pro-gouvernemental Fraternité Matin, la médiation de Mbeki risque d’échouer, malgré ses bonnes intentions.

“Cet échec serait imputable à nos responsables politiques et n’a rien à voir avec la médiation de Mbeki. Le problème, c’est qu’il n’y a aucune bonne volonté de la part des principaux acteurs politiques pour résoudre ce conflit. On peut continuer à négocier indéfiniment, mais de nombreuses personnes ont l’impression que les deux parties préfèrent l’option militaire".

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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