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Des promesses d’élections libres et transparentes, mais sans calendrier électoral

Dans son discours à la nation de mercredi, le nouveau président du Togo, Faure Gnassingbe, s’engageait à organiser des élections libres et transparentes, alors que les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) se réunissaient au Niger pour débattre des conditions très controversées de sa prise de pourvoir que d’aucuns n’ont pas hésité à assimiler à un coup d’état militaire.

"Nous souhaitons que les discussions engagées débouchent sur l'organisation le plus tôt possible d’élections libres et transparentes qui reflètent la volonté du peuple,"a-t-il déclaré à la radiotélévision nationale lors de son premier discours à la nation, sans préciser de quelles élections il s’agissait ni fixer d’échéances.

Au même moment, les chefs d’Etat de neuf autres pays de la région participaient à Niamey àune réunion d’urgence convoquée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) pour débattre des conditions de la transmission du pouvoir de père en fils au Togo.

Agé de 39 ans, Faure Gnassingbe occupait auparavant les fonctions de ministre des Travaux publics, des Mines et des Télécommunications. Samedi dernier, avec la complicité de l’armée, il a précipitamment été nommé président de la république, après l’annonce du décès d’Eyadema, son père et doyen des chefs d’Etat africains en exercice.

L’armée, dont la plupart des hauts dignitaires sont Kabiyé et originaires du nord du Togo comme Eyadema, a ignoré le texte de la constitution qui prévoit que le président de l’assemblée nationale, Fambare Ouattara Natchaba, assure l’intérim en cas de vacance du pouvoir.

Convoqués dimanche en session extraordinaire, les députés de l’assemblée nationale ont, de manière rétroactive, entériné la prise de pouvoir du fils du président défunt et amendé la constitution par la même occasion pour permettre au fils président défunt de rester au pouvoir pendant trois ans sans convoquer de nouvelles élections.

Dans son premier discours à la nation, Gnassingbe n’a fait aucune allusion aux vives critiques émises par la communauté internationale à propos de ce son accession au pouvoir.

En revanche, il a promis de mettre en place des réformes, d’instaurer un dialogue avec les opposants en exil et d’organiser de nouvelles élections.

Après avoir dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 années, son père s’était aussi engagé à organiser des élections législatives en 2005 pour répondre aux conditions imposées par l’Union européenne pour la reprise de son aide financière.

Mais Faure Gnassingbe n’a fixé aucune échéance pour la tenue de nouvelles élections, ni indiqué si des élections présidentielles seraient organisées avant 2008, année correspondant la fin du mandat de son père.

Depuis l’annonce du décès d’Eyadema, les chefs d’Etat africains et la communauté internationale dans son ensemble ont exhorté les autorités togolaises à mener transition démocratique.

Mais compte tenu des conditions d’accession au pouvoir du fils du président défunt, L’Union africaine (UA) a menacé d’imposer des sanctions au Togo. Olusegun Obasanjo, chef d’Etat nigérian et président en exercice de l’UA, a appelé ses homologues africains à ne pas reconnaître le nouveau régime et a manifesté son inquiétude pour l’avenir de la paix au Togo.

Un nouveau chapitre dans l’histoire du Togo : l’espoir de tant de togolais

Obasanjo et huit autres chefs d’Etat de la CEDEAO se sont réunis à Niamey mercredi pour débattre de la crise politique née de la transmission du pouvoir au Togo, un état membre de l’organisation.

"De nombreuses personnes espéraient que le décès d’Eyadema ouvrirait un nouveau chapitre dans l’histoire du Togo...et c’est encore l’espoir de nombreux togolais", a déclaré à la BBC Mohamed Ibn Chambas, le secrétaire exécutif de la CEDEAO, avant l’ouverture du sommet des chefs d’Etat.

Après le décès d’Eyadema, l’intérim du pouvoir aurait dû être assuré par le président de l’assemblée nationale et de nouvelles élections présidentielles organisées dans les 60 jours.

Mais Natchaba, le président de l'assemblée nationale, était en voyage en Europe lorsque la mort du président Eyadema a été rendue public. Les autorités togolaises ont fermé les frontières terrestres, aériennes et maritimes pendant trois jours, empêchant ainsi le retour du président de l’assemblée nationale, le temps que la prise de pouvoir de Gnassingbe devienne un fait accompli.

Dans son discours à la nation de mercredi, Gnassingbe a remercié les forces de sécurité pour avoir su préserver l’ordre public et les a exhortées à rester unies.

"Nous comptons particulièrement sur les forces armées et de sécurité togolaises, qui doivent continuer à garantir la paix et la sécurité nécessaires à la réalisation de nos ambitions," a déclaré l’ancien ministre des Travaux publics, des mines et des télécommunications.

Gnassingbe a également tendu la main à l’opposition, indiquant qu’il restait ouvert au dialogue avec tous les togolais, en particulier avec les responsables des partis politiques.

Tenue à l’écart du pouvoir politique pendant les quarante dernières années, l’opposition togolaise a lancé un mot d’ordre de grève générale de deux jours, mardi et mercredi, pour protester contre ce qu’elle a appelé un coup d’état ; le mouvement de grève a été partiellement suivi par la population.

Lomé semblait vivre au ralenti mardi. Certaines écoles étaient fermées et très peu de clients se pressaient dans les banques, les boutiques et les marchés de la capitale. Mais mercredi, la vie avait repris son cours normal.

Dans son message à la nation, Gnassingbe a indiqué que tout citoyen togolais vivant à l’étranger et désirant rentrer dans son pays serait le bienvenu. Ce message était apparemment un appel du pied au principal leader de l’opposition, Gilchrist Olympio, qui vit en exil à Paris.

Son père, Sylvanus Olympio, le premier président du Togo indépendant a été assassiné en 1963 lors d’un soulèvement militaire dirigé par Eyadema, alors qu’il n’était que sergent-chef dans l’armée togolaise.

Quatre années plus tard, Eyadema renversait le président Grunisky et s’emparait du pouvoir. Au fil des années, Gilchrist Olympio est devenu le symbole de la résistance au régime autoritaire du président Eyadema et n’a pu se présenter contre lui aux élections présidentielles de 2003.

Gnassingbe a aussi fait quelques ouvertures en direction de l’Union européenne qui avait bloqué toute aide financière au Togo depuis 1993 pour protester contre les violations des droits de l’homme, la mauvaise gouvernance et l’absence de démocratie sous le régime d’Eyadema.

"Nous mettrons tout en oeuvre pour le rétablissement de bonnes relations entre notre pays et la communauté internationale, notamment l'Union européenne et les institutions financières et internationales," a-t-il déclaré.

Le Togo avait entamé l’année dernière des discussions avec les instances de Bruxelles pour une reprise de l’aide financière de l’Union européenne. Certains diplomates en poste à Lomé ont laissé entendre qu’avant la mort d’Eyadema, le Togo s’était engagé à organiser des élections législatives, condition préalable à la reprise de l’aide financière.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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