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Goma Tsé Tsé : Une lente résurrection après plusieurs années de combat dans le Pool

Située sur la ligne de chemin de fer qui relie Brazzaville au port côtier de Pointe Noire, la gare ferroviaire de Goma Tsé Tsé tarde à retrouver sa vitalité d’antan, depuis la fin des quatre années de guerre civile.

Malgré une paix fragile, la situation actuelle n’incite pas encore la population à revenir massivement dans le département du Pool où est située la ville de Goma Tsé Tsé.

Goma Tsé Tsé est à l’image des autres villes du département. La ville a été le théâtre de violents affrontements pendant la guerre civile, de 1998 à 2002. Le 17 mars 2003, un accord de paix mettant fin à la guerre civile a été signé entre le gouvernement et le Conseil national de la résistance (CNR) dirigé par le chef des rebelles ninjas, le révérend Frédéric Bitsangou, alias pasteur Ntumi.

Depuis, environ 14 000 personnes sont revenues dans la région, mais ce nombre ne représente qu’un peu plus de la moitié de la population qui y habitait avant le début de la guerre.

Goma Tsé Tsé n’est plus qu’un champ de ruines. Les bâtiments publics, notamment le siège de la sous-préfecture, et les appartements privés sont détruits. Les herbes sauvages ont envahi les maisons délaissés et dévastées et les quelques rues qui existaient avant la guerre ont fait place à présent à des chemins sinueux. Vue d’en haut, la ville de Goma Tsé Tsé ressemble à un grand jardin abandonné.

«[Goma Tsé Tsé] a été détruite à 80%», a déclaré le sous-préfet de la localité, Mme Eugénie Ngouissani. «La ville renaît difficilement, et nous devons contribuer d’une manière ou d’une autre à redonner vie à cette cité».

«La nécessité d’une réhabilitation s’impose partout. Les écoles et les habitations doivent être reconstruites. Le sol est devenu de plus en plus sablonneux, ce qui explique qu’il est difficile de trouver de l’argile pour reconstruire les maisons».

Une situation sanitaire et sociale précaire

Le Centre de santé intégré de Goma Tsé Tsé vient d’être réhabilité par une ONG française, le Comité d’aide médicale (CAM), et est opérationnel depuis avril 2004.

Selon Jean Jacques, un fonctionnaire à la retraire, le bâtiment du centre est presque neuf maintenant, mais le plus grand problème est le manque d’équipement et de personnel médical.

«Nous manquons même parfois de comprimés pour soigner une petite fièvre», a-t-il dit. «Un peu comme avant la guerre, nous manquons de tout, d’eau potable et d’électricité notamment. Nous buvons l’eau polluée de la rivière. Les enfants souffrent souvent de diarrhée et nous utilisons des plantes pour les soigner».

De même, le Chemin de Fer Congo-Océan, la compagnie nationale des chemins de fer, a rénové ses bureaux et la gare de la ville. Ici, les jeunes, particulièrement les ex-combattants qui ont renoncé à la guerre, attendent un des deux trains quotidiens pour aller vendre leurs fruits et légumes à Brazzaville, puisque le petit marché jouxtant la station ne peut contenir que 75 personnes.

«C’est un petit marché de fortune que nous avons installé juste pour vendre du manioc, notre principal produit de consommation», raconte, Denise, une petite commerçante du marché.

Les petites routes qui relient Goma Tsé Tsé à Brazzaville sont entrecoupées de petits ruisseaux qui rendent difficile la circulation, surtout pendant la saison des pluies. Ailleurs, presque toutes les écoles de la circonscription ont été détruites pendant le conflit. Avant la guerre, la ville comptait 22 écoles primaires et un collège d’enseignement général (CEG) pour 45 villages. Aujourd’hui, seule la moitié de ces écoles a rouvert, faute d’enseignants.

Mais dans Goma Tsé Tsé, les vitres de la plupart des écoles ont été brisées et ce manque d’infrastructure de base a retardé la rentrée des classes, affirme le sous-préfet Ngouissani

L’association des ressortissants de Pool vivant à Brazzaville, le Mbongui du Pool, dirigée par un membre du gouvernement congolais, a réhabilité récemment des salles de classe de deux écoles de la ville de Goma Tsé Tsé. L’association a aussi remis en état un des trois bâtiments du CEG et deux salles de l’école primaire.

Le CEG a démarré l’année scolaire 2004-2005 avec quatre salles de cours, contre 12 avant le conflit, et un bloc administratif. Le personnel est composé d’un directeur, d’un surveillant général, de deux secrétaires, de deux enseignants titulaires et de deux enseignants vacataires pour 200 élèves, de la sixième à la troisième.

Les élèves candidats au brevet d’étude du premier cycle (BEPC) doivent se rendre à Brazzaville pour passer leur examen.


«Cette situation est bien embêtante», a indiqué un enseignant qui a requis l’anonymat. «Nous souhaitons que tous les enfants restent sur place pour passer leur examen puisqu’ils ont fait toute leur année scolaire ici sans aucune difficile», a-t-il ajouté.

Créé en 1973, ce collège comptait plus de 700 élèves avant la guerre civile, d’après son directeur, Daniel Mitoudidi. Il y avait trois enseignants pour 245 élèves, dont 149 garçons et 96 filles. Il y a un manque évident d’enseignants à l’école élémentaire.

La paix renaît progressivement à Goma Tsé Tsé

La paix renaît progressivement à Goma Tsé Tsé et le retour des populations traduit bien cette réalité, même s’il n’est pas rare de rencontrer encore dans la région des ex-combattants Ninjas armés.

«Bien qu’ils soient toujours armés, ces ex-ninjas sont devenus très sérieux» a indiqué à IRIN Simplice, un soldat de l’armée gouvernementale congolaise. «Nous collaborons bien avec eux et il nous arrive même de boire ensemble le vin de palme qu’ils ont récolté», a-t-il ajouté.

Même si les ex-ninjas gardent leurs dreadlocks (grosses tresses), pour mieux se distinguer des autres habitants de la cité, ils considèrent que la guerre est finie et qu’ils n’ont plus à faire usage de leurs armes.

«Nous les restituerons à notre chef le moment venu et il les remettra aux autorités chargées du programme national de réinsertion», a indiqué un ex-combattant.

Pour Mme Ngouissani, un climat de confiance a remplacé la méfiance qui prévalait jusqu’en fin 2003.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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