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Trois manifestants tués, alors que la CEDEAO exige une transition démocratique

Au moins trois personnes auraient été tuées le week-end dernier au Togo au cours des affrontements entre les forces de sécurité et les manifestants qui protestaient contre l’arrivée controversée de Faure Gnassingbe après le décès de son père Gnassingbe Eyadema.

Des manifestations de rue ont eu lieu samedi dernier à Lomé alors que le Premier ministre Koffi Sama s’envolait pour Niamey pour rencontrer le président nigérien Mamadou Tandja, à la demande des chefs d’Etat de la Commission économique des états de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).

Le Premier ministre conduisait une délégation convoquée par le président Tanja, le président en exercice de la CEDEAO, pour recevoir la décision officielle de l’organisation exigeant le retour à l’ordre constitution en vigueur avant le décès subite d’Eyadema le 5 février dernier, après 38 ans de pouvoir.

Avant d’être modifiée de manière rétroactive, suite à la nomination par l’armée de Gnassingbe à la tête du pays, la constitution prévoyait qu’en cas de vacance du pouvoir, Fambare Ouattara Natchaba, le président de l’assemblée nationale d’alors devait assurer l’intérim du pouvoir et convoquer des élections présidentielles dans les 60 jours.

Après sept heures d’entretien avec le président Tanja, la délégation togolaise est rentrée au Togo samedi soir sans faire la moindre déclaration à la presse.

«Nous avons la certitude qu’ils ont compris le message. Ils ont été mandatés pour venir prendre le message du président de la CEDEAO. Ils vont retourner à Lomé pour rendre compte à Faure Gnassingbe et dans les jours qui viennent, ils vont apporter les réponses appropriées», a indiqué à la presse la ministre nigérienne des Affaires étrangères et de la Coopération, Mme Aïchatou Mindaoudou.

La CEDEAO avait condamné la prise de pouvoir de Gnassingbe qu’elle considérait comme un coup d’état militaire. Une mission composée de cinq chefs d’Etat de la CEDEAO et du président de la Commission de l’Unité africaine(UA), Alpha Oumar Konare, devait se rendre au Togo vendredi pour rencontrer Faure Gnassingbe.

Mais la mission a été annulée après une réunion préliminaire à Cotonou, la capitale du Bénin voisin. La mission souhaitait être reçue à Lomé, la capitale du Togo, alors que Gnassingbe tenait à la recevoir à Kara, une ville du nord Togo, lieu de naissance de son père défunt et fief de l’ethnie Kabyie.

Au même moment, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont demandé aux autorités togolaises de dépêcher samedi dernier une délégation auprès du président nigérien, Mamadou Tandja au risque de se voir imposer immédiatement des sanctions par la CEDEAO.

Le Togo est une ancienne colonie française de cinq millions d’habitants entourée par le Ghana, le Bénin et le Burkina Faso, tous membres de la CEDEAO, une organisation de qui regroupe 15 états et promeut l’intégration régionale.

Selon la ministre nigérienne des affaires Etrangères et de la Coopération, le président Tandja “a insisté sur la nécessité pour les autorités togolaises de se conformer aux décisions de la DEDEAO et de ne pas se trouver isolées.”

“Nous avons compris que les autorités togolaises sont tout à fait préoccupées par les décisions prises par la CEDEAO ; elles sont soucieuses de s’y conformer,” a-t-elle ajouté.

Peu de temps avant le début des entretiens au Niger, des milliers de sympathisants de l’opposition et des jeunes en colère ont tenté d’organiser une manifestation à Lomé contre le pouvoir de Gnassingbe.

Six partis d’opposition avaient appelé à manifester, bravant ainsi la décision des autorités d’interdiction de toute manifestation publique pendant deux mois. Mais les forces de sécurité, appuyées par des véhicules équipés de mitrailleuses ont interdit une marche dans le quartier de Bé, le fief traditionnel de l’opposition.

Cependant, de nombreux affrontements ont eu lieu entre les forces de sécurité et des groupes de manifestants formés au niveau des principaux carrefours de la ville que les manifestants ont tenté de bloquer en incendiant des pneus et en érigeant des barricades à l’aide d’épaves de voiture.

Selon certains témoins, les manifestants jetaient des pierres aux forces de sécurité qui ont riposté par des tirs de grenades lacrymogènes et en chargeant les manifestants à coups de matraque.

A plusieurs reprises les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur la foule des manifestants, mais aussi des coups de semonces pour tenter de la disperser, ont confié les témoins.

Dans un communiqué du gouvernement publié plus tard dans la journée, les autorités ont indiqué que trois personnes avaient été tuées au cours des manifestations qui ont été réprimées en milieu d’après midi.

Mais à en croire les récits de certains témoins à IRIN, quatre personnes auraient été tuées par l’armée et plusieurs autres blessées par des coups de matraque.

Ville de 800 000 habitants située en bordure de mer, Lomé était calme dimanche. Les parties d’opposition avaient appelé à une nouvelle grève générale, invitant la population à rester chez elle et décrété lundi une journée «ville morte».

Le 8 et 9 février, l’opposition avait déjà tenté de décréter une grève générale de deux jours qui n’a été que partiellement suivie. Les activités économiques ont connu un ralentissement au premier jour de la grève qui s’est ensuite essoufflée au deuxième jour.

En réaction aux manifestations de masse du premier jour, les autorités ont décidé de fermer quatre radios privées et une chaîne de télévision indépendante, les accusant d’inciter la population à se soulever contre le gouvernement.

La prise de pouvoir de Gnassingbe, l’ancien ministre des Travaux publics, des mines et des télécommunications dans le gouvernement de son père, a été décriée par la communauté internationale.

En dehors de la CEDEAO, de l’UA et des Nations unies, l’Union européenne et les Etats-Unis ont exigé des autorités togolaises qu’elles respectent les dispositions de la constitution et qu’elles transfèrent de manière démocratique le pouvoir à un nouveau président élu.

La France, entretenait de très étroites relations avec Eyadema, le doyen des chefs d’Etat africain encore en exercice. Elle dispose encore d’un contingent militaire et d’une base aérienne à Lomé.

Samedi dernier, la commission paix et sécurité de l’UA a vivement critiqué la suppression brutale des moyennes d’expression des opposants au régime de Faure Gnassingbe.

Dans un communiqué, le président de la commission a fait remarquer qu’il était préoccupé par la dégradation rapide de la situation politique au Togo et qu’il déplorait la décision des autorités de restreindre la liberté de la presse, comme l’atteste les menaces à l’encontre de certains journalistes et la fermeture ou le blocage des stations de radio indépendantes.

Un porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, originaire du Ghana voisin a exhorté les autorités togolaises à “faire preuve d’un maximum de retenue pendant la poursuite des efforts de médiation pour trouver une solution rapide et pacifique à la crise actuelle que traverse le pays.”


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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